La COP26 va s’engager à enrayer la déforestation

Rivière en Amazonie ©Yann Arthus-Bertrand

Glasgow (AFP) – Les dirigeants mondiaux réunis à Glasgow pour la COP26 devaient s’engager mardi au deuxième jour du sommet sur le climat à enrayer la déforestation d’ici 2030, mais leur promesse est déjà jugée trop lointaine par les défenseurs de l’environnement.

Selon le gouvernement britannique, hôte de la conférence climat, cette déclaration commune sera adoptée par plus de cent pays abritant 85% des forêts mondiales, dont la forêt boréale du Canada, la forêt amazonienne au Brésil ou encore la forêt tropicale du bassin du Congo.

L’initiative, qui bénéficiera d’un financement public et privé de 19,2 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros), est essentielle pour parvenir à l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, selon le Premier ministre britannique, Boris Johnson.

« Ces formidables écosystèmes fourmillant – ces cathédrales de la nature – sont les poumons de notre planète », absorbant une part importante du carbone rejeté dans l’atmosphère, doit-il dire mardi selon ses services.

Les forêts « sont essentielles à notre survie même », doit-il ajouter. Pourtant, elles sont en train de reculer au « rythme alarmant » de 27 terrains de football chaque minute.

Parmi les signataires figurent le Brésil et la Russie, pays pointés du doigt pour l’accélération de la déforestation sur leurs territoires, ainsi que les Etats-Unis, la Chine, l’Australie ou la France.

Ambitions du Brésil

Le gouvernement brésilien, sous le feu des critiques pour sa politique environnementale, a d’ailleurs annoncé lundi à l’occasion de la COP26 des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2 et de lutte contre la déforestation.

« Nous présentons un objectif climatique plus ambitieux, passant de 43% à 50% d’ici 2030 » de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et « de neutralité carbone d’ici 2050 », a annoncé le ministre brésilien de l’Environnement, Joaquim Leite.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a pour sa part annoncé un objectif de zéro émission nette pour 2070. Cette annonce était très attendue, l’Inde étant le quatrième émetteur au monde de gaz à effet de serre derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne.

La militante suédoise Greta Thunberg a exhorté les dirigeants réunis pour la COP26 à agir et à cesser leur « bla bla », lors d’une manifestation à Glasgow.

Les patrons de plus de 30 institutions financières comme Aviva ou Axa vont de leur côté s’engager à ne plus investir dans les activités liées à la déforestation, selon Downing Street.

Actuellement, près d’un quart (23%) des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent d’activités comme l’agriculture ou l’industrie forestière.

Le nouvel engagement contre la déforestation fait écho à la « Déclaration de New York sur les forêts » de 2014, quand de nombreux pays s’étaient engagés à diviser par deux la déforestation en 2020 et d’y mettre fin en 2030.

Mais pour des ONG comme Greenpeace, l’objectif de 2030 est beaucoup trop lointain et donne le feu vert à « une décennie supplémentaire de déforestation ».

Engagement attendu

Cet engagement intervient au lendemain de la harangue du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à « sauver l’humanité », devant quelque 120 dirigeants et des milliers de délégués et d’observateurs réunis à Glasgow pour une conférence de deux semaines.

« Assez de nous tuer nous-mêmes avec le carbone. Assez de traiter la nature comme des toilettes. Assez de brûler et forer et extraire toujours plus profond. Nous creusons nos propres tombes », avait martelé Antonio Guterres à l’ouverture de la COP26.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte du sommet, avait quant à lui mis en garde contre la colère « incontrôlable » des jeunes générations que provoquerait un échec de cette COP26, six ans après l’accord de Paris.

Mauvais signe venu de Rome : lors du sommet du G20 ce week-end, les grandes économies de la planète, responsables de près de 80% des émissions mondiales, n’ont pu s’accorder sur une date précise pour cette neutralité carbone, évoquant « le milieu du siècle ».

La Chine, premier émetteur mondial, s’est elle fixé un objectif de neutralité carbone pour 2060. Mais le président Xi Jinping n’a pas fait le déplacement à Glasgow.

©AFP

5 commentaires

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    • ATSE

    Merci à GOODPLANETE que je prends plaisir de suivre régulièrement à travers les articles qui traitent des questions écologiques.
    Dans cet article nous apprenons avec joie qu’enfin le fonds de soutien à la préservation des poumons verts sera disponibles pour encourager l’engagement des Etats qui abritent les grandes étendues.
    Mais qu’en est-il des autres, quand on sait que l’engagement de la lutte contre le réchauffement climatique n’a pas à être unilatéral.
    Pour freiner les émissions de gaz à effet de serre, le monde entier est concerné, chacun étant appelé à jouer sa partition.
    En particulier, dans les pays en voie de développement, certes certains n’ont pas les grandes surfaces de forêt comme l’Amazonie du Brésil, le bassin du Congo, le Canada, …
    Mais, si rien n’est envisagé pour les soutenir dans leurs efforts, voire les amener au changement de technique cultural, agricole par exemple, les objectifs escomptés pourront il être atteintes?
    Et que ses populations qui dépendent des activités de substances

    • Guy J.J.P. Lafond

    Merci.
    Et concernant la situation de la Chine dans le monde, voir le très bon article de Radio-Canada:
    https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/3217/cop26-changement-action-climatique-chine
    Mise en exergue:
    « Un grand débat fait rage actuellement dans la communauté climatique internationale, qui vise à rééquilibrer le poids des émissions mondiales dans le monde.

    L’idée est la suivante : puisque la production de biens manufacturés génère des gaz à effet de serre, ne serait-il pas plus logique que le fardeau des émissions de GES qui en résultent soit porté non pas dans le pays qui produit, mais plutôt par le pays qui consomme le bien?

    Ainsi, un lave-vaisselle produit en Chine est responsable du rejet d’une certaine quantité de carbone dans l’atmosphère. Si ce lave-vaisselle est exporté au Canada, le consommateur canadien peut jouir de son électroménager, mais c’est la Chine qui doit inscrire dans son bilan carbone les émissions de GES qui en découlent, d’où un certain déséquilibre.

    Le changement proposé vise à imputer les émissions là où le bien est consommé et non pas là où il est produit, pour éviter que des pays ne deviennent que de grandes usines où les émissions de GES sont délocalisées.
    Bien d’accord!
    @FamilleLafond
    https://twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329
    Svp, à nos vélos, à nos espadrilles de marche, à nos vêtements de plein air! Car le temps file et car les enfants comptent.

    • MichelCerf

    L’ONU , le machin comme disait De Gaulle ne pése pas lourd face aux intérèts nationaux , sérieusement comment 7 milliards d’êtres humains pouraient ils parler d’une seule voix

    • Guy J.J.P. Lafond

    (Prise 2):
    Merci.
    Et concernant la situation de la Chine dans le monde, voir le très bon article de Radio-Canada:
    https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/3217/cop26-changement-action-climatique-chine
    Mise en exergue:
    « Un grand débat fait rage actuellement dans la communauté climatique internationale, qui vise à rééquilibrer le poids des émissions mondiales dans le monde.
    L’idée est la suivante : puisque la production de biens manufacturés génère des gaz à effet de serre, ne serait-il pas plus logique que le fardeau des émissions de GES qui en résultent soit porté non pas dans le pays qui produit, mais plutôt par le pays qui consomme le bien?
    Ainsi, un lave-vaisselle produit en Chine est responsable du rejet d’une certaine quantité de carbone dans l’atmosphère. Si ce lave-vaisselle est exporté au Canada, le consommateur canadien peut jouir de son électroménager, mais c’est la Chine qui doit inscrire dans son bilan carbone les émissions de GES qui en découlent, d’où un certain déséquilibre. »

    Le changement proposé vise à imputer les émissions là où le bien est consommé et non pas là où il est produit, pour éviter que des pays ne deviennent que de grandes usines où les émissions de GES sont délocalisées.
    Bien d’accord!

    @FamilleLafond
    https://twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329
    Svp, à nos vélos, à nos espadrilles de marche, à nos vêtements de plein air! Car le temps file et car les enfants comptent.

    • Duchossoy

    Je suis choquée de constater que la gestion de nos forêts en France est desastreuse en termes d’abattage d’arbres où des chênes centenaires sont coupés en masse notamment pour fabriquer les infrastructures des futurs jeux olympiques ou encore pour la cathédrale Notre-Dame qui auraient pu utiliser d’autres matériaux que du bois. Il y a actuellement beaucoup trop de coupes rases dans nos bois et forêts où soit disant il est prévu de replanter d’autres types d’arbres sans aucune garantie que ces plantations soient réalisées et sans succès dû à la pauvreté (ou sécheresse) de la terre…