Pionnière en France, Safra fabrique le bus à hydrogène du futur


Dans le hangar de l'entreprise Safra, à Albi le 4 mars 2021 © AFP GEORGES GOBET

Albi (AFP) – Du haut de son échafaudage, un jeune mécanicien serre avec précision une vis fixant les réservoirs d’hydrogène d’un bus de l’entreprise Safra, en pleine croissance et pionnière en France de cette filière.

Ce bus est aligné avec plusieurs autres en cours de fabrication dans un hangar de près de 2.000 m2 à Albi, dans le Tarn, une surface que Safra voudrait tripler rapidement, profitant « d’un alignement des planètes politique » favorable à l’hydrogène, selon son PDG, Vincent Lemaire.

En 2018, le gouvernement annonçait 100 millions d’euros d’investissements sur un an pour développer l’hydrogène « décarboné », susceptible de rendre moins polluants l’industrie et les transports. Il prévoit désormais deux milliards d’ici 2022, puis cinq autres jusqu’en 2030.

Dans ce même hangar, Vincent Lemaire et le directeur commercial de Safra, Jean-Christophe Hoguet, rappellent avec conviction que les autobus à hydrogène n’émettent pas de gaz aggravant le réchauffement climatique, contrairement aux véhicules diesel, plus de deux fois moins chers à fabriquer.

Ils préfèrent comparer leur Businova à des autobus électriques, un peu moins chers à fabriquer, mais roulant moins longtemps sans être rechargés et nécessitant plus de temps à chaque recharge (plusieurs heures, contre 15 minutes pour le bus à hydrogène).

Quant aux contraintes de sécurité, elles sont très proches de celles des véhicules à gaz.

– Lens, Versailles, Le Mans –

« En 2007, quand je deviens PDG, j’ai déjà l’idée de l’hydrogène en tête. En 2011, on commence à petite échelle et en 2019 on a le premier véhicule », raconte avec entrain M. Lemaire, entré « jeune ingénieur » en 1992 chez Safra.

La Société albigeoise de fabrication et réparation automobile, de son nom complet, a beaucoup changé depuis sa fondation en 1955, sous forme d’entreprise familiale dédiée au carrossage d’autocars.

Depuis, elle a progressivement développé d’autres activités, telle la maintenance et la rénovation de bus, tramways ou métros.

En 2020, son chiffre d’affaires était de 25 millions d’euros, dont 12 pour Businova. En 2023, selon les prévisions de l’entreprise, il atteindra les 140 millions, dont 80% pour le bus à hydrogène, contre près de 50% aujourd’hui. Quelque 400 nouveaux salariés viendront s’ajouter aux 150 actuels d’ici 2023.

L’évolution de Safra montre qu’on peut miser sur une ville de taille moyenne comme Albi (50.000 habitants), estime Jean-Christophe Hoguet.

« Soit on n’installe des industries que dans les métropoles et on finit par ne rien avoir ailleurs, soit on a, comme ici, la volonté politique de réindustrialiser les territoires ».

Aujourd’hui, les bus à hydrogène de Safra roulent à Lens, Versailles ou Le Mans et devraient le faire bientôt à Auxerre ou à l’aéroport Toulouse-Blagnac.

– Baisser le coût –

Cependant, si le carnet de commandes est bien rempli, c’est grâce à un marché « captif », reconnaît le PDG de 54 ans : ce sont des élus qui choisissent l’hydrogène, quitte à payer plus cher.

« Maintenant, il faut faire baisser les coûts », en profitant notamment de la croissance attendue de la filière hydrogène qui permettra de produire massivement, résume-t-il.

En attendant, un autre défi sera pour la filière la production d’hydrogène. Lorsqu’il est produit avec des sources d’énergie renouvelables (éolienne, solaire, hydroélectrique…), on parle d’hydrogène « vert ». Mais cet hydrogène « propre » est très minoritaire aujourd’hui.

Selon France Hydrogène, qui regroupe plus de 250 acteurs de la filière, la France a produit 880.000 tonnes en 2020, issues à 95% d’énergies fossiles. Vers 2030, la demande devrait atteindre 1,35 million de tonnes dont encore la moitié provenant d’énergies fossiles. Les écologistes demandent que la part d’hydrogène « vert » soit renforcée.

© AFP

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