Idée fausse sur les insectes : la mouche qui pète n’existe pas !

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POUR ILLUSTRATION : vol d'un essaim d’incestes en Afriuqe Yasuyoshi CHIBA / AFP

Sujet d’humour potache sur la recherche scientifique, le sketch des Nuls sur la mouche qui pète fait rire les amateurs du trio comique des années 1990 composé d’Alain Chabat, Dominique Farrugia et Chantal Lauby. Pourtant, même si on pourrait croire que la mouche qui pète n’existe pas, les insectes aussi émettent bel et bien des flatulences. L’ouvrage 50 idées fausses sur les insectes, de Christophe Bouget aux éditions Quae propose de tordre le cou aux idées reçues sur les insectes. À l’occasion du 1er avril, pour lier humour et science, nous republions le chapitre consacré à la fameuse mouche qui pète. Cette dernière n’est donc pas une blague, mais cela n’empêche pas pour autant de (re)voir le sketch et d’en apprendre plus sur les étonnantes capacités des insectes.


Le sketch des Nuls DR : Les Nuls

LA MOUCHE QUI PÈTE N’EXISTE PAS ! Faux

À quelle réalité biologique ce fameux sketch des Nuls fait‑il référence ?

Les lecteurs qui ont suivi les recherches du facétieux professeur Thibault reconnaitront ici une de ses interrogations fondamentales… Chez tous les êtres vivants, y compris les insectes, les déchets de la digestion incluent aussi des gaz à évacuer. Une flatulence est une émission par l’anus des gaz digestifs, produits par des réactions chimiques ou par des microbes symbiotiques dans l’intestin.

Dans les pets des insectes, les gaz les plus courants sont le méthane et le dihydrogène, qui sont inodores. Une étude publiée en 1994 a evalue que, sur 93 espèces d’insectes testées, seules 45 produisaient une quantité mesurable de gaz. Les espèces qui décomposent les fibres de cellulose, en particulier les cafards, les scarabées et les termites, sont des péteurs invétères. Comme pour les mammifères ruminants, ce sont des bactéries méthanogènes contenues dans leur tube digestif qui sont responsables des émissions.

Les asticots de diptères qui décomposent les matières végétales pourrissantes, comme les larves de mouche soldat noire (Hermetia illucens), souvent utilisees pour recycler des déchets organiques en composts et produire des protéines d’insectes pour les entomophages amateurs, émettent du dihydrogène sans impact sur l’effet de serre.

En fait, il est parfois difficile de déterminer ou sortent les gaz digestifs. Par exemple, l’émission de méthane des termites suit en partie les cycles respiratoires. Certains gaz de la digestion pourraient ainsi diffuser dans l’hémolymphe de l’insecte, avant d’etre canalises dans les trachées pour être expulses vers l’extérieur par les stigmates respiratoires. Toutefois, comme la majeure partie du méthane est produite dans l’intestin postérieur, certains gaz digestifs doivent sortir par l’anus.

Si la déflagration anale des pets digestifs des termites n’est pas retentissante, d’autres secrétions gazeuses émises par différentes glandes abdominales font davantage de bruit. Voyons d’abord le « pet qui sauve » des scarabées bombardiers. Pour dégouter un agresseur, ce coléoptère (Brachinus sp.) lui projette un nuage toxique et brulant, produit dans une chambre très résistante a la pression, a l’extrémité de son abdomen. Les hydroquinones et l’eau oxygénée, déversées dans cette chambre par deux glandes annexes, réagissent brutalement en un bouillonnement violemment expulse a l’arrière de l’insecte.

Quant aux larves de la chrysope perlée (Lomamyia latipennis), elles se nourrissent de termites en se cachant au sein même des abris de ceux‑ci. La larve dirige la pointe de son abdomen vers la tête d’un termite et dégage un gaz létal émis par une glande anale. Après quelques minutes, le termite est atteint d’une paralysie qui peut durer 3 h, une durée amplement suffisante pour que la larve termine son repas !

La puissante flatulence est capable de tuer un insecte 35 fois plus lourd que la larve, mais semble spécifiquement mortelle pour les termites. Les scientifiques ont en effet démontré que es mouches, de petites guêpes et des poux étaient insensibles à ce pet.

Enfin, signalons les larves aquatiques des libellules anisoptères, qui pètent de l’eau pour avancer ! Ces larves extraient l’oxygène de l’eau par des branchies trachéennes garnissant une ampoule rectale renflée, dans laquelle elles aspirent de l’eau, qu’elles éjectent violemment par l’anus pour se propulser.

mouche qui pete idées fausses sur les insectesExtrait de 0 idées fausses sur les insectes, de Christophe Bouget aux éditions Quae

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