Vanessa Nakate : faire entendre la souffrance des enfants frappés par la crise climatique

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La militante pour le climat Vanessa Nakate dans les bureaux de l'Unicef à New York, le 14 septembre 2022 © AFP Ed JONES

Nations unies (Etats-Unis) (AFP) – Toute nouvelle ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef, la jeune militante pour le climat Vanessa Nakate s’est donné pour mission d' »amplifier » la voix des enfants en première ligne du réchauffement, pour que leurs souffrances ne soient pas seulement des « statistiques ».

« Dans mon parcours de militante, j’ai toujours pensé que chaque militant a sa propre histoire à raconter, que chaque histoire apporte une solution et que chaque solution peut changer une vie », raconte la jeune Ougandaise de 25 ans lors d’un entretien avec l’AFP.

En créant son organisation Rise Up Movement, en rejoignant la militante suédoise Greta Thunberg dans son combat pour le climat, elle a participé à la mise en place d’une « plateforme pour amplifier les histoires de ces militants ».

« J’espère continuer à faire la même chose, amplifier, servir de tribune pour les histoires de ces enfants que j’ai rencontrés au Turkana, (région du Kenya dont elle revient, NDLR), les enfants d’Ouganda et de nombreux autres à travers la planète qui souffrent à cause de la crise climatique », explique-t-elle au siège de l’Unicef qui l’a nommée jeudi ambassadrice de bonne volonté.

Amplifier leur voix mais pas être leur voix, insiste-t-elle, parce que « chacun a sa propre voix, sa propre histoire et sa propre expérience ».

« Mais la vraie question, c’est +est-ce que quelqu’un écoute ce que nous disons ? Est-ce que quelqu’un y prête attention?+ ».

La jeune femme vient de visiter avec l’Unicef hôpitaux et centres de nutrition au Turkana, région kényane frappée, comme une grande partie de la Corne de l’Afrique, par une sécheresse dramatique qui met en lumière la vulnérabilité de cette zone aux aléas climatiques appelés à s’intensifier avec le réchauffement de la planète.

« J’ai rencontré beaucoup d’enfants souffrant de malnutrition sévère à cause de cette sécheresse », raconte-t-elle. L’un d’entre eux n’a pas passé la nuit, apprenait-elle le lendemain.

En rencontrant ces habitants,  » vous passez des statistiques écrites dans des articles à la réalité de ce qui se passe sur le terrain », souligne la jeune femme. Ces enfants et ces mères qui souffrent « sont le visage de ce qui se passe en réalité ».

Et la preuve qu’il faut « plus d’argent pour atteindre plus de mères, pour aider plus d’enfants avec des traitements contre la malnutrition ».

La militante espère désormais pouvoir aller écouter les histoires d’autres enfants dans d’autres régions en crise à travers la planète.

Selon l’Unicef, environ un milliard d’enfants dans le monde vivent dans un des 33 pays classés à « très haut risque » face aux impacts du changement climatique.

Alors que les sécheresses, inondations, tempêtes ou canicules vont se multiplier sous l’effet du réchauffement de la planète que les actions des gouvernements ne suffisent pas à freiner, le monde occupé par l’Ukraine ou le Covid-19 « ne fait pas assez attention aux questions climatiques », estime Vanessa Nakate. « C’est frustrant ».

D’autant que pour elle, toutes les crises auxquelles l’humanité fait face sont liées et doivent donc être traitées en même temps. « C’est un puzzle. Si une pièce du puzzle manque, le puzzle ne peut jamais être terminé ».

« Les dirigeants mondiaux doivent comprendre que la Terre est comme une maison pour nous tous, un toit. Et nous devons nous assurer que ce toit est en bon état partout et ne fuit pas », poursuit-elle.

« Parce qu’une quelconque fuite sur une partie du toit finira par atteindre tout le monde dans la maison. Peut-être pas tout de suite, mais à la fin, tout le monde sera touché ».

© AFP

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