Loi climat : les Sages écartent le recours des députés, sans se prononcer sur le fond

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Le Conseil constitutionnel se penche sur la loi climat © AFP Ludovic MARIN

Paris (AFP) – Le Conseil constitutionnel a écarté vendredi en grande partie un recours déposé par des députés concernant la loi climat-résilience, jugée insuffisante contre le changement climatique, car leurs griefs étaient « excessivement généraux », mais sans se prononcer sur la conformité de la loi par rapport à la Constitution.

« Le recours contestait la loi prise en son ensemble », jugeant qu’elle s’inscrit « +dans la spirale d’inaction ayant conduit au non-respect de la trajectoire de la France en matière de réduction des gaz à effets de serre+ » et ne garantit pas « le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé consacré par l’article 1er de la Charte de l’environnement », rappelle le Conseil constitutionnel dans un communiqué.

« Les requérants ne développent qu’une critique générale (…) de l’insuffisance de la loi prise en son ensemble et ne critiquent donc, pour en demander la censure, aucune disposition particulière », relève le communiqué. « Le Conseil constitutionnel en déduit que leur grief ne peut qu’être écarté. »

Une fois la loi en vigueur, il restera la possibilité de contester son contenu via la procédure de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

Plus de soixante députés – PCF, LFI, PS – avaient saisi fin juillet le Conseil constitutionnel concernant la loi climat-résilience.

Cette loi, inspirée du travail de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), et associée à d’autres textes et au plan de relance, permettra à la France de remplir ses engagements et de « tendre vers l’objectif de -40% » des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, assurait le ministère de la Transition écologique lors de son adoption par le Parlement le 20 juillet.

Mais beaucoup jugent que le compte n’y est pas, au moment où le groupe des experts climat de l’Onu, le Giec, souligne dans leur dernier rapport que le climat change plus vite qu’attendu à cause des activités humaines.

« Nous estimons que cette loi prive de garanties légales +le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé+ consacré par l’article 1er de la Charte de l’environnement », indiquait La France insoumise dans un communiqué, pour expliquer la saisine du Conseil constitutionnel.

Le temps presse

En Allemagne, la Cour constitutionnelle a censuré en avril dernier une partie de la loi climat du gouvernement, la jugeant trop peu ambitieuse. Les juges ont estimé que la législation n’était « pas conforme aux droits fondamentaux » des jeunes générations, obligeant ainsi Berlin à rehausser ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à -65% d’ici 2030 comparé à 1990.

En France, le Conseil d’État a enjoint début juillet le gouvernement à en faire plus pour respecter ses engagements de réduction de gaz à effet de serre. Saisi par la commune de Grande-Synthe et plusieurs associations, il lui a donné jusqu’au 31 mars pour revoir sa copie.

Le Haut Conseil pour le climat (HCC), organisme indépendant chargé d’évaluer la politique climatique de la France, juge aussi « insuffisants » les efforts faits par Paris. Sans compter que la Commission européenne veut maintenant réduire les émissions de l’UE de 55% d’ici 2030, ce qui va conduire à un rehaussement des engagements de la France.

Greenpeace France avait déposé une « contribution extérieure » devant le Conseil constitutionnel (note juridique informelle) demandant aussi « la censure globale de la loi climat et résilience notamment du fait de son absence d’efficacité au regard des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et donc face au changement climatique ».

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