Renouveler les générations d’agriculteurs, un défi pour nourrir l’Europe

vache Manifestation Vesoul

Manifestation Vesoul (Haute-Saône) du syndicat des Jeunes agriculteurs, qui réclame 4% des paiements directs de la PAC aux installations de jeunes © AFP/Archives SEBASTIEN BOZON

Qui va produire l’alimentation de demain en Europe? Le nombre très bas de jeunes agriculteurs, âgés de moins de 35 ans, constitue un défi pour la transition agricole et la sécurité alimentaire, s’inquiètent des sources agricoles françaises et européennes.

« Il existe de grandes disparités entre les pays, mais en moyenne 5% des agriculteurs seulement ont moins de 35 ans en Europe » a indiqué mardi à Paris l’Espagnole Maria Fuentes Merino, coordinatrice à la Commission européenne des politiques de développement rural dans le cadre de la politique agricole commune (PAC).

« Pour la France, qui est l’un des pays les plus volontaristes sur l’installation des jeunes, ce chiffre s’élève à 8,5% », a-t-elle précisé.

En Europe, les trois pays qui « remplacent » le mieux les départs d’agriculteurs à la retraite sont l’Autriche, la Pologne et la Slovaquie. La France, avec deux départs sur trois remplacés, se situe en quatrième position, selon le ministère français de l’agriculture.

Mais les installations de jeunes sont freinées par une multitude de facteurs, allant du revenu insuffisant de la vente des produits agricoles à l’accès au foncier, en passant par les possibilités de financement, a admis Mme Fuentes Merino.

Illustration d’un certain décalage avec le reste de l’Union, alors que la Commission propose de consacrer dans la prochaine Politique agricole commune européenne (2022-2027) 2% de la valeur des paiements directs aux installations de jeunes, le syndicat français des Jeunes agriculteurs (JA) voudrait, lui, obtenir 4%.

Le vice-président des JA, Aurélien Clavel, a dénoncé cette semaine le système actuel d’attribution des aides européennes à l’hectare, qualifié de « poison », qui « favorise l’agrandissement des exploitations et défavorise les jeunes et ceux qui ont moins de moyens ».

Il a demandé que les subventions ne soient « plus versées à l’hectare, mais à l’actif », comme le recommandait en octobre un rapport d’économistes publié par France Stratégie, proche du cabinet du Premier ministre français.

Même son de cloche du côté du syndicat agricole Confédération paysanne, classé plus à gauche. « Ce sera la seule solution si on veut arriver à faire une transition agricole (avec moins de pesticides chimiques, NDLR), elle ne se fera pas avec moins, mais elle se fera avec plus de paysans », a déclaré son président Nicolas Girod lundi à la presse.

Aider plus l’installation en maraîchage bio

« On ne pourra pas changer tout le système du jour au lendemain », répond prudemment le député européen Jérémy Decerle (groupe Renew Europe), lui-même ex-président des JA, qui participait à une table ronde européenne sur le sujet mardi à Paris.

Il souhaite néanmoins une « vraie politique progressive » d’aide à l’installation « à l’échelle européenne » afin d' »enrayer la catastrophe démographique », dans un entretien avec l’AFP.

La nécessité de repenser l’accompagnement à l’installation vient notamment d’une demande accrue chez des néo-agriculteurs, souvent non issus du milieu, pour des projets comme le maraîchage bio par exemple, a souligné Nadou Masson, secrétaire nationale chargée de l’installation-transmission à la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB).

« Certains préfèrent se passer des aides » tellement les processus européens sont compliqués et exigeants, déplore-t-elle.

La France planche actuellement sur une proposition « d’ouvrir le dispositif d’aide au delà de 40 ans » pour les nouveaux arrivants, souvent en conversion professionnelle, donc plus âgés, a souligné une représentante du ministère.

Une amélioration du système de transmission des exploitations est aussi nécessaire, a jugé le président des JA, Samuel Vandaele: « il en va de la sécurité alimentaire en Europe et de la vie des territoires ruraux » a-t-il estimé, en souhaitant une « loi foncière pour favoriser l’accès des jeunes au foncier ».

Dans ce domaine, les prix ont été multipliés par deux en dix ans en France, même s’ils restent plus bas en moyenne que dans le reste de l’UE.

Pour parvenir à faire « libérer » les terres par les agriculteurs ayant dépassé l’âge de la retraite, le gouvernement français compte notamment sur sa réforme devant garantir une pension d’au moins 1.000 euros à un chef d’exploitation ayant une carrière complète.

Actuellement nombre d’exploitants âgés continuent de toucher les aides PAC et repoussent sans cesse leur départ en retraite, les pensions étant notoirement trop basses, de l’aveu même du gouvernement.

© AFP

5 commentaires

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    • Michel CERF

    Si seulement c’était le dernier veau !!!

    • denise

    on pourra cultiver sans produit chimique mais jamais sans eau !

    il faut changer de paradigme : la végétation ne consomme pas d’eau elle apporte des pluies , on ne peut pas alterner inondations et sécheresses sans rien faire !

    L’eau est un bien commun, la nature nous l’apporte à tous de la même façon : en surface et à domicile, les campagnes alimentent les nappes phréatiques alors que le béton des villes et les assainissements collectifs détournent massivement le bien commun vers la mer via les rivières !

    on gère une quantité alors qu’on doit gérer un flux ! La logique n’est pas du tout la même : pour avoir de l’eau il faut entretenir le cycle à la « source » : précipitations et évaporation ! Notre ressource principale c’est la pluie, dans le cycle naturel 70% des précipitations proviennent de l’évapotranspiration (végétation) et seulement 30% de l’évaporation en mer. Les forets utilisent 70% des pluies et en infiltrent seulement 30%, comme on a défriché pour cultiver on a coupé ce cycle l’été : pas d’évaporation = pas de pluie ! En végétalisant un maximum de surfaces l’été (donc en irrigant) on va rétablir le cycle ! A surface égale, un champs irrigué l’été évapore autant d’eau qu’une foret de feuillus et champs irrigué ne pourra JAMAIS utiliser plus d’eau l’été qu’il n’a reçu l’hiver ! Les forets de conifères évaporent deux fois moins d’eau donc apportent deux fois moins de pluies et donc brulent tous les étés … on ne consomme pas l’eau on l’utilise et elle est recyclable à 100%. A surface égale une foret de feuillus évapore 2 à 3 fois plus d’eau qu’un simple plan d’eau, d’où l’extrême importance de végétaliser toutes les surfaces (villes et campagnes ) l’été. On ne plante pas de conifère en Afrique !

    • Meryl Pinque

    Toute l’horreur est dans cette photo : la vache victime, que l’on présente consentante pour donner son veau que l’on tuera, tout comme elle.
    Immonde visage des éleveurs qu’ils ne cachent même pas.
    Votre meilleure résolution en 2020 : devenie végane.
    Pour les animaux, la planète et même votre santé.

    • Bousquet

    Jadis, je faisais partie d’une équipe mandatée par le gouvernement de l’époque pour stimuler l’insertion de personnes bénéficiaires du R.M.I.
    Ceci, pour endiguer le flot d’allocations souvent indues. Ne subsistaient QUE les bénéficiaires ayant une volonté affirmée de s’insérer dans un système pérenne qui les mettrait sur la voie qu’ils avaient choisie.
    En corrélation avec la CAF et la MSA – du fait de l’environnement rural – le Sou-Préfet accordait – ou non – la prolongation de cette aide. Nécessaire à Celles et ceux qui avaient un projet bien ficelé, des pistes apparaîssaient sur la conduite à tenir pour favoriser et faciliter cette insertion. Malheureusement, certaines actions, en milieu rural se heurtaient à la désertification de ces zones. Les possibilités d’emplois étant réputées plus favorables en milieux citadins.
    Il a fallu donc, créer des modèles de restructuration de centres-ville dans des bourgs qui avaient tendance à être désertés. Pour celà, des contrats visaient à restructurer et mettre aux normes des maisons ou autres appartements dans des lieux disséminés sur le territoire (l’arrondissement le plus vaste de France: En Arles). Les coûts s’avéraient pharaoniques. Mais les propriétaires devaient mettre la main à la poche pour cette restauration de leur patrimoine.
    Ainsi, tout le monde avait à y gagner :
    – Ces bénéficiaires, en premier.
    – Ces propriétaires.
    – L’emploi.
    – L’état qui voyait se muer des allocations à perte en projets d’investissement que certaines banques soutenaient. Voyant, quant à elles se dessiner des investissements à venir si tant est que les projets se réalisent dans un avenir proche.
    Les agriculteurs tiraient leur épingle du jeu en voyant cette main-d’oeuvre qui les aidait à améliorer leurs rendements.

    Je crois qu’il s’agît là de projets à développer même à l’heure actuelle.

    Tout n’étant ? Qu’une volonté politique.

    J.M Bousquet

    • Balendard

    L’eau pourrait être au cœur d’un processus nommé « Solar Water Economy » consistant à modifier deux chaînes énergétiques d’un autre âge pour assurer le chauffage de l’habitat.

    Les frais d’importation en produits fossiles des états membres seraient réduits au minimum ce qui permettrait à l’Europe moyennant une fiscalité adaptée de réduire les inégalités,

    Notre communauté européenne pourrait ainsi prendre encore de l’avance par rapport à l’Angleterre comme elle a d’ailleurs commencé à le faire avec le rugby et avec le nucléaire

    L’IESF section Île-de-France va bientôt tenté de vous convaincre à ce sujet