Francisco Javier Vera, le grand petit militant écologiste de la COP26

Francisco Javier Vera

Le jeune militant écologiste colombien Francisco Javier Vera, 12 ans, à la COP26, le 3 novembre 2021 à Glasgow © AFP Andy Buchanan

Glasgow (AFP) – Du haut de ses 12 ans et de son 1,40 mètre, le petit Colombien Francisco Javier Vera est déjà un grand militant écologiste, défendant la nature avec une éloquence rare pour son âge, qui lui a attiré des menaces de mort dans son pays.

Qu’il s’adresse aux manifestants debout sur une table en pleine rue ou réponde aux nombreuses sollicitations des journalistes à la COP26, ce garçon rayonne de charisme à la grande conférence de l’ONU sur le climat prévue pour deux semaines à Glasgow, où il a fait le déplacement et doit prendre la parole.

« Je crois que nous les enfants, contrairement aux gens qui disent que nous sommes l’avenir, incarnons le présent et avons une opinion et une voix comme citoyens », soutient-il dans un entretien à l’AFP, lunettes sur le nez et visage poupin.

« Mais ils ne nous permettent pas de l’exprimer », ajoute-t-il avec passion, en parlant avec les mains.

Pour preuve, montre-t-il autour de lui, il n’y a pratiquement pas d’adolescents dans les couloirs de la conférence.

Francisco Javier Vera a été invité par l’Union européenne en tant qu' »ambassadeur de bonne volonté » du programme Euroclima+, qui vise à soutenir des pays d’Amérique latine face au changement climatique.

Aux dirigeants de la planète, le jeune Colombien demande « qu’ils « tiennent leurs promesses ».

« Faire foisonner ses idées » –

Tout a commencé en mars 2019 quand cet amoureux des animaux et de la nature, à tout juste 9 ans, a vu l’Amazonie et l’Australie ravagées par des incendies.

Inspiré par la jeune activiste suédoise Greta Thunberg mais aussi par des figures comme la Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, il a un jour dit à sa mère qu’il voulait fonder un mouvement de défense de l’environnement. Les « Guardianes por la vida » (« Gardiens de la vie ») étaient nés.

« Quand je suis arrivée le soir, il avait déjà toute une base de données des gens du quartier », informations recueillies en faisant du porte-à-porte, raconte sa mère, Ana Maria Manzanares. Cette travailleuse sociale a tout quitté il y a vingt mois pour accompagner son fils unique qui, « depuis tout petit, a toujours été un leader ».

Son père, avocat, s’était opposé par crainte de répercussions, mais il a toutefois fini pour lui acheter un mégaphone pour les manifestations. Au lieu d’aller jouer, enfant, Francisco organisait des actions comme le ramassage de déchets.

Il s’est lancé avec quelques copains en prononçant un discours devant la mairie de Villeta, petite municipalité située à quelque 90 kilomètres au nord-ouest de la capitale Bogota, avec une éloquence remarquable.

« Beaucoup de gens me demandent si j’ai reçu une formation pour parler ainsi, si j’ai suivi des cours pour améliorer mon vocabulaire, mais je crois que le plus important est de faire foisonner ses idées », assure ce passionné de lecture.

A huit ans, il avait fait un exposé sur l’astrophysicien anglais Stephen Hawking à des élèves bien plus âgés que lui de son école. Il aime aussi lire le scientifique américain Carl Sagan, explique sa mère, qui envisage de le faire tester pour voir s’il est surdoué.

« Un enfant totalement normal »

Son mouvement a rapidement pris de l’ampleur et compte aujourd’hui quelque 400 enfants. Francisco participe à des événements aux côtés de figures comme le prix Nobel de la paix José Ramos-Hortas, homme d’Etat du Timor oriental.

Fin 2019, le jeune militant avait pris la parole contre la fracturation hydraulique et les plastiques à usage unique au Sénat colombien, sans convaincre les députés.

« Cela m’a attristé que les politiciens n’écoutent pas les citoyens », raconte celui qui reproche aux politiciens d’ignorer la réalité du dérèglement climatique.

Il assure avoir lui même constaté un recul de la biodiversité dans les cascades de Villeta.

Sa mère joue le rôle de « barrière de contention » face à l’avalanche de sollicitations, également sur les réseaux sociaux où Francisco a reçu des menaces de mort pour le simple fait d’avoir demandé un accès à internet pour permettre aux enfants d’étudier à distance.

Quand il sera grand, il aimerait faire de la politique, mais pour le moment, il affirme être « un enfant totalement normal » qui joue au basketball avec ses amis et aux jeux vidéo.

© AFP

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