Rester vigilant pour que les plans d’aide au transport aérien ne se fassent pas au détriment du climat

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TVDC 2009_RS 003 Aérogare 2, aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, Val-d’Oise

Le transport aérien, un des secteurs d’activité les plus émetteurs de gaz à effet de serre, se prend de plein fouet la pandémie actuelle de coronavirus qui a réduit comme jamais auparavant son activité. L’impact du covid-19 sur l’économie conduit les États à élaborer de vastes plans de relance. Une coalition de 250 ONG alerte sur le fait de rester vigilant quant à leur contenu, notamment en ce qui concerne l’aviation. Agathe Bounfour, responsable Transports du Réseau Action Climat, explique pourquoi un éventuel plan de soutien au secteur aérien ne doit pas l’exempter d’engagements en faveur du climat et appelle les citoyens désireux de soutenir cette idée à signer la pétition Non au sauvetage inconditionnel du secteur aérien !

Vous alertez sur l’impact écologique d’un éventuel plan de sauvetage du transport aérien, quels risques peut-il faire peser sur le climat ?

Les mesures de sauvetage envisagées par les gouvernements européens ne prennent pas suffisamment en compte la transition écologique. Nous voulons être assurés que le secteur aérien soit sur une trajectoire d’engagements conformes à l’Accord de Paris sur le climat, ce qui n’est pas du tout le cas à l’heure actuelle. Les plans de relance envisagés ne garantissent en rien que, une fois la crise passée, l’argent ne financera pas une croissance du transport aérien incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, depuis quelques jours, des demandes émanant de l’industrie aérienne remettent en cause la réglementation et certaines mesures en faveur de la transition écologique prévues de longue date dans l’agenda européen.

Sur quelles contreparties aimeriez-vous que le gouvernement et le secteur aérien s’engagent ?

Ces discussions doivent se mener en deux temps. À court terme, des négociations sont en cours entre le gouvernement et certaines compagnies afin d’établir les conditions du soutien financier. Pour nous, les aides doivent être proportionnées à la sauvegarde de l’emploi avec des engagements des compagnies là-dessus, ainsi qu’à la mise en place de mesures de contrôle et de plafonnement des émissions de gaz à effet de serre du secteur. Car, aujourd’hui, ces dernières ne sont pas compatibles avec nos engagements climatiques actuels.

À moyen terme, les États doivent se montrer plus ambitieux en fixant un plan ou une trajectoire pour le secteur aérien, et ne pas hésiter à inclure dans ses plans de relance le secteur ferroviaire qui pollue bien moins.

Comment les citoyens peuvent aider à soutenir ces revendications ?

Ils peuvent signer la pétition « Non au sauvetage inconditionnel du secteur aérien ! » soutenue par plus de 250 ONG au niveau européen. En France, la campagne « Notre Choix » vise aussi à faire évoluer les pratiques individuelles en questionnant les voyages en avion tout en demandant plus d’encadrement du secteur.

Comment expliquez-vous le statut particulier du secteur aérien et les avantages dont il bénéficie depuis longtemps comme l’absence de taxes sur le kérosène ou sa non prise en compte dans les négociations climatiques ?

Des choses peuvent se mettre en place puisque l’Union européenne prévoit de taxer le kérosène au travers d’une future directive. La réglementation actuelle prend insuffisamment en compte l’impact climatique de l’aviation en raison d’une pratique intense du lobbying par les compagnies aériennes très réticentes aux mesures environnementales. Le contexte de crise actuel ajoute un chantage à l’emploi manifeste

Avez-vous perçu des effets de la flygskam ou « la honte de prendre l’avion » apparue en Suède avec Greta Thunberg ?

Chacun constate l’évolution de l’opinion publique qui s’interroge sur la nécessité de voler et sur l’impact des pratiques de voyage. En lançant en décembre 2019, la campagne « Notre choix » en France, nous avons commencé à mesurer ce phénomène. En quelques jours, nous avons eu plus de 3000 signataires qui se sont engagés à réduire leur usage de l’avion.

Enfin, comment voyez-vous l’aviation dans le monde de demain ?

Bonne question ! C’est le secteur sur lequel il subsiste le plus d’interrogations en matière de transition écologique. Dans beaucoup d’autres secteurs, des solutions technologiques sont prêtes comme dans l’énergie ou dans d’autres domaines du transport. Pour l’avion, c’est une grande inconnue. Dans le monde de demain, pour réduire l’impact du secteur, il faudra voler extrêmement moins. Dans tous les cas, il faudra une décroissance du secteur aérien pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés Celsius.

Propos recueillis par Julien Leprovost

Le site de Notre choix

La pétition Non au sauvetage inconditionnel du secteur aérien !

4 commentaires

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    • Grossmann

    Le coronavirus pourrait comme le pense Coline Serreau personne sincère et responsable jouer le rôle de catalyseur et être l’occasion de changer en profondeur un monde qui marche sur la tête en remettant nos idées à l’endroit.

    Si nous continuons sur cette lancée la terre va devenir peu confortable à l’échelle du demi-siècle en raison de l’épuisement de nos ressources en énergies non-renouvelables.

    Puis dans un 2ème temps devenir invivable pour une raison simple : homo sapiens a vécu durant des décennies au mépris des lois élémentaires de préservation de la nature et de la biodiversité.

    Heureusement cette éprouvante période du coronavirus n’a pas que des effets défavorables

    elle nous fait prendre conscience :

    – qu’un air plus sain sans rejet de particules fines par les moteurs à combustion interne de nos voitures individuelles est bon pour nos poumons.

    – qu’afin de préserver le climat les futurs plans d’aide au transport aérien devront se faire principalement dans le cadre du remplacement de la motorisation actuelle des avions et de l’amélioration de la ventilation en milieu confiné
    Ceci aussi en taxant le kérosène pour réduire le flux aérien

    Elle nous familiarise avec le télétravail qui se développe rapidement ce qui devrait permettre plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, avec des mégapoles qui se désengorgent en limitant la promiscuité

    De plus cette longue période de confinement à la maison :
    – favorise la réflexion et la prise de conscience que nous allons devoir
    préserver le climat en modifiant nos chaînes énergétiques de telle sorte qu’elles abandonnent sans attendre le « moteur thermique » pour satisfaire nos besoins en énergie.
    Ceci sans attendre pour nous éviter de modifier trop en profondeur notre modèle économique.

    J’ai compris que cela pourra probablement se faire sans l’énergie nucléaire si nous solutionnons au préalable le stockage de masse de l’électricité d’origine solaire

    Homo sapiens ne pourra rester maître du jeu qu’en évitant les états d’âme. Pour cela il devra suivre les préceptes de Jean Jaurès
    « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et avoir une confiance inébranlable dans l’avenir »

    voir le lien ci-dessous pour ce qui concerne la modification de nos chaînes énergétiques

    http://www.infoenergie.eu/chaines-energetiques-general.htm

    • tbernard thierry

    refuser les plans d’aide au transport aérien
    Ceux qui voyagent en avion ne sont pas les plus à plaindre !

    • Billaud

    Renseignez-vous avant de dire n’importe quoi !
    Vos arguments montrent une méconnaissance totale du secteur !

    • Sammuri

    Commençons déjà par plafonner le nombre d’avions à un niveau acceptable et par stopper le projet du terminal 4 à Roissy car 38 % d’avions en en plus des 1300 vols quotidiens est une hérésie !