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Des légumes pour recycler les terres rares ?

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Un sac contenant des pièces d'ordinateurs destinées au recyclage afin d'en extraire les métaux précieux comme l'or. Kenya. © Ed RAM / AFP

Des chercheurs de l’Université de Penn State, en Pennsylvanie aux États-Unis, ont réalisé une prouesse étonnante dans le retraitement des déchets électroniques et la récupération des terres rares en utilisant des fruits et des légumes. Ils sont parvenus à séparer certaines terres rares, comme les néodymes, de leur objet électronique d’origine, grâce à des tomates, du maïs ou du coton. Ce procédé chimique, s’il venait à pouvoir se généraliser, représente une piste pour améliorer le recyclage des déchets électriques et électroniques (DEEE), favoriser la récupération de ressources et ainsi limiter l’extraction minière.

Séparer les terres rares de leurs déchets électroniques pour les réutiliser ? C’est l’objectif de l’équipe du chercheur Amir Sheikhi, professeur assistant en ingénierie chimique de l’université de Pennsylvanie. Et, la technique qu’ils ont développée, se montre hors du commun. À l’aide d’épluchures de tomate ou de pulpe de bois mélangées à une solution aqueuse, la réaction chimique parvient à capter certains composants de déchets électroniques comme les néodymes. Les néodymes servent e à fabriquer des aimants hyper puissants et permanents, utiles à la production de panneaux solaires, d’éoliennes, de véhicules électriques, mais aussi des téléviseurs, des enceintes ou des téléphones. Son exploitation représente une menace pour l’environnement, car le purifier demande un long processus chimique, qui rejette des substances toxiques dans les eaux, l’air et les sols.

Cette technique permettrait, sur le long terme, de recycler des produits présents en très infirmes quantités dans les objets électroniques, comme les terres rares, et ainsi d’éviter l’extraction massive de minerais. Le procédé étant encore à l’état expérimental, les chercheurs espèrent pouvoir séparer d’autres micro-éléments grâce à cette technique qui requière des matériaux naturels et développer leur technologie à échelle industrielle, dit-il pour la revue scientifique Sciences Daily. De plus, ce procédé offre un débouche supplémentaire pour les déchets compostables.

« Nous espérons également adapter la sélectivité des matériaux pour d’autres éléments de terres rares et métaux précieux, comme l’or et l’argent, afin de pouvoir également les séparer des déchets », annonce le chercheur Amir Sheikhi, selon ScienceDaily. Ces conclusions sont disponibles en ligne dès maintenant, et seront publiées en novembre dans la revue scientifique anglosaxonne Chemical Engineering Journal.

Les terres rares sont nécessaires à la fabrication de tout objet électronique, comme les téléphones, les ordinateurs, les éoliennes ou les réfrigérateurs. Or, la quantité de déchets électroniques issue de ces objets ne cesse de croitre, et devrait continuer d’augmenter dans les prochaines années, alors que leur retraitement s’avère un processus complexe. Pourtant, tous ces appareils regorgent de ressources réexploitables. L’ONU estimait leur valeur à plus de 62,5 milliards de dollars en 2019. Or, à peine 20 % de ces déchets sont retraités. En plus l’extraction des terres rares a un impact désastreux sur la biodiversité. Il faut en effet dynamiter des tonnes de roches afin d’en séparer une quantité infime de micro-éléments, et utiliser de nombreux produits chimiques pour les raffiner. Jusqu’ici, le recyclage des terres et métaux était moins rentable que l’extraction directe pour les multinationales du secteur.

Romane Pijulet

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