Élections 2022 : qu’attendent les ONG en faveur de la réduction des déchets et de l’allongement de la durée de vie des produits ?

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Décharge en Grèce © Yann Arthus-Bertrand

Les politiques ne s’empressent pas de se saisir ou de faire campagne sur les déchets et l’allongement de la durée de vie de produits. Pourtant, ces deux thématiques relèvent à la fois du quotidien de tous et de choix de société.  En effet, la question en dit long sur le rapport à la consommation. Selon l’ADEME, un Français produit en moyenne 580 kg de déchets par an. Dont, selon les données de l’Europe ,537 kg de déchets ménagers par an, soit un peu plus que la moyenne européenne qui est de 505 kg par habitant de l’UE. Ils ne seront certes pas au cœurs des élections nationales à venir, mais quand chacun de nous produit en moyenne plus d’une demi tonne de déchets par an et que leur impact sur la planète est connu, il serait plus que temps de s’en préoccuper et d’en débattre. 

En quelques années, on est passé de la nécessité de bien trier et recycler ses déchets au constat qu’il fallait aussi réussir à réduire leurs volumes. Or, bien que la collecte et la gestion des ordures relèvent des collectivités locales, les politiques nationales ont un rôle déterminant dans la réduction des quantités de déchets que les Français produisent et leur revalorisation. « Le cap et le cadre politique sont très important. Sinon, c’est donner carte blanche aux fabricants et à ceux qui mettent sur le marché pour faire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas acceptable », explique Laetitia Vasseur, cofondatrice de Halte à l’Obsolescence Programmée.

Réduire les déchets en prolongeant la durée de vie des produits, une mesure intimement liée au pouvoir d’achat

 « Même si la question des déchets est un sujet important, elle ne constitue pas un sujet de premier plan parmi les enjeux environnementaux pour la campagne », admet Théo Céraline qui travaille sur le plaidoyer au sein de Zéro Waste France (ZWF).  Le pays a pris des mesures ces dernières années avec la REP (responsabilité élargie des producteurs), les interdictions progressives programmées de certains usages des plastiques à usage unique, l’essor du mouvement zéro déchet, la remise en cause du tout plastique. Et l’opinion semble en faveur de la cause environnementale. L’association Zéro Waste compte « tout faire pour porter la question de la prévention et de la réduction des déchets ».  

Théo Céraline met en avant l’engagement de Zero Waste France dans le Pacte du Pouvoir de Vivre, un manifeste porté par différentes ONG dont une des propositions consiste à réduire la TVA sur la réparation et à la création d’un fonds de soutien à la filière. « Car, ce serait un signa de soutien fort à des activités qui permettent grandement de réduire la surproduction de biens », explique Théo Céraline avant de rappeler que la réparation et la réutilisation doivent intervenir avant le recyclage.

L’ONG Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) défend également de telles mesures en insistant sur la mise en place de l’indice de réparabilité. Sa cofondatrice Laetitia Vasseur voudrait que « les candidats soient conscients que l’allongement de la durée de vie des produits est un sujet majeur. Lutter contre l’obsolescence programmée est une mesure de pouvoir d’achat puisque les consommateurs et les citoyens ne seront plus contraints de renouveler leurs équipements trop rapidement ». HOP espère que les candidats sauront être plus ambitieux en s’emparant du sujet afin d’aller plus loin que tout ce qui a déjà été fait. En dépit d’efforts pour promouvoir la réparation, celle-ci n’est pas encore le premier réflexe. Par exemple, à peine 40 % des appareils électriques ou électroniques tombés en panne ont été réparés en France en 2020. Développer la réparation serait, selon les associations, un bon moyen de créer des emplois locaux pérennes tout en offrant aux Français de réaliser des substantielles économies.

Au-delà des déchets, d’autres enjeux environnementaux

Des progrès ont pourtant été accomplis ces dernières années avec l’ambition de réduire les déchets et de mieux les retraiter avec les lois anti-gaspillage et pour l’économie circulaire.  Mais, « la fabrication des produits est une des activités qui a le plus fort impact climatique. L’accélération du renouvèlement des biens signifie donc un accroissement des émissions de gaz à effet de serre », résume Laetitia Vasseur de Halte à l’Obsolescence Programmée. L’association compte sortir un manifeste avec une vingtaine de mesures pour allonger la durée de vie des produits.

Derrière l’enjeu des déchets se trouve la question de la sobriété. « La sobriété n’est pas un thème évident à appréhender dans le cadre d’un modèle économique. Pourtant la question de savoir comment consommer moins est essentielle », souligne Laetitia Vasseur de HOP. « Pour le consommateur, il faut questionner ses besoins. Est-ce nécessaire de remplacer par du neuf ou de succomber aux sirènes de la pub ? Tandis que pour les entreprises, cela demande de repenser leurs modèles économiques pour aller vers du robuste, du reconditionné, du conseil et du service » Cet enjeu de la sobriété demeure néanmoins dur à aborder, admettent les membres de ONG. « La réduction de la consommation doit être pensée en n’oubliant pas la justice sociale », affirme Théo Céraline de Zéro Waste France. Il invite les électeurs à « savoir décrypter les propositions des candidats pour comprendre si elles relèvent de la réduction des déchets ou sont, au contraire, de fausses bonnes solutions qui reposent sur le 100 % recyclage et dont il faut se méfier ».

Julien Leprovost

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Un commentaire

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    • Balendatd

    Ils attendent que les pays dits « développés » montrent l’exemple de ce qu’il faut faire: à savoir produire de l’électricité en brûlant des ordures