Philippe Bihouix, auteur de L’insoutenable abondance : « on n’est pas en train de dématérialiser le monde, on est en train de le surindustrialiser »

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Casse d’automobiles à Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor, France (48°31’ N - 2°46’ O). © Yann Arthus-Bertrand

Ingénieur travaillant sur les métaux et les ressources, Philippe Bihouix questionne la pertinence de leur utilisation et montre l’impact matériel et environnemental de la dématérialisation de l’économie et de la transition. Dans son dernier petit ouvrage « L’insoutenable abondance – Faut-il croire les prophètes du progrès ? » publié en juin dans la collection Tracts chez Gallimard, il revient sur la croyance très forte dans le techno-solutionisme afin d’en montrer les limites.

Que mettez-vous derrière l’expression « l’insoutenable abondance » ?

L’abondance, c’est celle des techno-optimistes, des gourous de la tech, comme celle mentionnée par Sam Altman, cofondateur d’OpenAI, dans son article « L’âge de l’intelligence ». Selon lui, grâce au développement exponentiel de l’intelligence artificielle, on permettra à tous de disposer d’assistants personnels, on pourra comprendre toutes les lois de la physique et on résoudra les problèmes climatiques. Dans leur croyance, le progrès technologique époustouflant doit nous conduire vers un monde d’abondance de biens et de services et non pas un monde de pénurie en ressources finies.

« l’abondance matérielle a un impact insoutenable sur l’environnement »

J’ai bien peur que le plan ne se déroule pas tout à fait comme ils aimeraient donner à croire, car l’abondance matérielle a un impact insoutenable sur l’environnement. Même si elle est réelle pour une frange restreinte, mais grandissante de la population mondiale, cette abondance de biens et de services implique une extraction et une consommation rapides et gigantesque de ressources non-renouvelables, qui se sont accumulées, concentrées, formées sur des durées très longues, géologiques. Nous sommes cependant sur un court laps de temps en train d’en faire un usage dispendieux et un gâchis souvent définitif : elles seront, souvent, inaccessibles aux générations futures.

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La critique du progrès ne date pas d’hier, cependant elle évolue au gré des époques selon leurs inquiétudes. Selon vous, qu’est-ce qui a changé ces dernières décennies dans la critique du progrès, surtout si on focalise celle-ci sur le techno-solutionniste ?

On peut effectivement faire remonter la critique au moins au début du XIXe siècle, avec les ravages sociaux et environnementaux de l’industrialisation naissante en Angleterre, les « satanic mills » du poète William Blake. Vers la fin du siècle, William Morris prône le retour en grâce de l’artisanat ; dans les années 1930, des auteurs comme Georges Duhamel ou Gina Lombroso critiquent le travail à la chaîne issu du fordisme. Les critiques se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui, en passant par des penseurs des années 1960-1970 comme Jacques Ellul, Ernst Friedrich Schumacher ou Ivan Illich, qui dénonçaient la contre-productivité du progrès technique.

Ces dernières décennies, il y a eu une indéniable poussée technologique, dans tous les domaines, qui redonne du souffle à l’inflation des promesses technologiques. Avec l’augmentation de la puissance de calcul dans le numérique, les avancées dans la chimie des batteries ou encore la miniaturisation des moteurs électriques à aimants permanents, il est possible de créer des drones autonomes. Sans parler de l’IA générative évidemment ! Tout semble devenu possible. On retrouve d’ailleurs aujourd’hui les mêmes promesses que dans les années 1950, dans le sillage de la mise au point du nucléaire civil, où l’on pense que l’énergie va devenir gratuite ou presque : l’intelligence artificielle forte, la conquête spatiale, l’âge de la mort qu’on repousse, l’énergie illimitée, les jets hypersoniques et les voitures volantes. Une certaine partie de ces promesses semble aujourd’hui se crédibiliser.

« La vision du progrès technologique qui perdure semble ignorer l’état affolant de la planète »

Mais la vision du progrès technologique qui perdure semble ignorer l’état affolant de la planète confrontée au changement climatique, à la destruction de la biodiversité et des milieux naturels, aux pollutions généralisées… Sur le plan environnemental, on est au pied du mur, on ne dispose pas de tant de temps que ça pour tergiverser. Chaque année qui passe compte. Pour le moment, on a davantage de mauvaises nouvelles que de bonnes. Il s’agit d’une différence fondamentale par rapport aux époques antérieures qui devrait nous amener à repenser notre rapport à la technologie et ce qu’on en attend.

Comment expliquez-vous la persistance de la croyance dans le progrès en dépit des alertes écologiques auxquelles la technologie ne semble pas avoir apporté pour l’instant de réponses satisfaisantes ?

Je vais reprendre une citation de Paul Valery pour exprimer la manière dont je vois le problème : « le mélange de vrai et de faux est énormément plus toxique que le faux pur. » Dans le domaine des promesses technologiques, le vrai et le faux se mélangent en permanence. Il se passe des choses concrètes, bluffantes, tandis qu’à côté se succèdent des tartes à la crème, dont on finit par oublier assez vite les projets mirifiques. Sur la décennie passée, on a vu passer les hyperloop (capsules circulant dans des tubes sous vide) qui atteindraient 1000 km/h sans polluer, la blockchain qui devait révolutionner les échanges marchands, la généralisation de la voiture autonome, le métavers… etc. Des dizaines de milliards de dollars ont été dépensés, brûlés à perte, y compris par des grands groupes comme Apple, Meta, Ford… dans des projets qui ont fait pschitt. Il faut donc prendre du recul sur nos attentes à l’égard des innovations technologiques, elles peuvent se déployer rapidement comme elles peuvent ne jamais voir le jour en dépit des rêves qu’elles suscitent. On tend à oublier la relative inertie du monde technique dans lequel nous vivons, avec ses infrastructures physiques, urbaines, logistiques ou portuaires, ses réseaux… Il est certes « facile » de modifier sa façon de rédiger un e-mail en utilisant l’IA mais la « disruption » est moins rapide quand il s’agit de faire réparer son lave-linge ou entretenir sa chaudière ! Le monde réel ne bouge pas aussi vite que veulent le croire les prophètes du progrès.

« Il faut donc prendre du recul sur nos attentes à l’égard des innovations technologiques, elles peuvent se déployer rapidement comme elles peuvent ne jamais voir le jour »

Ensuite, je pense que notre « techno-fascination » et notre croyance dans le progrès subsistent, car tout un écosystème d’acteurs continue à avoir intérêt à ce qu’on y adhère. On retrouve parmi eux des start-uppeurs qui ont besoin de lever des fonds en faisant croire que leur société va changer le monde, des consultants qui vendent des conseils afin d’accompagner les entreprises face à des changements disruptifs donc dangereux, ou encore des institutionnels qui mettent de l’argent pour attirer des entreprises, créer des emplois et faire émerger des « licornes ». Tout ce monde-là bénéficie d’un accès privilégié aux médias, notamment à la presse économique, et je pense que cela contribue en partie à la persistance du mythe du progrès, à cette inflation de promesses et d’effets d’annonce. Étant donné que nous sommes curieux par nature, ces annonces fracassantes nous attirent même si elles se traduisent rarement en résultats.

« Le monde réel ne bouge pas aussi vite que veulent le croire les prophètes du progrès »

Enfin, cette croyance dans le progrès flatte les « bas instincts » de l’humanité. C’est sympa d’imaginer le futur avec des robots qui nous serviront des cocktails, quand l’immortalité sera à portée de main – soit en retardant le vieillissement soit en dupliquant sa conscience dans un datacenter. La foi dans le progrès répond à des peurs universelles de l’humanité, celles de la finitude et de la mort.

[À lire aussi L’économiste Christian Arnsperger : « Il faut une prise de conscience de la peur cachée de la mort qui nous travaille tous afin de détrôner l’idée de croissance »]

Vous dites en substance que « les ressources ne constituent pas, en tant que telle une limite planétaire mais leur exploitation peut agir puissamment sur les limites planétaires » comme le climat avec la consommation d’énergie, la biodiversité avec la transformation des paysages, les pollutions. Que voulez-vous dire par là ?

Les ressources minérales et métalliques ne sont pas prises en compte par le Stockholm Resilience Centre dans sa formulation des limites planétaires. On voit bien qu’on peut heurter les limites planétaires en surexploitant une ressource renouvelable, comme les ressources forestières ou halieutiques mondiales, qu’on exploite plus rapidement que leur rythme de régénération, causant déforestation et baisse des « stocks » de poisson.

Pour les matières premières non-renouvelables, le sujet est différent. On pourrait avoir l’impression qu’on n’a pas encore franchi de limite, puisque seule une infime partie, la plus accessible, a déjà été extraite. Par exemple, l’espèce humaine n’a extrait « que » 200 000 tonnes d’or environ, soit 1/10 000ème de l’or présent dans le premier kilomètre de profondeur de la croûte terrestre. Pour le cuivre, au rythme actuel d’extraction, il nous resterait – en théorie bien sûr, à condition de raboter le globe terrestre entièrement – un million d’années devant nous.

[À lire aussi Celia Izoard, auteure de La Ruée minière au XXIe siècle : « les mines détruisent bien plus de ressources qu’elles n’en produisent »]

Mais exploiter davantage les métaux implique d’aller les chercher dans des gisements de plus faible teneur et/ou des endroits moins accessibles, plus profonds, ce qui ne peut se faire qu’à un coût environnemental croissant. Les nouveaux projets de mines de cuivre ont des concentrations de cuivre 0,2 à 0,5 % au mieux, contre 2 à 3 %, voire plus, il y a un siècle. Atteindre ces ressources nécessite des machines de plus en plus grosses, puissantes, très énergivores. Or, les énergies fossiles restent l’énergie de base de toute l’industrie extractive. Il faut déplacer des camions de plus de 600 tonnes en charge, extraire des centaines de milliers de tonnes de roches par jour avec des excavatrices, sans parler de l’impact des mines sur l’eau, de l’utilisation de produits chimiques pour traiter le minerai, des résidus miniers stockés. Ce sont souvent des résidus toxiques dangereux pour plusieurs millénaires. Et il y a bien sûr la destruction des milieux, qu’on risque un jour d’étendre aux fonds sous-marins avec l’exploitation des nodules polymétalliques dans le Pacifique. J’espère qu’on n’en arrivera pas là.

[À lire aussi La transition énergétique accentue la pression sur l’approvisionnement en métaux, dont le cuivre]

Pour quelles répercussions ?

Du coup, il y a de fait une certaine « abondance » géologique de ressources à partir du moment où l’on dispose des énergies fossiles pour les extraire et les traiter – et on sait qu’il nous en reste encore… Il faut donc aussi se poser la question de la limite des destructions, ce qu’on est prêt à accepter, à tolérer, pour accéder à ces ressources, et à quelles utilisations on les destine. Il y a des centaines de projets de nouvelles mines pour accompagner la croissance des secteurs des technologies (mais aussi pour la consommation « classique » …) comme il y a des centaines de projets de datas centers « hyperscale » pour accompagner l’augmentation des besoins de calcul pour l’IA. On est dans une logique d’industrialisation, peut-être invisible de la plupart des consommateurs que nous sommes, car chacun travaille dans son secteur séparé des autres. Contrairement à ce qu’on veut faire semblant de croire, on n’est pas en train de dématérialiser le monde, on est en train de le surindustrialiser.

« On n’est pas en train de dématérialiser le monde, on est en train de le surindustrialiser. »

Pensez-vous qu’il faille alors mieux intégrer la question des ressources dans les réflexions sur l’écologie ? Avec quel indicateur ? Vous donnez l’empreinte ressource qui est de 13 tonnes par an par Terrien ? Est-ce un bon indicateur ?

Ces 13 tonnes sont un indicateur au doigt mouillé puisque le chiffre est basé sur les 106 milliards de tonnes de ressources extraites en 2023 selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, divisées par le nombre d’habitants sur Terre. Il ne reflète donc pas les inégalités entre les pays du Nord et du Sud, entre les personnes au sein des pays.

La question des ressources a été un temps invisibilisée. Elle a disparu de l’agenda dans les années 1980 afin de revenir en force à la fin des années 2000 et au cours de la décennie 2010. C’est redevenu un sujet géopolitique avant d’être un sujet environnemental, et maintenant un sujet de transition énergétique.

« Il y a une entourloupe de l’industrie minière »

Il y a une entourloupe de l’industrie minière. Elle affirme qu’elle joue un rôle positif, essentiel, en extrayant les métaux de la transition, ce qui justifie en partie ses nouveaux projets et la croissance de l’extraction, car on a besoin de terres rares, de cobalt, de lithium ou de nickel, pour n’en citer que quelques-uns.

Cependant, il faut remettre en perspective l’utilisation des métaux. Certes, le lithium joue un rôle exceptionnel : métal le plus léger, il semble incontournable dans les batteries des véhicules pour électrifier la mobilité. Pour le nickel, c’est déjà bien moins le cas, la plus grande partie du nickel extrait est employée dans la fabrication de l’acier inox qui sert à fabriquer des infrastructures, des usines chimiques, des complexes agroalimentaires, etc. L’urbanisation, la motorisation, la numérisation du monde constituent les premiers facteurs de croissance de l’extraction minière et de son impact environnemental, la transition énergétique n’est que la cerise sur le gâteau, elle vient s’ajouter à des besoins déjà croissants.

« L’urbanisation, la motorisation, la numérisation du monde constituent les premiers facteurs de croissance de l’extraction minière et de son impact environnemental »

La transition énergétique sert de prétexte pour ouvrir ou réouvrir des mines en Europe, où monte une petite musique autour des projets de mines « responsables » – on n’ose plus dire « durables », puisque par définition, une exploitation minière ne peut pas « durer ». II faut être vigilant sur les discours en faveur de l’extraction : quand on regarde les dépôts de permis, les projets étudiés, les métaux à exploiter, on trouve de tout, y compris de l’or, qui ne sert quasiment pas dans la transition bas carbone. 90 % de l’or extrait sert soit à la joaillerie soit en produits d’investissement (lingots, pièces…), et seulement 10 % dans l’industrie (numérique essentiellement). Il y a largement assez d’or dans les coffres des banques centrales et les tiroirs des particuliers pour nourrir l’industrie numérique du futur pendant des décennies !

Et pour revenir à la question de l’indicateur de l’empreinte en ressources ?

Il me semble difficile d’ajouter un indicateur individuel. Faire son propre bilan carbone est déjà un peu compliqué. Mais pourquoi ne pas envisager un « bilan ressources »  pour les entreprises et les administrations ? L’idée serait de les aider à mieux comprendre leur consommation de ressources, en fonction de leur caractère renouvelable ou non, puis à développer le réemploi, la réutilisation, la refabrication (la réutilisation de composants en bon état dans des produits neufs)…

Comment limiter l’impact sur les ressources ?

Grâce à la sobriété systémique, on peut économiser des ressources. Il s’agit de s’organiser collectivement pour moins consommer. Par exemple, dans la mobilité, en ayant des voitures plus petites, en les partageant, en covoiturant, en travaillant sur l’aménagement du territoire pour réduire la mobilité contrainte. Il faut aller chercher la sobriété à la source, en intensifiant l’usage des objets et des lieux.

[À lire aussi Philippe Bihouix :  « la vraie ville « smart », c’est celle qui repose avant tout sur l’intelligence de ses habitants »]

« S’organiser collectivement pour moins consommer »

Enfin, il faut faire durer les objets en allant vers un âge de la maintenance, de la réparation et la réutilisation. Ces approches sont tout à fait possibles. Les trains, les avions, les métros et les tramways durent 30 voire 40 ans, tandis que les aspirateurs ou les ordinateurs, c’est 5 à 10 ans. Pourquoi vivons-nous dans un monde dual où il est possible de maintenir et réparer les tramways, mais pas les objets du quotidien ? Le faire ouvrirait pourtant de gigantesques pans d’innovations, une innovation différente de celles portées par les entreprises de la tech.

Vous mettez l’accent sur la nécessaire sobriété, qui ne doit pas être confondue avec l’efficacité, comme faisant désormais partie « de la palette des solutions », y compris chez les décideurs. Même si l’efficacité fait partie du concept de sobriété, chercher à faire mieux dans l’emploi des ressources ne doit pas éluder la nécessité de réduire les besoins. Comment donner sens et corps à cette idée de réduire quand la promesse du progrès et de l’abondance portée par la tech se résume bien souvent à transformer le citoyen en un petit roi (qu’il soit ou non despote éclairé) à qui on promet toujours plus si ce n’est pour son confort du moins pour satisfaire sa paresse ?

On l’a dit, un certain nombre des promesses ou même des outils développés au nom du progrès vient flatter les bas instincts de l’humanité. Mais justement, l’humain n’est pas qu’un animal doté de bas instincts, l’humanité sait s’élever par le dialogue, par la société, par la philosophie, par l’éducation, par l’exemple, par la politique et par la morale. Ce sont des moyens de ne pas céder aux « sirènes » et parvenir à faire société, ensemble.

« Ces nouvelles technologies déployées par de grandes entreprises ne nous rendent pas nécessairement plus heureux qu’auparavant. »

L’un des problèmes est que ces outils supplémentaires sont plutôt imposés par de puissants acteurs économiques que réellement décidés collectivement. D’ailleurs, ces nouvelles technologies déployées par de grandes entreprises ne nous rendent pas nécessairement plus heureux qu’auparavant. Au contraire, leur impact cognitif, anthropologique, leurs effets sur la capacité à dialoguer, sur le mal-être des enfants ou des adolescents se voit de plus en plus.

[À lire aussi Vincent Liegey, auteur de Sobriété (la vraie) : « la croissance se révèle toxique pour des modes de vie sains et pour la joie de vivre »]

Sans parler seulement du numérique, les études montrent qu’au-delà d’un certain seuil, la progression du PIB (produit intérieur brut) par habitant ne se traduit pas par une hausse du bien-être et du bonheur. Quand on sort de la misère, les indicateurs sont bien corrélés, bien sûr : on peut mieux manger, se loger, se soigner, s’éduquer, se divertir… dans une économie en développement. Mais ensuite, le bonheur dépend d’autres facteurs que des éléments purement matériels, il y a la question des inégalités, des possibilités d’évolution sociale, la capacité à se projeter dans l’avenir pour soi et ses enfants… Le consumérisme ne résout pas tout et il faut lutter contre les galimatias qui vont dans ce sens, portés par les prophètes du progrès matériel à tout prix. Pour développer des alternatives, d’abord basées sur la sobriété, il y a un besoin de justice sociale et d’exemplarité des élites politiques, économiques, culturelles. On ne peut pas demander aux gens de prendre le vélo ou de covoiturer tandis qu’à côté des personnes privilégiées prennent l’avion pour aller faire leurs courses ou voir un match de foot. Remettre en cause les modes de vie n’est pas facile car cela remet en cause des habitudes et des comportements installés, mais cela vient aussi heurter des modèles économiques profonds et des intérêts personnels.

Propos recueillis par

 Julien Leprovost

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Pour aller plus loin

« L’insoutenable abondance – Faut-il croire les prophètes du progrès ? » de Philippe Bihouix avec des illustrations de Vincent Perriot, collection Tracts, Gallimard

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4 commentaires

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Excellent papier. Merci!
    S.v.p., faisons circuler.
    S.v.p., amorçons plus de discussions à ce propos, ce afin d’orienter l’économie dans une direction plus intelligente.
    Car nous sommes aux portes d’une nouvelle révolution devant assurer un avenir serein pour les générations montantes, devant assurer aussi et bien évidemment la protection de la biodiversité et de la vie sur Terre.
    Guy J.J.P. Lafond (VELO) – in
    Montréal (Québec) CAN H1Y 3P5

    • Balendard

    Quoiqu’on en dise l’abondance en biens et en services nous conduit plutôt vers le bonheur que vers le malheur

    • Serge Rochain

    Mettre l’industrie miniere destinée à transformer le produit d’extraction en chaleur sur le même plan que l’industrie miniere destinée a produire des appareils technologiques, (ici considérés comme prétextes) dont la fonction sera de pouvoir se passer des premiers, n’est-èil qu’un abus de langage ou simplement un aveuglement ?

    • Stéphane LAGASSE

    Il est urgent de bien discerner la science qui nous aide à comprendre et qui est plus proche de l’émerveillement que de la résolution des problèmes et l’innovation technologique qu’elle rend possible mais pas à priori souhaitable. Les politiques et les influenceurs qui ont le plus ignoré, nié, moqué, relativisé les messages d’alerte du GIEC sont les mêmes qui aujourd’hui affirment que la « science » va nous sauver.
    Je vois une analogie saisissante avec, d’un coté, la spiritualité, les sagesses et, de l’autre, les religions qui s’en inspirent mais qui produisent aussi des idéologies meurtrières.