Quelle surface agricole est nécessaire pour nourrir un Français ?

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Marché en France ©

L’ADEME s’est intéressée à la surface nécessaire pour produire l’alimentation de la population française. L’agence estime ainsi que la production annuelle de nourriture pour un Français moyen mangeant de la viande une fois par jour est de 4800 m² par an. Il s’agit de l’empreinte sol, un indicateur qui prend en compte la surface agricole nécessaire pour produire la nourriture d’une personne, les émissions de gaz à effet de serre, les importations de nourritures ou de produits nécessaires à l’agriculture et l’élevage ainsi que sa consommation d’énergie.

Sarah Martin, ingénieure en alimentation durable à l’ADEME, explique : « même si la viande ne représente que 5 % du contenu de l’assiette, elle représente 50 % de l’empreinte sol d’un consommateur français moyen ». Ainsi, avec un régime entièrement végétal, un Français aurait besoin de seulement 1200 m² d’empreinte sol pour son alimentation tandis qu’un gros mangeur de viande (170 grammes de viande par jour) aura besoin de 5200 m².

La question de la surface consacrée à l’agriculture s’avère importante puisque le gain de terres agricoles s’opère souvent au détriment des milieux naturels dont les forêts qui sont à la fois des puits de carbones et des écosystèmes riches en biodiversité. Antoine Pierart, ingénieur au Service Forêt, Alimentation et Bioéconome de l’ADEME, estime que « les sols sont à l’origine de 95 % de notre alimentation ». Au niveau mondial, la production alimentaire est responsable de 25 % des émissions de gaz à effet de serre. De plus, la dégradation des sols et des écosystèmes contribue au réchauffement climatique. L’empreinte sol dépend donc tant des régimes alimentaires des personnes que de l’offre alimentaire.

Selon les travaux de l’ADEME, la France a actuellement besoin de 26 millions d’hectares pour produire son alimentation. Or, si elle dispose bien d’une surface agricole utile de 28,7 millions d’hectares, elle consacre 12 millions de ses hectares à des productions destinées aux exportations tandis qu’elle importe pour 9 millions d’hectares de produits dont une partie sert à nourrir l’élevage français. Antoine Pierart précise que la moitié des importations proviennent de l’Union européenne, ce qui en limite l’impact environnemental, mais que « il reste un grand travail à accomplir sur les tourteaux pour nourri le bétail qui proviennent d’Amérique latine et d’Asie. »

Les produits carnés représentent 40 % de l’empreinte au sol des importations, suivis par le café, le thé et le cacao qui comptent pour 20 % de l’empreinte au sol des importations alimentaires françaises. Sarah Martin rappelle que ces cultures ne sont pas en soi très émettrices de gaz à effet de serre mais que le transport représente une part importante de leur empreinte carbone et appelle en conséquence à conduire « une réflexion sur la modération de notre consommation de ces produits. »

Enfin, le bio présente l’avantage de préserver la biodiversité, mais requiert un peu plus de surface que le conventionnel. Sarah Martin souligne que : « l’empreinte sol dépend avant tout du régime alimentaire. La transition repose donc à la fois sur les efforts du consommateur et sur les progrès au niveau de l’offre. Le bio requiert une plus grande occupation des sols. Mais, il présente d’autres vertus comme préserver les sols et la biodiversité ». L’ADEME préconise de sortir des systèmes de production intensif, de réduire la consommation de viande en privilégiant la qualité à la quantité, de relocaliser la production, développer les protéines végétales et de modérer la consommation de thé, de café et de cacao.

Julien Leprovost

Empreintes sol, énergie et carbone de l’alimentation Empreintes de régimes alimentaires selon les parts de protéines animales et végétales sur le site de l’ADEME

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7 commentaires

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    • Patrick

    Pouvez vous m’expliquer cette phrase ?
    L’agence estime ainsi que la production annuelle de nourriture pour un Français moyen mangeant de la viande une fois par jour est de 4800 m² par an.

    • Harry Mardulyn

    Est-il vrai que l’agriculture bio serait capable de nourrir toute la population ? Et ce au niveau de la France, de l’Europe et de la planète ?

    • kervennic

    Le bio industriel a besoin de plus de surface que le conventionnel. Le bio intensif probablement beaucoup beaucoup moins puis que les machines sont toujours incapables de faire des arrachages selectifs, des semis et des plantations sur des parcelles deja cultive et, de par leur poids, obige a planifier diffferement les rotations et rallonge celle ci.
    En plus les herbicides reduisent la biomasse totale reduite, alors que dans une petite unite arisanale du tiers monde, les mauvaises herbes sont du fourrage (les poules, les lapins et les herbivores en generales les conssomment).
    Le probleme c’est le cout de la main d’oeuvre qui est tres eleve en occident du fait des charges, et les prix de ventes aux grossistes derisoires. (pour des prx de ventes delirants en garndes surfaces avec un gachis phenomenal qui atteint 30 a 50 pourcentn demandez a des anciens employé). C’est cela qui pousse a l’industrialisation. Pas le rendement par ha et encore moins le benefice par ha (seul compte le benefice de la grande surface).

    • Francis

    Les ingénieurs font encore des erreurs: d’abord la bio n’a pas le monopôle de la préservation des sols et de la biodiversité. Ensuite la viande rouge n’est pas concernée par le transfert des céréales et soja venant des régions de grandes cultures. Le viande rouge est produite avec des fourrages cultivés sur l’exploitation, pas avec des céréales achetées. Et d’abord sur les prairies qu’il faut maintenir pour des raisons environnementales. Jusque maintenant, les humains ne mangent pas directement l’herbe , il y a besoin de ruminants pour transformer la cellulose et l’azote soluble de l’herbe en protéines.

    • Vuillon Daniel

    Ce qui est intéressant c’est d’aborder ce sujet au niveau local , des Communes et Communauté de Communes. Quelle surface théorique il faut protéger pour assurer l’autonomie alimentaire de la population. On compare cette surface théorique à la surface existante et on mesure ainsi son indice de Souveraineté Alimentaire (ISA). Cela devrait être le point de départ de la mise en place des Programmes Alimentaires Territoriaux lancés depuis quelques années par le Ministère de l’Agriculture.
    La détermination de la surface par habitant ne devrait pas se faire en fonction des habitudes alimentaires mais en fonction de la meilleure nourriture nécessaire à l’espèce humaine . On peut se rapprocher des travaux d’un chercheur Remesy qui définit précisément la bonne ration alimentaire dans notre Pays.
    Il est certain que la responsabilité du citoyen face au dérèglement climatique passe par une remise en cause de son alimentation en particulier d’aller vers une augmentation des protéines végétales au détriment des protéines animales. C’est un processus engagé par beaucoup qu’il faut continuer à généraliser en passant par le côté savoureux que peuvent avoir des plats végétariens à condition d’avoir les bons produits…
    Daniel Vuillon
    Paysan , Initiateur des Amap en France

    • DESCLAUD Patrice

    Certes le rendement du bio en culture et moins élevé que le traditionnel et il coûte plus cher à l’étalage. Mais il coûte bien moins cher pour la santé, les système de santé et bien souvent est en proximité. Quand à la viande, on peut s’en passer ou la consommer à minima !

    • Job

    Les 1200 m2 pour nourir un végan seraient à doubler, cf.
    https://www.lejardinvivant.fr/autonomie-alimentaire-quelle-surface/