Paris (AFP) – Entre croissance verte et écologie radicale, cinq candidates et candidats à la présidentielle ont exposé dimanche leurs solutions, très différentes, pour que la France respecte ses engagements sur le climat, lors d’un grand oral organisé par des ONG sur la plateforme Twitch.
Sur les 12 candidats au 1er tour de l’élection présidentielle, l’écologiste Yannick Jadot, la candidate LR Valérie Pécresse, le communiste Fabien Roussel, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste Philippe Poutou et la socialiste Anne Hidalgo ont eu chacun 30 minutes face au streamer politique Jean Massiet et à la journaliste Paloma Moritz du média en ligne Blast.
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Annoncé, le candidat de la France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, ne s’est pas présenté au dernier moment. Il a proposé par tweet aux associations organisatrices, Oxfam, la Fondation pour la nature et l’homme, Notre affaire à tous et Greenpeace France, de « se tenir » à leur disposition « dans les prochains jours ».
Alors que le thème de l’urgence climatique est largement absent de la campagne, l’émission, baptisée le « débat du siècle » en référence à « l’affaire du siècle » qui avait fait condamner l’Etat pour son action climatique insuffisante, avait surtout pour objectif « d’exposer les programmes ».
Elle intervenait après la mobilisation samedi de milliers de manifestants dans de nombreuses villes de France, réclamant que le climat soit mieux pris en compte par les prétendants à l’Elysée. D’autres manifestations sont d’ailleurs prévues le 9 avril, à la veille du premier tour.
Agriculture, alimentation, transports, mais aussi prise de décision démocratique, et rôle des collectivités, tous ces thèmes ont été abordés, à défaut de sujets d’actualité immédiate comme le prix des carburants ou la dépendance énergétique envers la Russie. Les candidats devaient répondre à la question « à quoi va ressembler la vie des Français en 2030? »
La plus libérale des cinq, la LR Valérie Pécresse a déroulé son programme d' »écologie des solutions » prévoyant notamment 200.000 bornes de recharge électrique, le développement d’un marché de véhicules électriques d’occasion et une « réindustrialisation durable ».
Elle a insisté sur la tenue d’un nouveau « Grenelle de l’environnement », réunissant membres de la société civile, administration et entreprises pour parvenir à des « solutions consensuelles », comme durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
A l’autre bout du spectre politique, Philippe Poutou a prôné une « écologie radicale » (…) « sous contrôle de la société et de la population » prévoyant « l’expropriation » de grands groupes et une agriculture socialisée « entre les mains de la petite paysannerie ».
« Pas indolore »
Entre les deux, l’écologiste Yannick Jadot a admis que la transition écologique ne serait « pas indolore ». Mais il a proposé une série de mesures allant de la baisse de la TVA sur les produits bio à la transformation de logements en bureaux en centre-ville pour faciliter la transition.
M. Jadot prévoit notamment un vaste plan pour installer 100.000 jeunes en tant qu’agriculteurs sur des petites fermes sans pesticides, en supprimant la dette des paysans grâce à la réorientation des aides de la Politique agricole commune (9 milliards d’euros) et des aides nationales (4 milliards).
En évoquant une écologie « plus sociale et plus juste », et le rétablissement d’un ISF climatique pour financer la transition énergétique, Anne Hidalgo a aussi promis « une grande loi foncière » pour permettre à des jeunes de s’installer. Le candidat communiste Fabien Roussel, qui s’est fait connaître dans le grand public pour son amour de la « bonne viande et du bon vin », fixe l’objectif de parvenir à 500.000 agriculteurs en 2030.
Interrogé sur la consommation de viande, il a dit qu’il fallait « en manger moins, mais mieux »: « il faut qu’elle soit produite en France et respectueuse des normes sanitaires, dans des espaces herbagers préservant les prairies qui absorbent le carbone » et il « faut mettre fin à l’importation de viande » produite selon des méthodes interdites en France, a-t-il dit.
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Sur le sujet, Valérie Pécresse a pris la défense des lentilles du Puy « en train de mourir par rapport à la lentille +made in Canada+ avec des pesticides interdits en France ».
Deux candidats, Yannick Jadot et Anne Hidalgo, ont promis la reconnaissance du crime « d’écocide ».
© AFP
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3 commentaires
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Claude Courty
La France, c’est moins de 1% de la population des premiers prédateurs de la planète.
Or rien de sérieux ni de durable ne se fera, sans prendre en compte la dimension démographique mondiale du problème.
Xavier Braud
Créer un crime d’écocide n’a aucun intérêt, d’une part parce que le délit d’écocide existe déjà (ainsi que de très nombreuses incriminations environnementales) et que le problème est ailleurs, c’est la quasi absence de poursuites effectives par les procureurs de la République devant les tribunaux judiciaires, ni sensibilisés ni formées à la délinquance écologique.
Par ailleurs, supprimer la TVA sur le bio c’est très bien, mais personne n’envisage de réduire la TVA sur le train pour lutter efficacement contre la drogue automobile, 1è source d’émission de gaz à effet de serre en France
Balendard
Le Lutin thermique que je suis estime qu’en allant à l’essentiel CAD en évitant
le gâchis actuel on peut s’en sortir
VOIR
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LT.htm
Monsieur jado semblait être celui qui est capable de nous sortir du tunnel mais je le trouve actuellement bien silencieux