Climat : le G20 arrive à la COP26 avec un accord et des « espoirs déçus »

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Un délégué à l'intérieur du bâtiement où se tient le sommet du G20 à Rome, le 31 octobre 2021 © AFP Ludovic MARIN

Rome (AFP) – « Espoirs déçus », « pas assez »: les pays du G20 n’arriveront pas les mains totalement vides à la conférence de Glasgow sur le climat, mais les engagements sur lesquels ils se sont entendus dimanche à Rome en ont laissé beaucoup sur leur faim.

« Je salue l’engagement renouvelé du G20 en faveur de solutions au niveau mondial, mais je quitte Rome avec des espoirs déçus – même s’ils ne sont pas enterrés », a déclaré dimanche soir sur Twitter le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres.

Il part désormais pour la conférence COP26 sur le climat qui s’est ouverte ce dimanche à Glasgow en Ecosse, une réunion de deux semaines considérée comme cruciale pour l’avenir de l’humanité.

« Nous avons fait des progrès raisonnables au G20 (…), mais ce n’est pas assez », a aussi estimé le Premier ministre britannique Boris Johnson. Et de mettre en garde: « Si Glasgow échoue, c’est tout qui échoue ».

Certes, la déclaration finale du G20 va légèrement au-delà de l’accord de Paris sur l’objectif de limitation du réchauffement climatique à +1,5°C, avec aussi un engagement à ne plus subventionner les centrales au charbon à l’étranger. Mais il n’y a pas de date claire pour sortir complètement du charbon ou des énergies fossiles, ni pour arriver à la neutralité carbone.

« Si le G20 était une répétition en costumes pour la COP26, alors les leaders mondiaux ont raté leur réplique », a regretté Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International. Elle dénonce un communiqué final du G20 « faible, manquant d’ambition et de vision ».

« Tout ce que nous avons vu, c’était des demi-mesures plus que des actions concrètes », a renchéri Friederike Röder, vice-présidente de Global Citizen.

Le Premier ministre italien Mario Draghi, dont le pays présidait le G20 cette année, s’est pourtant dit « fier » des résultats obtenus, y voyant « des fondations plutôt solides » pour la conférence de Glasgow. « Mais nous devons avoir en tête que ce n’est que le début », a-t-il reconnu, « nous allons pas à pas ».

« Les sherpas ont négocié toute la nuit et sont arrivés à un bon signal avant Glasgow », a aussi jugé la chancelière allemande Angela Merkel.

Les décisions du G20 sur le climat étaient d’autant plus attendues que ce groupe, qui réunit les principales économies développées (UE, Etats-Unis) mais aussi de grands émergents comme la Chine, la Russie, l’Inde ou le Brésil, représente 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Ils peuvent « faire le succès ou enterrer l’espoir de garder l’objectif de à +1,5°C à portée », a commenté dimanche à Glasgow Alok Sharma, président de la COP26.

Le communiqué final du G20 réaffirme l’objectif de l’accord de Paris de 2015, à savoir « maintenir l’augmentation moyenne des températures bien en-dessous de 2°C et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C au-dessus des niveaux pré-industriels ».

Mais il insiste en ajoutant: « Conserver (l’objectif de) 1,5°C à portée nécessitera des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays ».

Neutralité carbone « au milieu du siècle »

Les pays du G20 se sont également entendus pour mettre fin « à l’octroi de financement public à l’international pour de nouvelles centrales électriques au charbon d’ici la fin de 2021 ».

« La Chine a fait un pas important auquel d’autres se sont associés », a commenté Angela Merkel.

Le texte ne donne pas en revanche d’objectif pour l’abandon du charbon au niveau national. Beaucoup de pays, notamment émergents, restent très dépendants de cette source d’énergie pour leur production électrique, a fortiori dans le contexte actuel de crise énergétique mondiale.

Pas de date précise non plus pour atteindre la neutralité carbone. Le G20 évoque seulement le « milieu du siècle ». Un horizon moins précis que l’horizon de 2050 voulu notamment par la présidence italienne du G20, « mais tout à fait significatif, considérant la diversité des pays qui participent au G20 », selon la présidence française. La Chine notamment s’est jusqu’ici seulement engagée pour 2060.

La COP26 est « le dernier et le meilleur espoir » de parvenir à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C, a prévenu Alok Sharma à l’ouverture de cette conférence dimanche en Ecosse. « Tous les voyants sont au rouge sur le tableau de bord du climat ».

Les sept années de 2015 à 2021 seront probablement les plus chaudes jamais enregistrées, a notamment annoncé dimanche l’Organisation météorologique mondiale (OMM), décrivant un climat mondial entrant en « terrain inconnu ».

Le pape a de son côté invité dimanche à prier « pour que le cri de la terre et le cri des pauvres soient entendus » et pour que la COP26 « puisse donner des réponses efficaces ».

© AFP

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2 commentaires

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    • Henri DIDELLE

    LES PAYS LES PLUS POLLEURS VEULENT TERMINER LEUR CROISSANCE
    – Ils savent pertinemment qu’en 2050 ils ne pourront plus le faire
    – l’échelle de temps d’un homme Politique c’est une mandature. Décider d’une forte contrainte dont le résultat se verra en 2100 ne les interresse pas.
    – C’est l’énergie qui a permis l’évolution de notre civilisation. Il y a seulement 2 siècles l’eau, le vent, le soleil et le bois étaient notre énergie PRIMAIRE. Aujourd’hui, changement de décor, c’est devenu l’énergie RENOUVELABLE car nous avons pillé toutes nos ressources naturelles (pétrole, gaz, charbon).. Nous n’avons rien inventé si ce n’est que notre gloutonnerie est devenue exponentielle. Attention à la chute…

    • Michel Cerf

    Vous avez raison Mr. Didelle , le mal est fait et je crains que la COP26 soit un écchec de plus .

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