La réduction de l’impact écologique du numérique passe d’abord par l’allongement de la durée de vie des appareils

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Un employé d'une entreprise de reconditionnement intervient sur un smartphone avant sa mise en vente © LOIC VENANCE / AFP

L’évaluation de l’empreinte écologique du numérique progresse, ce qui permet d’identifier les bons réflexes pour aller vers la sobriété numérique. L’empreinte carbone moyenne du numérique est de 253 kg équivalent CO2 par an pour un Français, chiffre qui comprend la fabrication des appareils et leur consommation, selon une étude conjointe de l’ARCEP (l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et de l’ADEME (l’agence de la transition écologique). Soit l’équivalent de 2259 kilomètres parcourus en voiture. Pour réduire cette empreinte, l’ADEME préconise d’allonger la durée de vie des smartphones, des ordinateurs, des téléviseurs, des consoles de jeux vidéo et des tablettes car leur fabrication représente 79 % de l’empreinte écologique du numérique. Pour se faire, il est recommandé de de ne pas céder à la tentation du renouvèlement trop précipité des appareils, d’acheter du matériel reconditionné, de regarder au moment de l’acquisition l’indice de réparabilité, d’éteindre au maximum les appareils lorsqu’ils ne servent pas, d’éviter de les utiliser en cas de surchauffe et de veiller à ne pas encombrer leur mémoire avec trop de données.

Tout le monde est concerné par la sobriété numérique

Personne n’échappe vraiment à l’omniprésence du numérique, il est donc légitime de réfléchir aux manières de réduire son impact. Chaque Français possède en moyenne 15 appareils connectés (presque le double de la moyenne mondiale qui est tout même de 8 !).

L’ADEME et l’ARCEP évaluent l’impact du numérique à 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre de la France, les 2 organismes veulent sensibiliser l’opinion à la sobriété numérique avec une campagne nationale. Celle-ci doit « permettre e à chacun d’être plus responsable dans son usage du numérique », déclare la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.

« Prolonger la durée de vie de ses appareils électroniques en les réparant, acheter des appareils reconditionnés,  se connecter en Wi-Fi plutôt qu’à la 4G, désactiver la sauvegarde automatique dans le cloud, ménager sa batterie en désactivant la géolocalisation, autant de gestes simples qui font la différence. »

Il faut noter que 79 % de l’impact du numérique en France provient de la fabrication des terminaux et 21 % des usages au travers des data centers (16 %) et des réseaux (5 %). C’est pourquoi les préconisations portent en premier lieu sur le matériel. « Prolonger la durée de vie de ses appareils électroniques en les réparant, acheter des appareils reconditionnés, […], se connecter en Wi-Fi plutôt qu’à la 4G, désactiver la sauvegarde automatique dans le cloud, ménager sa batterie en désactivant la géolocalisation, autant de gestes simples qui font la différence », estime la ministre de l’Écologie qui rappelle que l’information des citoyens sur ces comportements reste un défi, surtout à une époque où le numérique connaît un essor avec le télétravail, le streaming vidéo et le jeu en ligne.

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De plus, la consommation électrique de ces appareils représente 10 % de la consommation électrique française. Même si la France bénéficie d’une électricité moins émettrice de CO2 que la plupart des pays du monde avec le nucléaire, la sobriété numérique peut se révéler un vivier d’économies d’énergie surtout quand son prix ne cesse d’augmenter.

Le smartphone d’occasion, bénéfique pour l’environnement

L’ADEME a ainsi décidé d’évaluer les bénéfices environnementaux de l’achat de smartphones d’occasion, car l’objet, emblématique du numérique partout, est devenu indispensable au quotidien. Son verdict est sans appel : « en moyenne, faire l’acquisition d’un téléphone mobile reconditionné permet une réduction d’impact environnemental annuel de 55 % à 91% (selon les catégories d’impacts) par rapport à l’utilisation d’un smartphone neuf. Cela permet d’éviter l’extraction de 82 kg de matières premières et l’émission de 25 kg de GES par année d’utilisation, soit 87 % de moins qu’avec un équipement neuf. »

« 87 % de moins qu’avec un équipement neuf »

Raphael Guastavi, qui travaille à l’ADEME sur l’économie circulaire, les produits et leur efficacité, a participé aux travaux sur le numérique estime que : « on est au début de quelque chose. On voit des changements de comportements chez les usagers et aussi chez les opérateurs qui ont cessé les offres de changement de portable. Ils ont développé leur intérêt pour le reconditionnement, mais il faut qu’on arrive à travailler sur l’obsolescence culturelle. » Cette dernière renvoie au goût pour la nouveauté qui conduit à remplacer un appareil pourtant fonctionnel par un neuf.

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L’impact du numérique, un sujet qui dépasse le cadre des frontières françaises

Le numérique offre aussi bien des avantages et fait partie des solutions à explorer pour la transition écologique. Il ne se cantonne pas à la France et les géants de la tech continuent d’afficher des projets toujours plus ambitieux, gourmands en ressources tant sur le plan matériel que de la puissance de calcul. Derrière les termes de cryptomonnaies, de métaverses ou de NFT (des certificats d’authentification numérique associés à des biens physiques ou virtuels) se cachent des usages dont la portée réelle reste encore inconnue et par extension leur impact. Déjà, à l’heure actuelle, pour les évaluations présentes de l’impact du numérique, Adrien Haidar de l’Arcep explique que les données sont difficilement disponibles car « soit elles n’existent pas, soit elles sont soumises au secret des affaires ».

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Arnaud Leroy, président de l’ADEME constate que « il y a peu de secteurs d’activités dont les émissions augmentent et le numérique en fait partie ». En effet, les émissions du secteur représentent près de 4 % du total des émissions mondiales. Elles devraient continuer d’augmenter dans les années à venir. En plus de la hausse des consommations et des usages, les experts pointent le renouvellement des équipements provoqué.s par l’obsolescence culturelle et logicielle et la plus grande taille des écrans. Raphael Guastavi de l’ADEME rappelle que « ce sujet doit être adressé globalement car le numérique est systémique. »

Julien Leprovost

Article édité et mis à jour le 21 janvier 2022 à 10h25 pour corriger des fautes subsistantes dans le texte publié originellement

Pour aller plus loin vers la sobriété numérique sur le site de l’ADEME
10 bons gestes numériques en télétravail

Acheter un smartphone reconditionné, quels avantages ?

Le guide d’un numérique plus responsable

Évaluation environnementale et économique de l’allongement de la durée d’usage de biens d’équipements électriques et électroniques à l’échelle d’un foyer

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Un commentaire

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    • dany voltzenlogel

    Et si l’état IMPOSAIT un prolongement conséquent des garanties des appareils avec la réparation obligatoire par le fabricant ?
    C’est à mon avis le seul moyen pour un réel progrès.