Mobilité douce : enjeu environnemental, sanitaire et économique

Paris Vélo mobilité douce cyclable

Pont des Arts, 16e arrondissement, Paris © Yann Arthus-Bertrand

Les prix de l’énergie restent au cœur de l’actualité et conduisent à s’interroger sur la mobilité à quelques semaines des échéances électorales. Le quinquennat a été marqué par la crise des Gilets Jaunes, des automobilistes qui manifestaient contre la hausse du prix de l’essence et le manque d’alternatives à la voiture et la pandémie de Covid-19. Dans les métropoles, cette dernière a accéléré l’usage du vélo pour les petits déplacements. La mobilité, la place de la voiture et du vélo sont au cœur de notre modèle de société et par extension des débats publics. Entre pouvoir d’achat, hausse des prix, inclusion sociale, aménagement des territoire et crise climatique, comment porter la question de la mobilité douce, en particulier du vélo, à la présidentielle 2022 ?

[Lire aussi Olivier Schneider, président de la fédération des usagers de la bicyclette : « on a gagné plus 5 ans de politiques cyclables »]

L’Alliance pour le vélo, qui regroupe plusieurs acteurs de la mobilité tels la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) ou l’Association de promotion et d’identification des cycles et de la mobilité active (Apic), a publié son Livre Blanc Faire du Vélo un atout pour la France le 22 février. Il en ressort que 1 Français sur 2 se dit prêt à utiliser davantage son vélo, dans un souci de santé, de coût, d’aménagement de territoire et de lutte contre le réchauffement climatique. À l’approche des élections présidentielles, le Livre Blanc propose 10 priorités pour le prochain quinquennat pour encourager et faciliter l’usage du vélo sur le territoire. Ainsi, les acteurs de la mobilité douce comptent porter leurs revendications aux candidats de la présidentielle 2022. Pour ce faire, le Livre Blanc de l’Alliance pour le vélo met en avant 10 priorités pour le prochain quinquennat, dont, entre autre, l’obligation d’un forfait de mobilité durable, accompagner le déploiement de 5 millions d’emplacements de stationnement vélo et doubler le réseau cyclable français.

Les mobilités douces, une alternative au tout voiture

Les émissions de gaz à effet de serre liées à la circulation routière incombent à hauteur de 54 % aux véhicules particuliers, soit une part donc non négligeable des émissions de CO2 liées aux transports routiers. « Les impacts écologiques prennent une place relativement importante dans les décisions concernant la mobilité », dit Bruno Gazeau, président de la Fédération Nationale des associations d’usagers des transports. « La France a pour engagement de supprimer le recours aux énergies fossiles d’ici 2040. Beaucoup de gens ont investi dans le diesel quand on a dit de le faire, et ces gens vont devoir renouveler leur voiture. Il faut qu’ils aient une connaissance de l’offre de transports publics. Sinon beaucoup de personnes ne pourront pas s’offrir des véhicules électriques et seront interdit de circuler dans les villes et ce n’est pas ce qu’on cherche. »

Les Français effectuent en moyenne 3 à 4 trajets par jour, pour une durée moyen quotidienne de 1h02 passée dans les transports, selon le Livre Blanc de l’Alliance pour le vélo. Pourtant, les territoires ont été aménagés pour encourager l’usage de la voiture individuelle. Ainsi, 46 % des Français disent être encore « contraints » d’utiliser leur voiture personnelle. Or, 1 trajet sur 2 en ville fait moins de 3 kilomètres et, selon l’ADEME, sa durée varie en fonction du mode de transport, de l’ordre de la dizaine de minutes en vélo à la demi-heure en voiture en cas désencombrements et de difficultés de stationnement.

Les ménages les plus précaires sont aussi plus dépendants de la voiture que les plus aisés. « La mobilité est un sujet qui sous-tend de nombreux autres sujets », affirme Thibault Quere, responsable plaidoyer de la Fédération des Usagers de la Bicyclette. « Ce sont des prises de parole des élus sur le pouvoir d’achat, la flambée des Gilets Jaunes, le rapport à la distance créée par le développement de la voiture individuelle depuis 40 ans. On est dépendant d’un système inégalitaire et polluant. Donc finalement, la mobilité n’est pas une thématique propre alors qu’elle induit beaucoup d’autres problématiques. »

Une filière créatrice d’emploi

Outre la santé et l’environnement, la filière du vélo est un secteur florissant. On estime que 150 000 emplois pourraient être créés grâce à la filière.  La fréquentation des itinéraires cyclables a augmenté de 28 % entre 2019 et 2021. Attractif, économique, le vélo peut répondre en partie aux enjeux de pouvoir d’achat. 16% du budget des ménages modestes est consacré à la voiture. Le cout de la voiture individuelle est estimé entre 5000 et 7000 euros par an, contre 500 euros par an pour un cycle.

[Lire aussi Un vélo fabriqué en France, c’est possible !]

Enfin, la marche et le vélo s’avèrent être un levier efficace d’une bonne santé physique et mentale. En France, près d’un homme sur 3 et 1 femme sur 2 n’atteignent pas le niveau d’activité physique préconisé par l’Organisation Mondiale de la Santé, selon le Livre Blanc. La sédentarité des Français s’est exacerbée par la crise sanitaire et les différents confinements mis en place sur le territoire. « Leur promotion doit s’inscrire au cœur des politiques nationales de prévention. Ainsi, en effectuant ses déplacements quotidiens courts, réalisables en 20mn à vélo, chaque personne pourrait atteindre les minimas recommandés par l’OMS et ainsi diminuer les risques de décès précoce de 29 % jusqu’à 41 % » informe le Livre Blanc.

Romane Pijulet

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Un commentaire

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    • Loïc Wibaux

    Merci pour cet article
    Dans votre menu principal, pourquoi ne pas regrouper les item « pollution » et « énergie » sous un domaine unique : « sobriété » ? Cela donnerai la suite : Biodiversité, climat, sobriété, société, alimentation. Ce serait un parti pris fort au moment où les centrales nucléaires sont en danger…

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