Jakarta (AFP) – L’Indonésie a remis en question jeudi son engagement dans l’accord pour mettre fin à la déforestation d’ici à 2030, signé à la COP26 par une centaine de pays dont cet archipel d’Asie du Sud-Est qui abrite la troisième plus grande forêt tropicale du monde.
Ces nations représentant 85% des forêts mondiales ont convenu cette semaine au cours de la conférence sur le climat COP26 à Glasgow, en Ecosse, d’un plan de plusieurs milliards de dollars visant à mettre fin à l’abattage des arbres à l’échelle industrielle en moins de dix ans, d’après Londres.
Mais deux hauts responsables indonésiens ont démenti que leur pays se soit officiellement engagé à complètement cesser la déforestation d’ici à 2030.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Mahendra Siregar a ainsi estimé que l’engagement de mettre fin à la déforestation était « faux et trompeur », soulignant que le communiqué sur cet accord avait été diffusé avant la fin des discussions.
La réunion des dirigeants sur les forêts du 2 novembre à Glasgow et la déclaration finale « ne font pas référence à la fin de la déforestation d’ici à 2030 », a-t-il relevé.
La ministre de l’Environnement, Siti Nurbaya Bakar, qui a participé aux discussions au Royaume-Uni, a de son côté relevé que les objectifs environnementaux ne pouvaient pas entraver le développement économique de son pays. « Forcer l’Indonésie à atteindre zéro déforestation en 2030 est clairement inadéquat et injuste ».
« Le développement massif de l’ère du président Jokowi ne peut pas s’arrêter au nom des émissions de carbone et de la déforestation », a-t-elle écrit sur Twitter, désignant par son surnom le président indonésien Joko Widodo.
« Les richesses naturelles de l’Indonésie, dont les forêts, doivent être gérées de façon durable, mais aussi équitable », a-t-elle ajouté.
Interrogé à ce sujet par des journalistes, le porte-parole du Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré qu’il ne voyait pas de contradictions dans les déclarations des responsables indonésiens.
« Si je comprends bien ce que le gouvernement indonésien a dit, il doit pouvoir poursuivre l’exploitation forestière et l’agriculture légales pour soutenir le développement économique », a-t-il dit.
« Ce serait cohérent avec les engagements – ce à quoi les pays se sont engagés est de mettre fin à la déforestation nette, en veillant à ce que toute forêt perdue soit remplacée de manière durable ».
Kiki Taufik, un militant de Greenpeace, a quant à lui regretté que la ministre indonésienne de l’Environnement ait apporté son soutien à « un développement de grande ampleur qui a clairement le potentiel de détruire l’environnement ».
« Si nous ne prenons pas des mesures immédiates et substantielles pour mettre fin à la déforestation (…), nous ne pourrons pas atteindre nos modestes objectifs de réduction des émissions » de gaz à effet de serre.
Le rythme de la déforestation s’est ralenti depuis un pic en 2015 en Indonésie, mais sa couverture forestière continue à rétrécir.
Selon Global Forest Watch, en 2001, cet archipel comptait 93,8 millions d’hectares de forêts primaires.
Mais en 2020, ces dernières avaient perdu 10% de leur surface, une superficie équivalente à celle du Portugal.
© AFP
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