La charge de la dette externe, une entrave à l’action climatique des pays les plus pauvres

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Nord-Est du Lac Tchad - Village de Souya Deley - Tchad © Yann Arthus-Bertrand

À quelques jours de la COP26, la coalition d’ONG britanniques Jubilee Debt Campaign souligne que les pays les plus pauvres consacrent 5 fois plus d’argent à régler leurs dettes qu’à agir face au réchauffement climatique. Ainsi, entre 2016 et 2020, 34 pays parmi les plus pauvres du monde ont remboursé 29,4 milliards de dollars par an de dettes extérieures tandis qu’ils n’ont consacré que 5,4 milliards de dollars à la lutte contre le réchauffement. Les remboursements de ces créances vont aux pays riches ou aux institutions financières internationales. Ce rapport tombe à quelques jours des négociations climatiques dont l’un des enjeux sera le financement de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation. Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, les pays riches s’étaient engagés à y consacrer 100 milliards de dollars par an. Or, aujourd’hui, seulement 80 milliards ont été trouvés. Ces financements sont d’ailleurs composés aux deux tiers de prêts, ce qui accentue le poids de la dette des pays à faibles revenus.

Le Guardian rapporte que, selon Jubilee Debt Campaig, dans les années à venir la situation des pays pauvres risque de se détériorer puisqu’ils pourraient dépenser 7 fois plus pour régler leurs dettes extérieures que pour faire face au réchauffement. D’une part, incités par des organismes internationaux comme la Banque mondiale et le FMI, les pays pauvres empruntent à des taux d’intérêt élevés, aux alentours de 10 %, là où les pays riches s’endettent à des taux de 1,5 %. D’autre part, la charge de cette dette peut pousser les pays à prendre des décisions nocives pour le climat. Ainsi, Ausi Kibowa de l’Institut de commerce et de négociations de l’Afrique du sud et de l’est (Southern and Eastern Africa Trade Information and Negotiations Institute ou (SEATINI) affirme : « avec cette immense pression financière, le gouvernement ougandais n’est pas en mesure de dépenser ce qu’il faut pour protéger les gens des dommages engendrés par le réchauffement. De plus, cela intensifie l’extraction des énergies fossiles en Ouganda afin de rembourser la dette. Pour répondre aux injustices climatiques, le sujet de la dette doit être pris en compte dans les discussions sur le climat à venir ».

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Un commentaire

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    • dany voltzenlogel

    Après avoir profité, voir pillé ces pays, nous, les « riches » sommes encore capable de nous regarder dans la glace et leur demander des efforts.