La contribution individuelle d’une personne faisant partie des 10 % les plus riches au changement climatique est 6,5 fois supérieure à celle d’une personne aux revenus moyens.
Une nouvelle étude scientifique publiée dans Nature Climate Change le 7 mai établit un lien entre les inégalités de revenus et la responsabilité des 10 % les plus riches dans la crise climatique en raison du niveau de leurs émissions de gaz à effet de serre. Cette partie de la population (820 millions de personnes) est responsable des deux tiers du réchauffement climatique sur la période 1990-2020. Tandis que les 50 % les plus pauvres ne représentent qu’un dixième des émissions mondiales. Ainsi, la contribution individuelle des 10 % les plus riches au réchauffement climatique est 6,5 fois supérieure à celle d’un habitant dans la moyenne mondiale.
Cette empreinte carbone est calculée en additionnant les émissions personnelles aux investissements. « Notre étude montre que les crises climatiques ne sont pas seulement le résultat d’émissions mondiales abstraites, mais que nous pouvons les associer directement à notre mode de vie et à nos choix d’investissement, qui sont à leur tour liés à la richesse », explique l’auteure principale Sarah Schöngart, ancienne élève du Young Scientists Summer Program (YSSP) 2024, qui est actuellement associée à l’ETH Zurich.
Les investissements des 10 % les plus riches se répercutent à l’autre bout du monde
S’il est déjà acté que les 10 % les plus riches génèrent davantage d’émission de CO2 par personne, cette étude montre l’impact des investissements des personnes les plus riches sur les événements météorologiques extrêmes. « Si tout le monde avait émis comme les 50 % les plus pauvres de la population mondiale, le monde aurait connu un réchauffement supplémentaire minime depuis 1990 », déclare le co-auteur Carl-Friedrich Schleussner, qui dirige le groupe de recherche intégrée sur les impacts climatiques à l’IIASA. L’impact de ces investissements est considérable. Si l’ensemble de la population mondiale avait émis autant que les 10 % les plus riches, l’augmentation de la température mondiale aurait été de 2,9 °C. Voire de 12,20 °C si l’on prend les émissions des 0,1 % les plus riches. Elon Musk, la personne la plus riche du monde, émet par an 5 947 tonnes de CO2 selon OXFAM. Il faudrait 834 années d’émissions pour une personne dans la moyenne mondiale pour atteindre un tel impact carbone.
Pour les scientifiques, « l’injustice climatique persiste, car les personnes les moins responsables sont souvent celles qui subissent les plus grands impacts, tant entre les pays qu’à l’intérieur de ceux-ci ». Si les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine et l’Inde, sont les zones les plus émettrices, ce ne sont pas les zones les plus touchées par les événements météorologiques extrêmes. L’étude prend l’exemple des émissions des 10 % les plus riches en Chine et aux Etats-Unis qui seraient responsables d’une multiplication par deux, voire par trois des vagues de chaleur en Amazonie, Asie du Sud-est et Afrique du Sud-est.
« l’injustice climatique persiste, car les personnes les moins responsables sont souvent celles qui subissent les plus grands impacts, tant entre les pays qu’à l’intérieur de ceux-ci »
Pour ses auteurs, cette étude pourrait devenir un outil politique notamment en matière d’acceptation sociale de l’action climatique. Les émissions liées à la richesse provenant principalement des investissements plutôt que de la consommation personnelle, les auteurs proposent un impôt mondial coordonné sur la fortune qui viendrait altérer les injustices climatiques en s’appuyant sur les responsabilités en matière d’impact climatique.
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Pour aller plus loin
L’étude Les groupes à revenu élevé contribuent de manière disproportionnée au changement climatique est disponible sur le site de Nature Climate Change depuis le 7 mai 2025.
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2 commentaires
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Quidamus
Il ne peut y avoir de sobriété écologique sans sobriété économique (tous le même salaire, du balayeur au PDG d’une multinationale), c’est connu depuis longtemps et de nombreux spécialistes l’ont déjà prouvé.
Evidement c’est la raison principale pour laquelle les plus riches utilisent tous les coup les plus tordus pour que cela n’arrive jamais. Lobbying, intrusion politique, trafic d’influence, rachat des médias, création et développement du climato-scepticisme afin de générer de sectes d’écervelés qui leur sont favorables.
laurence valon
un tiers = 63% contre 0,1 cela fait 600 fois de plus et pas 6 fois