Une norme pour empêcher de nouveaux projets d’extraction des énergies fossiles inutiles pour répondre à la demande énergétique

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Exploitation des sables bitumineux en Alberta, Canada © Yann Arthus-Bertrand

Il n’est pas nécessaire d’accorder de nouveaux permis d’exploitation de charbon, de gaz ou de pétrole pour répondre à la demande énergétique mondiale. C’est ce que des scientifiques de l’University College of Londres (UCL) et de l’IISD (nternational Institute for Sustainable Development, en français l’institut international pour développement durable) affirment. Selon eux, « les capacités existantes d’extraction des énergies fossiles sont suffisantes pour répondre à différents scénarios d’évolution de la demande en énergie. Alors que le monde est en train d’effectuer une transition vers des énergies propres et renouvelables, les nouveaux projets fossiles ne sont pas nécessaires. »  Plutôt que d’aller chercher de nouvelles ressources en gaz, pétrole ou charbon, les scientifiques appellent les gouvernements à s’empêcher de les exploiter grâce à des normes éthiques et légales.

Leurs travaux se basent sur les données de l’Agence Internationale de l’Énergie, qui prévoient une augmentation de la demande mondiale en énergie. Mais, ils montrent qu’y répondre en atteignant le zéro-émission nette d’ici 2050 afin de maintenir le réchauffement climatique sous le seuil de 1,5 ° est faisable.

Dans un article publié dans la revue Science, les chercheurs plaident en faveur de l’établissement d’une norme sociale et morale pour s’opposer aux nouveaux projets d’extraction des énergies fossiles, d’autant plus qu’ils sont inutiles pour répondre aux besoins énergétiques à venir. L’émergence d’une telle norme contribuerait à l’action climatique et se concrétiserait par le refus des gouvernements d’accorder des nouveaux permis pour exploiter des gisements de gaz, de pétrole ou de charbon. Les chercheurs estiment aussi qu’augmenter les capacités de production d’électricité à partir des énergies fossiles en ouvrant de nouvelles centrales n’est pas pertinent. Cette approche rejoint les demandes de sortie des énergies fossiles qui se sont multipliées ces dernières années dans le sillage des COP climat.

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Le quotidien britannique The Guardian se fait l’écho de ces travaux, présentés comme une « base scientifique rigoureuse » pour que les États préparent le nécessaire déclin progressif des énergies émettrices de gaz à effet de serre. Leur publication fin mai 2024 survient alors que le gouvernement conservateur du Royaume-Uni souhaite accorder de nouveaux permis d’extraction des énergies fossiles.

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Cité par The Guardian, le docteur Dr Fergus Green du département de Sciences Politiques de l’UCL et co-auteur de l’étude note : « nos travaux tirent des leçons de transformations majeures des normes comme l’abolition de l’esclavage ou celle des essais nucléaires. Ces exemples montrent que les normes résonnent et évoluent rapidement quand on s’appuyé sur une demande simple portée par des acteurs puissants. Elles deviennent alors rapidement acceptables. » Il précise que « des objectifs complexes de long-terme, comme le zéro-émission nette d’ici 2050, manquent de telles qualités. Mais, une formule telle “no new fossil fuel projects[pas de nouveaux projets fossiles] exprime simplement une demande immédiate sur laquelle les gouvernements actuels ainsi que les industries énergétiques peuvent être évalués et jugés. »

 Julien Leprovost

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Pour aller plus loin

No new fossil fuel projects: The norm we need dans la revue Science (en anglais)

No new fossil fuel projects: The norm we need | Science

No New Fossil Fuel Projects: The Norm We Need | Department of Political Science – UCL – University College London (en anglaise)

No need for countries to issue new oil, gas or coal licences, study finds (en anglais) sur le site de The Guardian

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Un commentaire

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    • Jean-Pierre Bardinet

    En fait, lors de la dernière COP, la COP28, les PED ont été clairs : nous avons besoin de combustibles fossiles pour nous développer et améliorer le niveau de vie de nos peuples, nous avons besoin d’une énergie abondante et bon marché, et donc même si les pays occidentaux veulent nous en priver, nous en utiliserons de plus en plus. Les auteurs de cette étude foireuse, qui n’en tiennent aucun compte, sont dans le déni de réalité car passer de 83% d’usage des combustibles fossiles à zéro en 2050, sans qu’il y ait des solutions de remplacement crédibles est absurde.