Néonicotinoïdes : Hulot « appelle les députés à ne pas voter cette loi »

Nicolas Hulot néonicotinoïdes

L'ancien ministre de l'Écologie Nicolas Hulot s'exprime lors d'une conférence le 13 décembre 2019 à Paris. © AFP/Archives FRANCOIS GUILLOT

Paris (AFP) – L’ancien ministre de l’Écologie Nicolas Hulot « appelle les députés à ne pas voter » le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves, dont l’examen commence lundi à l’Assemblée.

« J’appelle les députés à ne pas voter cette loi. Prolonger l’usage des néonicotinoïdes pour la filière de la betterave, alors que leur interdiction a été votée en 2016, ce n’est pas une solution », déclare-t-il dans un entretien au Journal du dimanche.

Le projet de loi prévoit le recours temporaire et encadré à ces insecticides néfastes pour les abeilles.

Le gouvernement le justifie par la sauvegarde d’une filière qui emploie 46.000 personnes dont 25.000 agriculteurs. En effet, dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d’insecticide sont atteintes de « jaunisse », en raison d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes.

Mais avec ce texte, le gouvernement est accusé de brouiller son message sur la transition écologique.

Si « réautoriser les néonicotinoïdes n’est pas la solution », M. Hulot concède qu' »on ne peut pas laisser ce secteur (de la betterave, ndlr) au bord de la route. »

« Ma fondation a estimé les pertes pour cette année à 77 millions d’euros pour les betteraviers. Indemnisons-les en échange de la mise en place de pratiques : allongement des rotations, réintroduction des haies… », dit-il.

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui avait elle-même porté en 2016 la loi interdisant ces insecticides, appuie désormais leur réautorisation ciblée.

« Je ne lui jette pas la pierre. J’ai été dans des situations identiques en ayant à gérer des injonctions contradictoires », assure M. Hulot, qui a été ministre de mai 2017 à septembre 2018 avant de démissionner avec fracas, estimant que les actions de l’exécutif étaient insuffisantes.

Pour le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, qui s’exprimait sur France 3, « Nicolas Hulot et tous ceux qui vous disent qu’il y a une alternative se trompent : il n’y a pas d’alternative, y compris économique » à cette mesure destinée à protéger la filière française du sucre, lui permettre de « passer le gué ».

« L’écologie ce n’est pas tuer une filière pour importer du sucre », a ajouté le ministre, affirmant qu’il s’agit d’un enjeu de « souveraineté économique » face à la concurrence de la Pologne, de la Belgique ou de l’Allemagne. Pour autant, « cette dérogation (à l’usage des néonicotinoïdes, ndlr) ne concernera que la betterave sucrière » et sera inscrite dans la loi si les députés la votent.

Sur un autre sujet, Nicolas Hulot a estimé que le parallèle entre les opposants à la 5G et les Amish fait par le président Emmanuel Macron n’était « pas utile ». « Au moment où l’Amazonie est en feu et où la banquise fond comme neige au soleil, un peu d’humilité ne ferait de mal à personne », juge l’ancien animateur télé.

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