Paris (AFP) – Eviter un voyage en avion, consommer moins de viande, améliorer l’isolation de son logement: les experts climat de l’ONU (Giec) insistent sur le rôle majeur qu’une modification de la demande peut jouer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Quand les gens consomment des services tels que transports, logement, chauffage ou nourriture, ils sont responsables d’émissions de CO2 directes et indirectes.
« Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d’infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 », résume Priyadarshi Shukla, coprésident du groupe de travail ayant élaboré le dernier rapport du Giec, publié lundi.
Choix au quotidien
Le rapport base son analyse sur la stratégie « Eviter, changer, améliorer »: éviter des comportements très énergivores, passer à des technologies moins émettrices pour le même service, améliorer l’efficacité énergétique des technologies existantes. Avec un maître mot, « sobriété ».
Dans la catégorie « éviter », le potentiel le plus important vient de la réduction des vols long-courriers. Réduire leur nombre et préférer le train quand c’est possible pourrait diminuer de 10 à 40% les émissions de l’aviation d’ici 2040, selon le rapport.
Dans « changer », le plus efficace serait de passer à un régime alimentaire basé sur les végétaux, et le renforcement de l’efficacité énergétique des bâtiments remporte la première place pour « améliorer ».
De manière générale, les options concernant les choix de mobilité sont plus efficaces, par exemple changer sa voiture thermique pour une tout électrique (« améliorer), prendre un vol long-courrier de moins par an (« éviter ») ou passer au vélo et à la marche (« changer ») dans ses déplacements quotidiens.
Devenir végétarien ou même totalement vegan réduirait moins les émissions que d’éviter un vol long-courrier par an.
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Le rapport souligne également la nécessité de réduire tous les types de gaspillage (énergétique, alimentaire…).
« Choisir des options bas-carbone, comme vivre sans voiture, des régimes alimentaires sans ou avec peu de produits animaux, des sources d’électricité et de chauffage bas-carbone à domicile et des vacances locales, peut réduire l’empreinte carbone d’un individu jusqu’à 9 tonnes d’équivalent CO2 » par an, évalue le Giec, sans préconiser tel ou tel scénario.
Pas à égalité
Mais l’empreinte carbone annuelle de certains humains est bien inférieure à ces 9 tonnes évoquées. Par exemple, l’empreinte carbone moyenne par habitant en Afghanistan n’atteint même pas 1 tonne, quand celle d’un Français atteint un peu plus de 10 tonnes, et que les écarts à l’intérieur d’un pays peuvent être immenses, de 1 à plus de 100 tonnes.
Riches et pauvres ne sont pas égaux face à des choix que certains n’ont pas.
La moitié la plus pauvre de la population mondiale est responsable « seulement d’environ 10% » des émissions liées à la consommation, alors qu’environ 50% de ces émissions peuvent être attribuées aux 10% les plus riches, dont l’empreinte carbone est 175 fois plus importante que les 10% les plus pauvres », note le Giec.
Soulignant la différence entre « nécessité » et « luxe », le rapport insiste d’un côté sur le besoin d’un niveau de vie « décent » pour tous, et de l’autre sur le fait que les plus riches peuvent réduire leurs émissions en maintenant leur bien-être.
Pas seulement une question de comportement
Refusant de faire porter la responsabilité de cette transition aux gestes individuels, le Giec souligne que réduire les émissions par la demande « est plus qu’un changement de comportement ».
Cinq « moteurs » doivent être actionnés ensemble: « individus (choix de consommation), culture (normes sociales, valeurs), entreprises (investissements), institutions (action politique), et changements d’infrastructures ».
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Pour un citoyen, se lancer dans l’aventure « éviter, changer, améliorer » requiert « un soutien important » à travers des politiques publiques pour faire sauter les « verrous d’infrastructure, institutionnels et socio-culturels ».
© AFP
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