Pesticides: des financements publics trop faibles pour réduire leur usage


Un agriculteur pulvérise du glyphosate dans un champ à Saint Germain-Sur-Sarthe dans la Sarthe, le 16 septembre 2019 © AFP/Archives JEAN-FRANCOIS MONIER

Paris (AFP) – Les financements publics de l’agriculture française, qui représentent une large part de ses revenus, sont « trop faibles et inefficaces pour accompagner la réduction de l’usage des pesticides », juge un rapport de la Fondation Nicolas Hulot (FNH), qui a suscité mardi une levée de boucliers de la part du ministère et de parlementaires.

Parmi ces financements, 40% sont des budgets européens, via la politique agricole commune (PAC), et 60% des budgets nationaux dont les cofinancements de la PAC et des allègements de cotisations sociales et fiscales, pour majeure partie.

Les auteurs de l’étude ont analysé « l’ensemble de l’estimation des aides publiques qui vont à l’agriculture et à l’alimentation en France », donc les agriculteurs, mais aussi « tous les maillons de la chaîne, notamment institutions de recherche, chambres d’agriculture », soit 23,2 milliards d’euros, selon Christophe Alliot, du Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), qui a réalisé l’étude avec la FNH.

« Sur les 23,2 milliards (d’euros), seuls 11% ont une intention définie dans les textes de manière directe ou indirecte qui vise la réduction des pesticides, soit 2,7 milliards sur les 23,2 milliards », a déclaré M. Alliot à la presse en présentant le rapport.

Et « seulement 1% des 23,2 milliards ont des effets avérés en l’état actuel des connaissances, soit 220 millions d’euros environ en 2018 », selon le rapport, élaboré notamment à partir du réseau d’information comptable agricole (Rica), enquête annuelle de l’Union européenne réalisée par le service statistiques du ministère à partir des données de 7.000 exploitations françaises.

« Depuis 2008, finalement, on a des pouvoirs publics qui donnent au monde agricole de grands objectifs à atteindre, les fameux objectifs du plan écophyto, mais sans leur assurer les moyens », a déploré Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation à la FNH.

Ce constat intervient alors que la prochaine politique agricole commune (PAC) – soit les aides européennes versées aux agriculteurs – est en cours de préparation pour la période 2023-2027.

La FNH dénonce en particulier le fait que l’agriculture française a connu « une augmentation de 25% » de l’usage des pesticides de 2008 à 2018, à contre-courant de l’objectif fixé en 2008 par le Grenelle de l’environnement de réduire de moitié l’usage des pesticides en 10 ans.

Sans répondre sur le fond du rapport et sur cette question du financement de la transition agro-écologique, le ministre de l’Agriculture a vivement contesté ces chiffres.

« Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait! C’est dégradant et c’est faux », a réagi sur Twitter Julien Denormandie, faisant état d’une baisse des volumes de ventes de pesticides de 36% entre 2009 et 2019.

Mais en 2019, les ventes de pesticides ont été particulièrement faibles, après une année 2018 lors de laquelle elles ont explosé, les agriculteurs ayant eu tendance à stocker des produits phytopharmaceutiques afin d’anticiper la hausse d’une redevance pour pollution diffuse (RPD) appliquée aux pesticides.

Tout en dénonçant également des chiffres qui « caricaturent » la réalité, la FNSEA a prôné « de renforcer les accompagnements publics à la transition agro-écologique de tous les agriculteurs » ainsi qu’une meilleure valorisation par les prix des bonnes pratiques ».

© AFP

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Un commentaire

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    • michel CERF

    Il est illusoire de faire confiance au ministre de l’agriculture et à la FNSEA , il ne s’agit pas de réduire mais d’interdire .