La population mondiale pourrait diminuer plus vite que prévu

population mondiale

Piscine à Chengdu, province du Sichuan en République populaire de Chie © HUMAN/ Fondation GoodPlanet

Une étude démographique commandée par le Club de Rome présente de nouvelles perspectives sur l’évolution de la population mondiale d’ici la fin du siècle. Cette étude réalisée par Earth4all revoit en effet à la baisse les projections sur le nombre d’habitants qui peupleront la Terre en 2100. Alors que les démographes de l’ONU estiment que, à ce moment-là, notre planète comptera 9,7 milliards d’humains, le rapport d’Earth4all avance un chiffre plus faible compris entre 6  et 7,3 milliards.

Un pic de population en-dessous des 9 milliards d’humains

La population mondiale compte aujourd’hui un peu plus de 8 milliards d’individus. Ce rapport s’appuie sur une nouvelle méthodologie pour revoir à la baisse des prévisions de l’ONU et présente deux scénarios possibles. Earth4all estime que le pic de population humaine serait atteint vers 2040/2050 avec 8,8 milliards d’êtres humains. Ensuite, la population mondiale devrait décliner progressivement avant de se stabiliser.

Les auteurs du rapport rappellent qu’au niveau mondial, le taux de fertilité est un peu au-dessus de 2 enfants par femme bien qu’il subsiste de fortes disparités selon les pays. Le nombre d’enfants par femme tend à diminuer au fur et à mesure que les sociétés s’enrichissent et que les femmes ont accès à l’éducation et à la contraception.

Le spectre de la surpopulation s’éloigne, mais celui des crises environnementales demeure

Les auteurs du rapport rappellent que les crises écologiques ne sont pas le fait d’une surpopulation humaine, mais de la surexploitation des ressources par la minorité la plus aisée. Ben Callegar, un des auteurs du rapport, cité par le quotidien The Guardian voit de l’optimisme dans cette étude : « elle nous apporte la preuve que la bombe démographique ne va exploser, cependant nous faisons encore face à d’importants défis environnementaux. Il nous faudra beaucoup d’effort pour y faire face, notamment pour nous attaquer aux paradigmes de la surconsommation et de la surproduction, qui sont deux problèmes bien plus graves que la question de la population. »

Interrogé par GoodPlanet Mag’ à propos de ces travaux, Gilles Pison, chercheur démographe à l’Institut national d’études démographiques et au Muséum National d’Histoire naturelle et auteur de L’Atlas de la population mondiale (aux éditions Autrement) explique que les résultats de l’étude pour le Club de Rome se rapprochent des scénarios les plus bas d’évolution des Nations Unies. Il note qu’Earth4all prend en compte l’influence de paramètres comme le réchauffement climatique sur l’espérance de vie ou le PIB par habitant sur le nombre d’enfants par femme. Mais, il estime mal connus les effets démographiques de ce type de facteurs.

Gilles Pison : « il faut se rappeler qu’en deux siècles, la population mondiale a été multipliée par 8. Et que si elle continue d’augmenter, c’est à un rythme qui diminue depuis 60 ans, étant passée de 2 % par an à 1 %. » Le démographe français précise qu’actuellement le taux de fécondité est de 2,3 enfants par femme en moyenne dans le monde, mais que « les 2/3 de l’humanité vit dans une région du monde où le taux de fécondité est inférieur au seuil de remplacement, qui est fixé à 2,1 enfants.  Partout, les gens font moins d’enfants car ils désirent leur offrir une vie longue et de qualité. » Enfin, l’expert explique qu’ « il est possible que la population mondiale atteigne un sommet avant la fin du siècle et se mette ensuite à diminuer. Il est en revanche illusoire de penser pouvoir agir sur le nombre des êtres humains à court terme. On n’échappera pas à un surcroît d’un à deux milliards d’ici 2050 en raison de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. » Enfin, il conclut en déclarant « il est possible d’agir sur les modes de vie, et ceci sans attendre, afin de les rendre plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité et plus économes en ressources. La vraie question, celle dont dépend la survie de l’espèce humaine à terme, est finalement moins celle du nombre que celle des modes de vie. »

Julien Leprovost

À lire aussi sur la démographie et l’environnement

L’infertilité touche une personne sur six, selon l’OMS

La population mondiale dépasse mardi les 8 milliards d’habitants

Le problème n’est pas la population mais les modes de vie

Des Français et des Européens plus prompts à intégrer la contrainte climatique dans leur quotidien

Avion, mode, viande, vidéo en ligne ou voiture, à quoi les Français, les Européens, les Américains et les Chinois sont-ils prêts à renoncer pour lutter contre le changement climatique ?

Faire moins d’enfants, meilleure action pour réduire son empreinte carbone

Que retenir de la synthèse du 6e rapport d’évaluation du GIEC ?

Interview de Mathis Wackernagel, créateur de l’empreinte écologique pour le jour du Dépassement : « dans un monde où le dépassement persiste, le risque de ne pas disposer de ressources suffisantes est de plus en plus important »

1972 : le rapport Meadows

Portrait d’une jeunesse éco-anxieuse

Chine : la population a baissé pour la première fois en 2018

6 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Balendard

    Un Lutin nautique devenu Lutin thermique avait déjà prévu il y a une bonne dizaine d’années que la croissance sur le long terme ça ne colle pas et ceci qu’il s’agisse de la croissance économique démographique
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/LT-croissance.htm

    • Serge Rochain

    Le levier des religions est l’instrument de la démographie. Plus le monde est religieux plus la population s’accroit.

    • xav7849

    l’humanité doit se réguler si on veut vivre tous correctement

    • Dan

    Enfin une bonne nouvelle. Nous sommes trop nombreux sur cette terre

    • Rochain Serge

    « Ce rapport s’appuie sur une nouvelle méthodologie pour revoir à la baisse des prévisions de l’ONU ».
    Il faut donc comprendre que le decompte de l’ONU ne plaisant pas car trop élevé, on décide du nombre auquel on veut aboutir et ensuite on crée une méthodologie qui permet d’arriver au nombre souhaité…. c’est ça ?
    Serge Rochain

    • Dataz

    Non, il y a d’autres chercheurs qui se sont penchés sur le sujet et ont dterminé que la croissances dans les pays d’Afrique ne serait pas celle attendu pour une multitude de facteurs et que c’était le continent à nous apporter le plus gros volume de naissance sur les 60 ans à venir, et ce ne serait finalement pas le cas, acr l’Afrique se développant vite, ce développement donne les mêmes caractéristiques que les pays occidentaux aux parents ou futurs parents. Les gens s’informent, l’infertilité continue de grimper, les politique sur les baisses de CO2 jouant… etc etc….