Quels impacts les choix énergétiques d’une société ont-ils sur les inégalités ? De quelle manière l’accès aux énergies, la manière de les produire, les distribuer et les employer se répercute sur le fonctionnement d’une société ? Autant de questions auxquelles l’ouvrage Energie et Inégalité, une histoire politique de Lucas Chancel (publié aux éditions du Seuil en 2025) tente de répondre. Pour y parvenir, l’économiste et enseignant à Science Po opte pour une approche historique, celle-ci aide aussi à réfléchir aux enjeux contemporains de l’énergie, notamment l’action climatique. GoodPlanet Mag’ propose de revenir grâce à cet entretien avec Lucas Chancel pour éclairer ce vaste sujet qui mérite un débat public.
Qu’est-ce qui vous a conduit à écrire ce livre Energie et Inégalité, une histoire politique ?
Ce livre est parti du constat qu’il y a une centralité des questions sociales au sein des enjeux énergétiques, climatiques et environnementaux. La question des inégalités se retrouve à tous les niveaux. Il est au centre des COP pour le climat entre les pays riches et les pays pauvres. Mais, il traverse aussi les sociétés et les individus. Les gilets jaunes étaient un exemple. Quand la question du changement de comportement est soulevée, on s’aperçoit que tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens économiques. Les personnes les plus favorisées, avec plus de revenus et de patrimoine que d’autres groupes sociaux, ont plus de marges pour faire évoluer leurs modes de vie.
« Comprendre à quel point l’énergie a toujours été une question d’inégalités et plus précisément de pouvoir. »
Je cherche à retracer l’histoire de l’énergie au prisme des questions liées aux inégalités. Cette enquête constitue à ma connaissance une première. Elle repose sur des données nouvelles qui permettent de comprendre à quel point l’énergie a toujours été une question d’inégalités et plus précisément de pouvoir. L’ouvrage démarre par une citation assez révélatrice de Matthew Boulton, industriel qui a investi et rendu possible l’essor de la machine à vapeur de James Watt. Matthew Boulton déclarait en parlant de cette dernière : « je vends ce que le monde entier désire : de la puissance ». En anglais, power, qui signifie puissance, possède un double sens celui de l’énergie mécanique ou produite par la machine, et celui du pouvoir économique, politique et social. J’ai voulu retracer cette histoire-là.
Qu’est-ce que l’étude historique apporte ?
Depuis la découverte du feu, chaque apparition d’une nouvelle source d’énergie s’accompagne de transformations profondes des sociétés, de nouveaux rapports de pouvoir et donc d’enjeux d’inégalités. Deux enseignements à tirer de l’histoire de l’énergie m’ont marqué. Le premier est que le pouvoir est au centre de cette histoire de l’énergie. Le second s’avère être à la fois un message de vigilance et d’optimisme : les sociétés démocratiques ont le choix d’organiser l’utilisation et la propriété de l’énergie de différentes manières. Depuis 150 ans, les sociétés démocratiques n’ont jamais cessé de débattre de qui contrôle l’énergie, de qui doit contrôler la production de charbon ou d’électricité, de qui doit contrôler les usages de l’énergie, c’est-à-dire plus concrètement l’usage de la voiture ou du chauffage pour ne mentionner que ces deux exemples.
« Les sociétés démocratiques ont le choix d’organiser l’utilisation et la propriété de l’énergie de différentes manières »
Ces sujets ont rythmé les débats dans les démocraties car les législateurs et les représentants du peuple se sont toujours méfiés d’une concentration trop forte du contrôle de l’énergie au sein du secteur privé. Cette défiance s’explique car la concentration aboutit à la création de rentes et à la captation de richesses. L’énergie se montre en effet indispensable à tous les membres de la société. Les besoins énergétiques font qu’on devient dépendant de l’énergie et de ceux qui la produisent. C’est la raison pour laquelle des législateurs, comme les parlementaires français en 1946 décident de nationaliser EDF ou encore les Travaillistes britanniques en 1947 feront de même pour le gaz. Aux États-Unis, quelques années plus tôt, le président Roosevelt avait aussi nationalisé certains pans de l’énergie. Tous ont en commun de s’être dit qu’il fallait un contrôle sur cette chose un peu mystérieuse qu’est l’énergie, et qu’il est essentiel de bien la maîtriser en démocratie.
« Les législateurs et les représentants du peuple se sont toujours méfiés d’une concentration trop forte du contrôle de l’énergie au sein du secteur privé »
Vous présentez vos travaux comme une enquête, quelle découverte vous a le plus surpris en travaillant sur le sujet des inégalités et de l’énergie ?
L’énergie ne se résume pas à un processus uniquement physique et technique, l’énergie est un fait social profondément ancré dans l’organisation de nos sociétés. L’énergie se retrouve donc au cœur des inégalités et des rapports de pouvoir.
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Depuis toujours, le passage d’une source d’énergie à l’autre va induire des transformations sociales très fortes. Les acteurs puissants vont tenter de s’emparer des nouvelles sources d’énergie parce qu’ils voient bien que leur pouvoir pourrait être déstabilisé si d’autres le font avant eux. Pour donner un exemple, il faut revenir aux Xe et XIe siècle, en France, l’essor des moulins à eau est une révolution. De nombreux villages situés au bord des cours d’eau vont alors en construire. Cette nouvelle source d’énergie mécanique entre en compétition avec d’autres sources d’énergie, comme les broyeurs à main manipulés par des villageois. Les seigneurs vont chercher à les accaparer, ils vont imposer une nouvelle taxe appelée « les banalités » à ceux qui utilisent les moulins à eau. De cette manière, le pouvoir de la noblesse capte la rente énergétique. Les seigneurs féodaux craignent de perdre une partie de leurs pouvoirs avec les moulins à eau tout en voyant dans cette technologie une opportunité d’accumulation de nouvelles richesses. Des situations similaires se répètent à plein de moments de l’histoire de l’énergie. Lors de l’apparition du charbon et du pétrole, il y a eu une ruée pour contrôler les mines ou les puits de pétrole afin de capter cette rente. Cela donne lieu à des luttes entre non seulement des individus puissants, des États, des entreprises et des multinationales, mais aussi des acteurs publiques et démocratiques comme des communes, des parlements qui estiment que ces ressources doivent être utilisées pour le bien de tous et non pas au seul bénéfice d’intérêts privés.
« L’énergie ne se résume pas à un processus uniquement physique et technique, l’énergie est un fait social »
Est-ce que l’énergie est un sujet éminemment politique mis aujourd’hui de côté au nom de la technologie et la technique, ce qui aboutit à ce qu’on passe sous silence ses dimensions sociales ?
Absolument. Nous avons été habitués à traiter l’énergie comme quelque chose de physico-technique alors que l’énergie se révèle dans le même temps un sujet socio-politique. Les choix énergétiques ne sont jamais neutres. L’énergie devient un enjeu de pouvoir et de contrôle sur les êtres, c’est pourquoi il faut en débattre. Or, il me semble qu’on traite l’énergie comme une chose complexe, un système énergétique à optimiser sans se poser les questions de savoir qui le détient ? Ni de savoir à qui ce dernier bénéficie réellement ? Et si, nous, au sens démocratique, sommes bien d’accord avec ces modalités de contrôle et d’utilisation ? Pour donner corps à cet argument, aujourd’hui de nouveaux acteurs, des entreprises privées des GAFAM, comme Google et Amazon, se mettent à investir dans le nucléaire pour alimenter en électricité leurs centres donnés. Une question à se poser serait de savoir, par exemple, si nous sommes prêts en Europe à voir débarquer de tels investissements ? Ils reposent la question de la puissance, de la maîtrise de l’énergie, de ses coûts, des risques et des bienfaits.
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Quelles articulations s’opèrent entre les énergies et les inégalités ? Avec le recul historique opéré dans votre enquête, diriez-vous que les énergies sont source d’inégalités ou que ces dernières reflètent les inégalités ? Ou un peu des deux à la fois ?
Les deux, car, comme souvent en termes d’inégalités, c’est difficile de trancher. Il ne faut pas oublier que l’énergie représente aussi des possibilités, des facultés d’agir. En ce sens, elle est donc un facteur d’inégalités. Effectivement disposer de plus d’énergie permet de faire plus de choses. Toutefois, la question à se poser est celle de la répartition de ces opportunités au sein de la société. Disposer d’énergie permet de se déplacer, de produire plus, de rencontrer et de communiquer avec plus de gens, d’accéder à plus d’emplois et d’activités. Ainsi, l’énergie bien répartie et de façon égale constitue une des conditions de l’égalité des opportunités et des chances. À l’inverse, une énergie mal répartie va contraindre les possibles.
« L’énergie bien répartie et de façon égale constitue une des conditions de l’égalité des opportunités »
Les inégalités préexistantes renforcent et exacerbent aussi les inégalités dans les usages énergétiques. Si vous disposez de peu de revenus, l’énergie ponctionne une part plus importante de votre budget et vous y avez moins accès. Et, le coût de la consommation d’énergie peut devenir une sorte de trappe à pauvreté.
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Revenir à l’histoire éclaire ce questionnement. Au début du XXe siècle, les campagnes n’avaient pas accès à l’électricité. Leur électrification va permettre leur développement économique. L’accès égalitaire, en France on parle d’accès universel à l’électricité, répondait aussi à une logique d’accès pour tous. Ce n’est pas seulement une question de raccordement, mais aussi de tarification avec la péréquation du prix, qui permet aux zones où la production et l’acheminement coûtent plus chers, de bénéficier d’un tarif équivalent.
La prise en compte des limites planétaires modifie-t-elle l’approche qu’on a des énergies, notamment en ce qui concerne les inégalités ?
Théoriquement, la limite planétaire du budget carbone et du réchauffement climatique devrait nous contraindre à employer d’autres énergies que le charbon, le pétrole et le gaz. Le problème ici ne réside pas dans l’abondance ou la pénurie des ressources en énergies fossiles, mais la capacité de l’écosystème terrestre et climatique à absorber les gaz à effet de serre émis par la combustion des ressources énergétiques. Chaque utilisation de pétrole, de charbon ou de gaz rajoute une goutte d’eau à ce vase qui est en train de déborder. La survie du vivant est menacée par la dégradation du climat, qui concerne également l’espèce humaine si rien n’est fait pour arrêter l’emballement des températures.
« Rénover son logement, passer à l’électrique, changer de chaudière ou de voiture, consommer du bio est très lié à nos capacités financières »
La crise climatique doit nous forcer à changer notre système énergétique. Mais, il reste à savoir qui a les moyens de se transformer. Tous les pays ne sont pas égaux face à ce défi, car les richesses sont concentrées dans les pays du Nord. 10 % de la population mondiale détient 75 % des richesses mondiales : revenus, patrimoine et énergie. Alors que tout le monde doit se transformer, tout le monde ne possède pas les mêmes capacités pour financer sa transition. Ce qui est vrai entre les pays l’est aussi à l’intérieur de ceux-ci. Rénover son logement, passer à l’électrique, changer de chaudière ou de voiture, consommer du bio est très lié à nos capacités financières. Or, dans un pays comme la France, la moitié de la population ne possède que 5 % du total des richesses. Cette inégalité très forte, y compris dans un pays riche comme la France, complique la donne du point de vue de la transition énergétique.
Vers quelles répercussions politiques mène la prise en compte des inégalités face à la transition ?
Il est nécessaire de réduire les inégalités pour réussir la transition énergétique et climatique. Il existe plusieurs manières de les réduire et d’y arriver. Par exemple, en permettant à chacun d’accéder à une rénovation thermique de son logement à un prix abordable et modéré grâce à des subventions. Hélas, MaPrimeRenov’ a perdu 1,5 milliards d’euros de budget ces deux dernières années.
« Prendre la voie d’une transition qui ne s’attaque pas aux inégalités suscitant de la contestation conduit les gouvernements à avoir deux solutions : soit son abandon, soit son imposition de manière non-démocratique »
Penser qu’on va pouvoir réaliser cette transition qui nécessite des changements majeurs et profonds dans nos modes de production et de consommation sans s’attaquer au niveau des inégalités me semble totalement déconnecté de l’ampleur de la tâche. Parce que si une partie importante de la population n’a pas les moyens de changer et que ces transformations lui sont imposées sans leur en donner les moyens, cela créée des mouvements puissants de ressentiment contre la transition, comme avec les Gilets Jaunes. Prendre la voie d’une transition qui ne s’attaque pas aux inégalités suscitant de la contestation conduit les gouvernements à avoir deux solutions : soit son abandon, soit son imposition de manière non-démocratique. La conclusion logique est que si on tient à la préservation de l’environnement, de l’espèce humaine et de la démocratie, alors il faut réduire les inégalités de richesses dans le cadre de la transition. La bonne nouvelle est que l’histoire de l’énergie montre que la redistribution peut s’opérer et que des solutions existent.
À propos de l’empreinte carbone, notamment individuelle, vous soulignez que les méthodologies employées pour la mesurer ont des biais. Elles donnent par conséquence des résultats différents selon la méthode de calcul. Comment se traduisent ces biais et en quoi sont-ils un frein à des politiques efficaces de lutte contre le réchauffement climatique ?
L’empreinte carbone, telle qu’on la comprend et utilise généralement aujourd’hui, c’est-à-dire la mesure les émissions des consommations énergétiques d’un individu, a été diffusée par la firme pétrolière BP au début des années 2000. Elle le fait grâce à une campagne de communication qui met en avant l’expression « empreinte carbone » tout en l’appliquant aux individus. Une littérature va par la suite se développer autour de ce concept pour notamment le mesurer. Cette approche pose un problème car elle fait comme si chaque individu était et n’était qu’un consommateur d’énergie. Dans ces méthodes-là, l’ensemble des émissions de carbone se retrouvent résulter du consommateur. Les résultats peuvent alors devenir absurdes car remplir le réservoir d’essence de sa voiture pour se rendre au travail tous les jours conduit à émettre beaucoup de carbone, mais investir 250 000 euros dans Total n’émet rien selon la méthodologie standard de l’empreinte carbone.
La méthode de calcul de l’empreinte carbone devient un vrai sujet en soi puisqu’il se répercute sur les mesures politiques à prendre. Est-ce que le cadre développé par BP au début des années 2000 n’avait pas justement vocation à réduire et atténuer la responsabilité de certains acteurs, en particulier les actionnaires et les entreprises, au détriment d’autres comme les consommateurs et les citoyens ? Ce faisant, la responsabilité de la transformation des modes de vie et de consommation échoit aux individus et non plus aux acteurs économiques responsables de l’offre. Sauf que, bien souvent, les particuliers sont contraints : ils n’ont pas accès aux transports en commun ni les moyens d’acquérir un véhicule électrique dans le cas de la mobilité.
Les gens restent tributaires de nombreuses contraintes dont l’offre économique d’alternatives. Malgré les critiques formulées, je ne dis pas qu’il ne faut pas utiliser les mesures standards d’empreinte carbone, elles peuvent se révéler utiles pour le consommateur, à condition que les personnes aient les moyens de changer leur mode de vie.
Ii faut néanmoins garder à l’esprit que tout le monde ne dispose pas de la capacité de modifier ses habitudes pour des raisons économiques. C’est pourquoi, avec des collègues, nous avons développé d’autres manières de comptabiliser et représenter les inégalités d’émission. Les empreintes liées au patrimoine permettent de mieux comprendre les inégalités d’émissions associées à l’épargne, aux investissements et au patrimoine. Ces nouvelles approches sont complexes surtout car elles cherchent à éviter de compter deux fois la même tonne de carbone.
Savons-nous encore questionner nos usages de l’énergie ?
Je pense que nous ne sommes pas assez conscients de ce qui relève des usages nécessaires et des usages superflus de l’énergie. Il s’agit en réalité d’une question philosophique et anthropologique liée à l’enjeu fondamental de la sobriété. Matériellement, il faut réduire nos consommations. Dès lors, il faudrait se demander quel appareil électrique est utile, quel usage du numérique est pertinent et si la réponse à nos besoins passe nécessairement par l’énergie. Est-il utile d’avoir des panneaux publicitaires sous forme d’écran éclairé ? Les industries de l’électroménager et de l’électronique produisent une abondance d’objets qui aboutissent à une surconsommation. Et les industriels ont réussi à faire en sorte qu’on n’ait plus vraiment le choix. On en vient à faire des choix mécaniques, comme l’a encore montré le très récent Black Friday où les appareils électriques sont mis en avant.
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La capacité de choix des individus reste déterminée par le cadre énergétique. Un exemple connu est celui des tramways américains. Dans les centres-villes américains, des lignes de tramways se développent jusque dans les années 1930 et 1940, mais ce n’est pas du goût des producteurs de pétrole et de l’industrie automobile. Ils vont donc tout faire pour casser cette concurrence. Les entreprises de tramways sont rachetées par la Standard Oil et General Motors, qui vont alors les faire couler. La manœuvre est certes illégale, mais les pétroliers et les manufacturiers de l’automobiles sont condamnées trop tard, après que le mal a eu été fait. Les habitants de ces villes désormais privées de transports en commun n’auront plus d’autre possibilité que de se tourner vers la voiture individuelle. Ceux qui contrôlent les infrastructures imposent donc un choix par défaut aux habitants des centres-villes : l’usage de la voiture.
« La bonne nouvelle est que la démocratie a permis et permet depuis 150 ans d’inventer de nouvelles formes d’organisation sociale et économique qui permettent de reprendre le contrôle »
Si ces choix sont difficiles à poser, c’est parce que le système économique fait tout pour qu’on ne se pose pas la question de l’alternative. En revanche, la bonne nouvelle est que la démocratie a permis et permet depuis 150 ans d’inventer de nouvelles formes d’organisation sociale et économique qui permettent de reprendre le contrôle. J’appelle ceci la « socialisation de l’énergie ». Bien que le terme « socialisation » semble daté, il correspond à la réalité. Cela signifie simplement que des outils économiques du secteur privé sont placés entres d’autres mains afin que le but de l’entreprise soit de rendre un service et non pas de maximiser le profit et d’inciter à une croissance incessante de la consommation. Cela s’est vu dans le domaine de l’eau, de l’énergie ou encore de la gestion des déchets avec la mise en régie ou la reprise en main d’activités. Ainsi, des villes, des régions ou des États peuvent adopter cette démarche. Mais, grâce aux énergies renouvelables, on voit aussi apparaitre des coopératives d’usagers ou de consommateurs.
Avez-vous un dernier mot ?
À mon sens, il est important de panacher les modèles et les sources de pouvoir afin d’éviter la concentration de la production, de la diffusion ainsi que de l’usages de l’énergie. Il est important de faire cohabiter le privé et le public ainsi que de diversifier les acteurs de l’énergie.
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Je tiens à insister sur la diversité des possibles. L’histoire des démocraties depuis près de deux siècles est celle de tentatives pour reprendre en main collectivement et démocratiquement l’énergie. Dans certains cas ça fonctionne, dans d’autres non. Il n’en demeure pas moins qu’il reste une belle histoire du service public de l’énergie en France avec EDF depuis 1946, même si le sujet de la privatisation reste ouvert. Aujourd’hui, l’histoire de l’énergie se réouvre, car le secteur ne se réduit plus juste à des grosses centrales, ce sont désormais des producteurs décentralisés, des écosystèmes industriels pour développer de nouvelles technologies et des entreprises dont la vocation est de nous aider à réduire nos consommations grâce au partage des ressources.
Propos recueillis par Julien Leprovost
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