En Côte d’Ivoire, des téléphones usagés finissent en oeuvres d’art

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L'artiste vorien Mounou Désiré Koffi réalise une toile avec des claviers de téléphone usagés dans sa résidence de Bingerville, une commune d'Abidjan, le 28 avril 2022 © AFP Sia KAMBOU

Bingerville (Côte d’Ivoire) (AFP) – Artiste « écolo et engagé », l’Ivoirien Désiré Mounou Koffi donne une seconde vie à de vieux téléphones portables au rebut en les recyclant dans des peintures colorées. Son but ? Sensibiliser à la lutte contre la pollution dans ses oeuvres qu’il expose à Abidjan jusqu’en juillet.

« J’ai choisi le recyclage car je ne voulais pas limiter mon travail uniquement à la peinture. Je voulais apporter quelque chose de nouveau », explique t-il à l’AFP dans son atelier de Bingerville, près de la capitale économique ivoirienne.

A 28 ans, il se définit comme un « jeune artiste contemporain » et revendique sa volonté de se « démarquer des autres ».

« Depuis enfant je suis passionné par le dessin. C’est moi que la maîtresse envoyait au tableau faire les dessins d’illustration des leçons », se souvient-il.

Et quand il annonce à ses parents agriculteurs d’un village du sud-ouest ivoirien qu’il veut faire une école d’arts : « Ils ne savaient pas ce que c’était », explique t-il. « Mon professeur d’arts plastiques est venu leur expliquer et leur demander de me laisser faire. »

Sorti major des Beaux-Arts d’Abidjan, il commence par sillonner les rues, les caniveaux, les décharges pour récupérer des claviers et écrans de vieux téléphones portables.

« Maintenant j’ai toute une équipe qui est payée en fonction de la quantité qu’elle ramène. Je leur ai dit +ne jetez plus, apportez les éléments et on peut travailler », raconte t-il.

« Sensibiliser »

Dans son atelier, on lui dépose de grands sacs remplis de composants de téléphones récupérés.

Désiré Mounou Koffi fouille dans le tas de claviers et d’écrans pour choisir les éléments à partir desquels il dessinera des silhouettes humaines colorées dans des décors urbains, des toiles « pop » dont certaines se vendent 1.500 euros.

Il revendique d’essayer « de résoudre un problème », dans un pays où le tri est quasi inexistant et où les déchets se retrouvent dans les rues.

« La plupart de mes toiles parlent du quotidien de l’homme dans la société. Or, je pense que le téléphone est l’outil le plus proche de nous, actuellement. Dans nos téléphones, il y a presque tout », explique t-il.

« On retrouve de tout dans nos poubelles… j’essaie d’amener les gens à une prise de conscience. C’est une manière très terre à terre de sensibiliser », poursuit celui qui a déjà exposé au Maroc, en Belgique et en France.

Soucieux de coller à l’actualité, ses toiles peuvent aborder les enfant soldats, la pollution, les embouteillages ou les inondations.

L’une de ses dernières séries « La vie d’ici », raconte ainsi le quotidien des habitants d’Abidjan.

Après une première exposition en Côte d’Ivoire, dans la ville côtière de Bassam, il est exposé jusqu’en juillet à la Fondation Donwahi à Abidjan.

Il est attendu dans l’exposition « Africa ! La Renaissance en marche ! », dans le cadre du « off » de la Biennale de Dakar, du 19 au 29 mai.

© AFP

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