Cap 2030 : retour sur la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat de réduire la vitesse sur autoroutes à 110 km/h

cap 2030

Parmi les 149 mesures proposées par la Convention Citoyenne pour le Climat, l’une d’entre elles a cristallisé toutes les attentions et n’a pas été retenue par le Président de la République Emmanuel Macron : limiter la vitesse maximum autorisée sur autoroute a 110 km/h au lieu de 130. L’idée a suscité un débat passionné, ravivé des souvenirs sur les 80 km/h sur les routes nationales, pourtant quelle serait la portée d’une telle mesure ? Faut-il restreindre les libertés ? Est-ce un effort si colossal ? Est-ce couteux ou compliqué à mettre en œuvre ? Éléments de réponse avec ce chapitre extrait de l’ouvrage consacré à la Convention Citoyenne pour le Climat Cap 2030, une décennie pour changer le monde de la Fondation GoodPlanet et Yann Arthus-Bertrand.

110 km/h sur autoroute, c’est pas demain la veille !

« L’enfer est pavé de bonnes intentions. » Cette phrase suffit à résumer la difficulté de faire accepter une réduction de la vitesse autorisée sur autoroute. Cette mesure a cristallisé l’attention lorsque les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat ont été dévoilées. Elle s’est aussi révélée, lors de son vote par la CCC, celle qui a obtenu le moins d’adhésion avec l’approbation de 59,7 % des votants. C’est peu dire d’affirmer qu’une telle mesure fait débat. Osons même le terme de controverse, tant elle en dit long sur notre société, le rapport à la vitesse, la place de la voiture et la relation au temps.

« On n’a pas demandé à ce que les voitures explosent quand elles dépassent la vitesse autorisée. Même chez nous, elle a fait énormément débat », confirme Matthieu, de la Convention. « Cette mesure est représentative de la volonté de citoyens informés de l’urgence climatique de faire changer les choses. Quand on n’a pas la contrainte d’élections futures, ce genre de proposition peut être plus aisément formulée », explique-t-il avant de préciser que l’idée a été mal reçue au sein de la CCC. Diminuer la vitesse de 20 km/h permettrait pourtant de réduire jusqu’à 20 % les émissions de gaz à effet de serre de la circulation sur autoroute. C’est loin d’être négligeable. Cet argument a su convaincre une partie des conventionnels.

Le président de la République, fort des enseignements tirés de l’opposition suscitée quelques mois plus tôt par le projet de réduire de 90 à 80 km/h la vitesse sur les routes nationales et départementales, a décidé de ne pas donner suite aux 110 km/h.

VOIR LES ARGUMENTS DU PRÉSIDENT SUR CE SUJET EN JUIN 2020 POUR REPOUSSER LE DÉBAT SUR LA VITESSE SUR LES AUTOROUTES

Malgré les avis divergents à son encontre, à y regarder de plus près, il s’agit d’une des mesures les plus simples à mettre en oeuvre, car elle requiert simplement de modifier le code de la route et la signalétique autoroutière.

Et ce n’est pas vraiment une question d’argent, puisqu’en 2018, le ministère de l’Environnement estimait le coût du changement des panneaux sur les 12 000 km du réseau autoroutier national à 16 millions d’euros sur dix ans. Mais au niveau individuel, cette mesure se heurte au désir d’aller vite et de ne pas perdre de temps. Elle n’entraîne pourtant, comme les citoyens l’écrivent, qu’« un allongement modéré des temps de trajet : entre quatre et huit minutes par heure ». Est-ce un si grand effort ? Nous laissons chacun en juger. Les citoyens sont clairvoyants à ce sujet : cette mesure « peut être vécue comme une limitation de liberté et une perte de temps (qui peut être assimilée à un surcoût pour les ménages et les professionnels) ». Passer les autoroutes à 110 km/h, est-ce le petit effort de trop ? Ou une mesure qui dans quelques décennies fera consensus ? Il est trop tôt pour le dire, car le sujet reste explosif. Aujourd’hui réduire la vitesse sur les autoroutes relève de l’utopie, mais il y a fort à parier qu’on en entendra de nouveau parler… « Cette mesure remet en question l’image de la voiture individuelle comme outil absolu d’émancipation. Du coup, pour certains, réduire la vitesse, c’est empiéter sur nos libertés actuelles. Or, ces libertés-là, nous les prenons à crédit sur le dos de nos enfants. Est-ce que, eux, ils méritent d’être privés de liberté ? La question se doit d’être posée », conclut Mattieu.

Extrait du livre la Fondation GoodPlanet (Julien Leprovost et Sophie Noucher) et de Yann Arthus-Bertrand, Cap 2030, une décennie pour changer le monde, éditions Michel Lafon

Les propositions de la CCC. L’ensemble des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat que nous vous invitons à retrouver sont détaillées sur le site de la CCC.
Sachez que plusieurs sites Internet proposent de s’informer de leur évolution :


 « CAP 2030. Une décennie pour changer le monde » le nouveau livre de la Fondation GoodPlanet et Yann Arthus-Bertrand

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17 commentaires

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    • michel CERF

    Je partage les arguments du Président sur l’abandon des 110 km/ h .

    • Jean Sivardière

    Réduire la vitesse de 20 km/h sur les autoroutes, comme le propose la CCC, s’est heurté à un refus catégorique et définitif du chef de l’Etat. Mieux aurait valu proposer une réduction de 10 km/h , plus acceptable par l’opinion et ayant plus de chances d’aboutir. En Suisse, les vitesses limites sont de 120 km/h, 100 et 80 respectivement sur les autoroutes, les routes nationales et les autres routes : ces limitations sont acceptées (même par l’Automobile-Club) et bien respectées.

    • Jean Grossmann

    Chacun d’entre nous voit midi à sa porte mais dans la mesure où le français consomme nettement plus d’énergie pour chauffer sa maison que pour alimenter sa voiture ou son corps, il me semble qu’il ferait mieux de se préoccuper de l’essentiel

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/introduction.pdf

    • Alain Uguen

    Parce que nous croyons que c’est aux citoyennes et aux citoyens de faire entendre leur voix pour défendre les 150 propositions, nous avons lancé l’appel des amis des 150 de la Convention Citoyenne pour le Climat
    https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/lesamisdes-4309.html

    Les 2,3 millions de signataires pour l’affaire du siècle c’est un peu plus de 10% des 22,6 Millions de votants du premier tour des régionales de déc 2015.

    Ne pensez-vous pas que

    – si nous parvenions à mobiliser ces 2,3 millions de signataires pour des primaires vertes ouvertes aux élections régionales revendiquant la prise en compte des 150 propositions des 150 de la convention citoyenne pour le climat.

    – Si nous parvenions à faire d’une partie d’entre eux des porte parole du climat auprès de tous nos concitoyens pour les convaincre qu’elles et ils peuvent à la fois réduire leurs dépenses et leur empreinte écologique

    – Si nous concevions ensemble une appli permettant à chacune et chacun de connaitre et mesurer tous les petits gestes pour réduire notre empreinte

    nous pourrions permettre de faire progresser l’opinion publique et de faire gagner des majorités régionales et départementales en faveur de mesures concrètes pour lutter contre le dérèglement climatique en mettant en oeuvre la proportionnelle entre toutes les sensibilités qui rejoindraient cette coalition pour le climat y compris pour les législatives en fonction des résultats de la primaire et des régionales ?

    Il ne resterait plus ensuite à l’automne qu’à désigner par une primaire nationale celui ou celle qui serait en responsabilité de représenter la coalition à la présidentielle et de faire gagner l’affaire du siècle non plus devant un tribunal mais devant l’ensemble des citoyennes et des citoyens avec une majorité en charge de mettre en oeuvre les changements nécessaires avec le soutien d’une majorité d’électrices et d’électeurs sans qui rien ne sera possible.

    Car nous pensons que pour que ce soit notre affaire à tous et qu’elle devienne l’affaire du siècle, il faut que nous soyons toutes et tous associés à un processus permettant de choisir à la fois les priorités programmatiques et nos représentants plutôt que d’être réduits au rang de spectatrices et spectateurs des combinaisons d’appareils politiques tenus par des professionnels.

    Nous sommes prêts à apporter notre contribution y compris financière à mettre sur pied cette mobilisation pour inciter à passer du clic à l’acte et au vote.

    Bien cordialement

    Alain Uguen
    Les amis des 150 de la convention citoyenne pour le climat
    https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/lesamisdes-4309.html

    • DUVAL

    par mail

    • DUVAL Gilbert

    Et si on lançait une campagne pour s’engager à rouler à 110 ou 120 Kmh de façon volontaire car 130Kmh est seulement un maximum autorisé. Rien n’empêche de rouler moins vite pourquoi attendre une loi ?

    • marescot

    En Bretagne on roule à 110kms/h depuis des décennies, il n’y a pas de route ou autoroute à 130, et tout va bien…..on prend aussi notre voiture pour aller travailler comme le dit Mr le président, et pourtant….
    C’est comme la cigarette interdite dans les restaus, ou le port de la ceinture en voiture, ces mesures ont d’abord été jugées liberticides, et aujourd’hui elles sont des évidences…..Faire un effort pour le climat, moi je veux bien

    • Catherine EBBS-PERIN

    Je comprends parfaitement la réduction de pollution et gaz à effets de serre entraînée par une réduction de 20 km/h
    MAIS je rapproche cette mesure possible avec le projet évoqué à plusieurs reprises par les Autorités et le Gouvernement, à savoir confier la gestion des 4 voies à Sté Autoroutes, moyennant quoi, grosses rentrées d’argent en perspective en imposant péages sur autoroutes mais aussi sur 4 voies
    Or, nombre de personnes n’ont d’autres choix que celui d’empruntent les 4 voies chaque jour pour se rendre au travail ou pour effectuer courses et démarches en ville à partir d’innombrables communes françaises.
    LE RISQUE EST DONC GRAND DE VOIR UNE NOUVELLE PRESSION SUR LES REVENUS ET LE POUVOIR D’ACHAT DES FRANCAIS IMPOSEE PAR LE GOUVERNEMENT ET LES AUTORITES DE CE PAYS !
    Tout ceci peut contribuer de façon sensible à la réticence sur réduction vitesse sur autoroutes car, dans ce cas, quel avantage à payer un péage pour ne pas pouvoir gagner en temps, mais aussi en sécurité sur autoroutes ???

    • Guy J.J.P. Lafond

    Ô Canada

    Gens du pays,
    C’est votre tour de vous laisser parler d’amour…

    Marchons, marchons,…

    t: @GuyLafond @FamilleLafond

    Svp, gonflons nos poumons d’air pur et relevons la tête partout sur cette si fragile planète bleue.
    À nos espadrilles de course, à nos vêtements de plein air!
    Allons jouer dehors! Yahooo, la rosée des montagnes!
    @:-)

    • janine favre

    On regrettera de n’avoir pas fait le maximum pour sauver l’avenir

    • Jean

    Il faut mettre les citoyens devant leurs responsabilités. Un référendum une fois tous les 6 mois avec une dizaine de questions concrètes. La limitation à 110 km/h y aurait toute sa place. Ainsi, le peuple choisit entre profiter d’un « confort » immédiat lié au déplacement de certains ou profiter d’un « confort » futur avec moins de catastrophes naturelles.

    • Jean SIVARDIERE

    Le 80 km/h était un premier pas vers une réduction plus générale de la vitesse des voitures. La FNAUT estime que la France devrait adopter la réglementation en vigueur en Suisse, où elle est bien acceptée et respectée : 30 km/h en ville (50 km/h sur les axes de transit), 80 km/h sur les routes ordinaires (hors agglomération), 100 sur les voies express et 120 sur les autoroutes.
    En ce sens, la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) a lancé une proposition imprudente et contre-productive : 110 km/h sur les autoroutes. Cette proposition risque en effet de « couler » celle de la FNAUT, en vigueur en Suisse. Une réduction de la vitesse de 10 km/h est déjà difficile à accepter par l’opinion, proposer une réduction de 20 km/h ne pouvait que provoquer un tollé dans l’opinion… et un refus catégorique du chef de l’Etat.

    • Gérard LAFORET

    Quand on a lu les commentaires démagogiques d’élus de tous bords à propos de la limitation à 80KM/h sur les routes on se demande quelle est la légitimité de ceux-ci à revendiquer des responsabilités publiques. Idem sur autoroute: cela rendrait la circulation plus apaisée plus sécure et réduirait la facture pour chacun et pour l’ensemble de la collectivité en préservant l’avenir de cette planète. Alors, où est le problème dans ces conditions? Précisons que nous faisons environ 20000Km par an principalement sur autoroute en France, Suisse, Allemagne, parfois en Italie et en Espagne…

    • ATSE

    Si le transport est considéré engendrer des GES, de forts mécanismes doivent en retour être développé profondément pour permettre au domaine routier d’absorber une bonne partie des GES qu’il émet ou sur l’ensemble.
    Il est sans ignorer, toute nouvelle route engendre la déforestation et la réduction de la biocapacité des sols. A cela s’ajoute le bitumage qui ne laisse qui ne laisse aucune possibilité d’absorption, avec les ouvrages de drainage des eaux pluviales qui entraîne ces eaux loin de leur contact avec le sol pour être absorbé dans les grandes cours d’eau, voir mer.
    Si la France à elle seule compte 120000 Km de route, multipliés par leur superficie, il va s’en dire que toute cette dimension du domaine routier ne contribue pas à la réduction des GES.
    Il importe donc nos experts orientent si ce n’est encore effectif les recherches dans ce sens à l’effet de proposer de nouveaux aménagements du domaine routier susceptible de constituer aux efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
    Telle est la réflexion d’un profane en la matière qui peut étayé et éclairé à la lumière des olus avisés.

    • Blain

    Je déplore le rétropédalage des politiques, qui ont fait repasser la vitesse à 90 Km/h sur beaucoup trop de routes, 80 Km c’était confortable, plus de camion à doubler, donc diminution des risques de collision. Consommation réduite, il suffit d’utiliser une voiture électrique pour vous rendre compte de l’impacte de la vitesse sur la consommation pour une même distance parcourue. Allez vite brasse plus d’air, votre but n’est pas de déplacer de l’air, mais de ce déplacer. Le temps perdu, 10 km pour une heure de route sur portion à 90 km/h. Il n’y a pas que l’histoire de la planète, il y a aussi à qui profite cet manne financière, qui sort du pays, aujourd’hui c’est partiellement transformé en armement et munitions, qui détruisent les habitations de population, qui tiennent têtes à des dictateurs gavés de la manne pétrolière. Donc accélérer sur les routes et autoroutes, coûte en carburant, sécurité, complaisance financière envers les criminels disposants de carburant,

    • Catherine EBBS-PERIN

    Je comprends l’amélioration en termes de réductions de CO2 dans l’atmosphère, par la réduction de la vitesse à 110 km/h sur autoroutes
    MAIS dans ce cas, pourquoi emprunter les autoroutes pour rouler à 110 km/h comme sur les 4 voies actuellement, le tout en payant des péages qui ne cessent d’augmenter ???

    • Jean Sivardiere

    La Convention Citoyenne pour le Climat a proposé de ramener la vitesse sur les autoroutes de 120 km/h à 110 km/h : c’était utopique, il suffit pour s’en convaincre de voir les réactions irrationnelles du 80 km/h sur les routes départementales, le nombre de départements qui ont décidé un retour au 90 km/h et le refus catégorique du Président de la République, et lancer une vaste compagne d’incitation à l’éco-conduite. La FNAUT a préconisé l’adoption plus réaliste du modèle suisse : 120 sur les autoroutes, 100 sur les voies express et 80 sur les routes départementales.