À partir de mercredi 2 août 2023, jour du dépassement planétaire, l’humanité vit à crédit sur les ressources de la planète

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Japon © Yann Arthus-Bertrand

Cette année, le jour du dépassement tombe le 2 août. Cela signifie qu’à compter du 2 août 2023, et pour le reste de l’année, l’humanité vit à crédit sur les ressources naturelles de la planète. Toutefois, pour la première fois depuis l’an 2000, en dehors de la période de la crise de 2008 et de la pandémie de Covid-19, cette date recule, faisant naître l’espoir que cette inflexion marque une nouvelle tendance. 

Un premier recul du jour du dépassement depuis deux décennies 

Le jour du dépassement traduit l’impact environnemental des modes de vie sur la planète. Sa date varie selon les années, car elle dépend de la manière dont l’humanité utilise et consomme les ressources naturelles de la planète. Ces dernières peuvent se régénérer. La date du jour du dépassement (ou overtshoot day en anglais) est déterminée par le Global Footprint Network. Le calcul tient compte de l’empreinte écologique, c’est-à-dire de la superficie utilisée pour faire vivre une personne durant une année. Ainsi, en 2019, le jour du dépassement était le 29 juillet alors qu’un demi-siècle plus tôt, en 1970, le il tombait le 29 décembre. Année après année, l’empreinte écologique de l’humanité augmente. Pour régénérer ce que l’humanité consomme aujourd’hui, il faudrait l’équivalent de 1,7 planète en termes de surface. 

[À lire aussi Jour du Dépassement : dans quel état serait la Terre si tout le monde vivait comme vous ?] 

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Infographie sur la date du jour du dépassement © ADEME

Un progrès en trompe l’œil ou un signe d’espoir ? 

« Les raisons de ce recul sont difficiles à entrevoir. Nous ne pensons pas qu’il soit de rigueur de se réjouir dans le sens où, pour tenir la feuille de route climatique recommandée par les experts du Giec – soit une réduction des émissions mondiales de 43 % d’ici 2030 -, il faudrait parvenir à gagner au moins 19 jours par an sur les sept prochaines années », analyse Jean-Louis Bergey Expert national ADEME de la direction Exécutive Prospective et Recherche (DEPR). 

[À lire aussi sur GoodPlanet Mag à propos du jour du dépassement et Interview de Mathis Wackernagel, créateur de l’empreinte écologique pour le jour du Dépassement : « dans un monde où le dépassement persiste, le risque de ne pas disposer de ressources suffisantes est de plus en plus important »] 

Le WWF France précise dans un communiqué que : « cette année, la date du Jour du dépassement a reculé de 5 jours par rapport à l’année dernière, les avancées réelles représentent toutefois moins d’un jour. Les quatre jours restants sont dus à l’intégration d’ensembles de données améliorés dans la nouvelle édition des comptes. »  

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Les dates du jour du dépassement © Global FiitPrint Network/WWF France

Le jour du dépassement mondial, une date qui masque les différences de niveau de vie et d’empreinte écologique 

L’empreinte écologique dépend fortement du niveau du vie. Il faut 1,7 planète pour l’humanité. Mais, « si toute l’humanité consommait comme les Français, nous aurions besoin de 2,9 planètes », écrit le WWF France. Le jour du dépassement pour la France était le 5 mai pour l’année 2023. L’association ajoute que « en effet, malgré tous les engagements pris par les décideurs politiques, les hauts sommets organisés, nous n’avons pas réussi à faire reculer cette date, qui stagne en France depuis des années. » 

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La date du jour du dépassement par pays © Global Footprint Network

Le concept de Joue du Dépassement vise à sensibiliser l’opinion sur la pression subie par l’environnement du fait des activités humaines. Il apparaît certes pour certains comme un marronnier qui revient tous les ans. Il met en lumière le poids croissant de l’espèce humaine sur les ressources naturelles. Pourtant, explique Julie Mathews, elle forme des collaborateurs d’entreprise à l’environnement au sein de MyPlanet : « notre public est peu averti. Il a conscience qu’il existe un problème sans trop savoir lequel. Faire le lien entre le quotidien et les enjeux globaux reste difficile. »  

« Il est important de comprendre ce que le jour du dépassement planétaire veut dire. Il rappelle que nos modes de vie ont un impact qui ne se limite pas seulement au dérèglement climatique. On ne parvient cependant pas encore à faire reculer cette date alors qu’elle implique des conséquences concrètes sur l’ensemble des écosystèmes. À l’image de nos sociétés, on dépense et on consomme plus que ce qu’on ne devrait. On ne laisse pas suffisamment de temps aux écosystèmes pour qu’ils se régénèrent. Je pense entament aux sols qui nous nourrissent », Julie Mathews, responsable de l’accompagnement des entreprises au sein de MyPlanet filiale de la Fondation GoodPlanet. « Le jour du dépassement doit conduire les sociétés occidentales à repenser leur rapport à la nature. » 

Des solutions pour réduire l’empreinte écologique 

Au-delà du c constat, le Global Footprint network rappelle qu’il est tout à fait possible de réduire l’empreinte écologique en changeant nos modes de vie. Il souligne que les solutions technologiques ou comportementales existent.  Dans un communiqué, l’institut donne les exemples suivants : « de simples changements peuvent reculer significativement la date du jour du dépassement planétaire. Au niveau mondial, augmenter la part d’électricité bas carbone de 39 % à 75 % retarderait de 26 jours l’échéance, réduire de moitié les déchets alimentaires ferait gagner 13 jours et développer l’agroforesterie 2,1 jours de plus. » 

[À lire aussi Antoine Vullien, co-fondateur de l’ONG Ishpingo : « nous travaillons surtout sur la reforestation et sur la valorisation des produits agroforestiers » ] 

Julie Mathews, qui aborde la question des limites planétaires dans les formations dispensées pour MyPlanet, l’institut de formation de la Fondation GoodPlanet, insiste sur la nécessité de « mieux comprendre les enjeux au travers de la vulgarisation et de la formation à ces sujets. Cela permet de savoir et de comprendre comment au quotidien, chacun peut agir en faveur de la transition comme individu, comme citoyen, comme consommateur et comme collaborateur d’une entreprise. »  

[À voir aussi Les 6 limites planétaires dépassées par la France]

Enfin, selon Yann Laurans, directeur de la biodiversité terrestre du WWF France, « ce 2 août marque cette année le jour du dépassement. Malgré les engagements pris par nos décideurs, les rencontres internationales et COPs qui se suivent, la date du jour du dépassement ne recule pas et nous continuons à creuser cette dette écologique. Notre modèle actuel est basé sur la prédation de ressources naturelles : l’exemple de l’eau douce le montre bien. Le risque de manquer un jour d’eau est croissant dans beaucoup de territoires, pourtant aujourd’hui dans le monde, 70 % de cette ressource est prélevée pour la production alimentaire, et surtout les céréales qui nourrissent le bétail. On sait que notre modèle agroalimentaire actuel est une cause majeure du jour du dépassement. Nous ne pouvons plus nous cacher et attendre que le jour du dépassement avance encore. Nous avons les solutions, notamment l’agroécologie, les solutions fondées sur la nature et la végétalisation de notre alimentation. Il est grand temps de les mettre en œuvre ! » 

Julien Leprovost 

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Pour aller plus loin

Le site du Global FootPrint Network (en anglais)

le site du WWF France

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Lancement de l’Institut de formation MyPlanet !

 

5 commentaires

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    • Balendard

    En tout cas, ce n’est pas l’Angleterre qui montre l’exemple !

    Dommage pour notre planète qu’homo sapiens soit à ce point dépendant de l’argent

    http://infoenergie.eu/riv+ener/7finance-acteurs.pdf

    • Balendard

    Quoi qu’il en soit si ça s’améliore ce n’est pas grâce à l’Angleterre

    Voir la dernière page de
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/7finance-acteurs.pdf

    • Jean-Pierre Bardinet

    Donc, si je comprends bien, à partir de ce mercredi, nous ne pouvons plus rien consommer et nous devons vivre sur nos réserves jusqu’à la fin de l’année ?

    • Jean-Pierre Bardinet

    Le calcul du jour du dépassement est idéologique et totalement irrationnel. Que les médias en fassent état montre leur asservissement à l’idéologie de l’écologisme-réchauffisme.

    • Raphael Monnot

    Bonjour JULIEN,
    dans un système stock/flux, on peut vivre à crédit pendant un certain temps en fonction de la taille du stock.
    La vraie question est celle du stock restant sur terre en nombre d’années de surconsommation en rester viable. Si au lieu de messages sur la taille du flux, on communiquait en nombre d’années de stock restant, la prise de conscience de l’urgence pourrait peut-être être décuplée.