Découvrir puis mesurer son Empreinte Forêt avec SuperBosquet, le supermarché où les achats se règlent en surface déforestée

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Le SuperBosquet d'Envol Vert pour où le partcipant découvre l'empreinte forêt de ses achats Photo © Envol Vert

Le SuperBosquet ressemble à n’importe quel supermarché, sauf qu’il est en bois et que tous les produits en rayon se paient en surface de forêts nécessaires à leur élaboration. Il s’agit d’un outil de sensibilisation simple, concret et ludique à l’Empreinte Forêt. Il a été imaginé et développé par l’association Envol Vert. Dans cet entretien, Elie Favrichon, chargé de mission Empreinte Forêt au sein d’Envol Vert, explique comment se déroule une visite au SuperBosquet.  Avec d’autres membres d’Envol Vert, il sera présent à la Fondation GoodPlanet le samedi 26 novembre pour animer un atelier « Découvrez l’impact de vos courses avec SuperBosquet » libre et gratuit. 

Tout d’abord, qu’est-ce que l’Empreinte Forêt qu’on mesure dans le SuperBosquet ?

Il s’agit d’un outil de sensibilisation qui informe de l’impact de notre consommation sur les forêts dans le monde. Il faut savoir qu’une grande partie de la déforestation dans les régions tropicales est liée à l’agriculture et notamment l’agriculture commerciale. Les matières premières responsables de cette déforestation sont ensuite échangées via le commerce international et sont consommées dans des pays où elles ne sont pas produites. Par exemple, la France métropolitaine ne produit pas de cacao et doit donc l’importer de régions où sa culture entraîne potentiellement de la déforestation.  

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Pourquoi faut-il la réduire ?

Il est de plus en plus urgent de lutter contre la disparition des forêts. Réduire son Empreinte Forêt permet de réduire la pression des activités humaines sur des écosystèmes importants. 8 matières premières (bœuf, soja, café, cacao, hévéa, papier, bois et huile de palme) sont considérées comme fortement à risque de déforestation. Leur production, quand elle gagne de l’espace au détriment des zones boisées, comme les forêts tropicales, participe à la destruction des écosystèmes. Or, les écosystèmes forestiers rendent de nombreux services environnementaux comme le stockage du carbone, la préservation de la biodiversité, leur participation au cycle de l’eau sans parler de ce qu’ils apportent comme ressources à de nombreuses populations comme de la nourriture, un habitat, de l’énergie ou encore du bien-être ou des loisirs.

[Faites le Quiz Empreinte Forêt pour tester vos connaissances sur le sujet]

Comment l’expliquez-vous grâce au SuperBosquet qui est une réplique en bois de supermarché ?

Les principaux produits qui ont un impact sur la forêt proviennent de l’alimentation qu’on peut acheter en supermarché, mais pas uniquement. Du coup, l’objectif du SuperBosquet est de plonger le participant dans une action quotidienne. Tout le monde fait des courses. Le SuperBosquet propose ainsi une centaine de produits qui peuvent avoir ou non un impact sur la forêt. Mais, à la fin au lieu de payer en argent, le participant paie fictivement en fonction de la surface déforestée. Cela doit permettre d’aboutir à une discussion pour comprendre pourquoi tel produit a plus d’impact qu’un autre en prenant conscience de ce qui se trouve derrière sa composition.

« 8 matières premières sont considérées comme fortement à risque de déforestation. »

Avez-vous un exemple de produit qu’on trouve dans le SuperBosquet ?

Tout à l’heure, on parlait du cacao, c’est une matière première à risque de déforestation. On retrouve donc dans Le SuperBosquet des produits à base de chocolat, comme des tablettes ou des pâtes à tartiner. Ils sont notés de A à E, sur le modèle du Nutriscore, mais cette fois les lettres évaluent leur impact sur la forêt. Les participants pourront donc voir leur impact puis les classer et choisir les plus respectueux de l’environnement.

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Qu’est-ce qui surprend le plus les participants au SuperBosquet ?

Ils découvrent des matières premières « cachées », typiquement le soja. C’est la matière première participant le plus à la déforestation, pourtant on en consomme très peu tel quel. Il s’avère en effet qu’on retrouve du soja dans l’alimentation des animaux d’élevage. Et le soja se retrouvera donc, de manière indirecte, dans la consommation de viande. Les participants sont surpris et la plupart d’entre eux ne s’y attendent pas. On peut consommer des produits de France, mais contenant des matières premières issues de la déforestation à l’autre bout du monde. On peut alors parler de déforestation directe importée cachée.

« Le soja est la matière première participant le plus à la déforestation, pourtant on en consomme très peu tel quel. »

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Quel regard portez-vous sur les engagements du gouvernement français et de l’Union européenne dans la lutte contre la déforestation importée ?

Il y a eu en France un mouvement pionnier en 2018 avec la stratégie nationale contre la déforestation importée. Il est en pleine expansion avec la réflexion en cours, au niveau européen, autour d’une réglementation sur la mise sur le marché de produits sans déforestation. C’est bien que cette réflexion soit initiée, cependant il lui manque une vision large qui englobe au maximum l’impact de ces produits là en ajoutant aux forêts les autres écosystèmes forestiers comme les savanes. Ces dernières n’entrent pas dans la définition stricte de la forêt, alors qu’elles sont pourtant elles aussi menacées. Je pense au Cerrado, une savane arborée du Brésil menacée par l’extension des cultures de soja pour l’élevage.

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Comment faire pour réduire son Empreinte Forêt ?

La première étape est de prendre conscience que ce que nous consommons a un impact sur les forêts, puis petit à petit de changer ses habitudes et partager l’information. Même si les actions personnelles ne font pas tout, elles sont utiles. Chacun peut réduire sa consommation de matières premières à risque de déforestation en diminuant la consommation de viande ou de produits transformés qui n’offrent pas de garanties de traçabilité sur la provenance de leurs ingrédients…  Le soja est le premier facteur de la déforestation, réduire la viande a un impact important au niveau individuel.

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Ensuite, chacun peut agir auprès des politiques et des entreprises pour qu’elles établissent des critères d’achat qui prennent en compte la déforestation dans leur chaîne d’approvisionnement ou pour les cantines par exemple.

Propos recueillis par julien Leprovost

Pour en savoir plus, participez à l’atelier Découvrez l’impact de vos courses avec SuperBosquet ! libre et gratuit samedi 26 novembre de 13h à 18 à la Fondation GoodPlanet. Avec Envol Vert et le soutien de la Fondation du Patrimoine.

Faites le Quiz Empreinte Forêt sur le site d’Envol Vert pour tester vos connaissances sur le sujet et réduire votre impact.

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