La relance ne doit pas oublier le climat, prévient le Haut conseil pour le climat

bus

L'enjeu climatique doit être mieux pris en compte dans le plan global de relance, selon le Haut conseil pour le climat © AFP/Archives Martin BUREAU

Paris (AFP) – Les premières mesures d’urgence pour redresser l’économie n’intègrent pas suffisamment l’enjeu climatique, qui devra être mieux pris en compte dans le plan global de relance, avertit ce mercredi le Haut conseil pour le climat (HCC) dans son rapport annuel.

Pour cette instance chargée d’évaluer les politiques publiques face au changement climatique, la France est « très loin » de ses objectifs de lutte contre le réchauffement.

« Il faut insérer le plan de reprise dans les limites du climat et non l’inverse », résume Corinne Le Quéré, présidente du HCC. Pour elle, « les premières dispositions du gouvernement dans le plan de reprise ne vont pas dans le sens de nos recommandations ».

Ces mesures d’urgence ont en effet été « principalement tournées vers les secteurs très émetteurs de l’automobile et de l’aviation, sans conditionnalités fermes concernant leur évolution vers une trajectoire compatible avec les objectifs climatiques », ajoute la climatologue en présentant à la presse le deuxième rapport annuel du HCC, organisme lancé par Emmanuel Macron en novembre 2018.

Le gouvernement estime de son côté avoir mis des conditionnalités, notamment pour Air France, en demandant une limitation des vols intérieurs quand une alternative ferroviaire en moins de 2h30 est possible.

Après avoir qualifié l’an dernier d' »insuffisantes » les actions engagées par la France contre le réchauffement, le HCC souligne que la baisse de 0,9 % des émissions de gaz à effet de serre enregistrée en 2019 est « encore très loin des -3 % (par an) attendus à partir de 2025 ».

Et si « la mobilisation des pouvoirs publics est visible et croissante, concrètement il y a eu peu d’avancées dans l’année qui vient de s’écouler », a encore souligné sa présidente.

Mêmes voitures

Pour 2020, la donne a changé avec la crise profonde du Covid. Le président de la République a promis une relance écologique dans la foulée des municipales et de la fin de la Convention citoyenne pour le climat, dont il s’est engagé à reprendre 146 des 149 propositions, mais sans que les modalités de leur mise en oeuvre ne soient encore précisées.

Chiche, répond en substance la présidente du Haut conseil pour le climat, pour qui « le plan de reprise sera la mesure réelle de l’attention portée au climat » par le nouveau gouvernement.

Car pour l’heure, « le rythme de baisse des émissions est trop faible et les transformations structurelles ne sont engagées dans aucun des quatre secteurs » les plus émetteurs, à savoir les transports (30 %), l’agriculture, le bâtiment et l’industrie (18 à 19 % chacun), selon la climatologue.

« Nous avons les mêmes voitures, les mêmes routes, les mêmes systèmes de chauffage et les mêmes industries », note le Haut Conseil, alors que l’Allemagne voisine a par exemple fléché ses aides au secteur automobile uniquement sur les véhicules électriques. Un « signal extrêmement clair pour l’ensemble du secteur » et une façon d’éviter une « prime à la casse » qui ne servirait qu’à écouler les stocks sans permettre de s’adapter « aux enjeux à venir ».

Et de citer des mesures qui peuvent être « compatibles avec les objectifs climat », comme « la rénovation énergétique des bâtiments [qui] a des bénéfices sous tous les angles et pourrait être un point fort pro-climat du plan de reprise ».

La Convention citoyenne a justement proposé de rendre obligatoire cette rénovation, alors que le secteur du logement a été intégré au ministère de la Transition écologique dans le nouveau gouvernement.

Pour appuyer ses recommandations, le HCC a demandé à être reçu par le Conseil de défense écologique que M. Macron doit prochainement réunir. Et Bruno Le Maire, aux manettes de Bercy avec un périmètre élargi et centré sur la relance, s’est engagé à « envoyer » au Haut Conseil le futur plan « avant qu’il ne soit complètement fixé », explique Mme Le Quéré.

© AFP

A lire également :

Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat : la France face à un défi « unique » au monde

La baisse des coûts des énergies renouvelables offre l’opportunité de stimuler l’action en faveur du climat dans les plans de relance économique post-COVID-19

3 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Balendard

    Bienvenu au club Madame Corinne Le Quere.
    Un club bien restreint vu qu’à part

    le cri d’alarme du secrétaire général de l’ONU de fin 2018, voir
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/ONU.htm

    et le porte parole des Lutins thermiques que je suis avec mes travaux sur l’énergie en Europe, voir
    http://www.infoenergie.eu

    on ne peut pas dire que le français, qu’il soit politicien ou simple citoyen, a réellemet pris consciente de la gravité du réchauffement climatique.
    Nous pourrions pourtant, comme le souhaite le secrétaire général de l’OCDE, participer activement à son atténuation en utilisant les milieux aquatiques naturels d’eau douce pour assurer le chauffage et la climatisation de l’habitat. Pour cela il faut comprendre :

    – que le potentiel de refroidissement de l’eau en hiver avant qu’elle n’arrive à l’état de glace dans une région surpeuplée comme la région parisienne est au signe près sensiblement égal au besoin thermique permettant l’assurer le chauffage de l’habitat parisien existant. Ceci avec les lacunes qui sont celles de l’isolation actuelle.

    – que l’énergie thermique prélevée en hiver dans le milieu naturel profond dit « géothermique » en le refroidissant (ce que l’on nomme les nappes captives) peut y être réinjectée en assurant la climatisation pendant la saison chaude

    – qu’il est possible grâce aux échangeurs à plaques et à l’hydraulique de bénéficier de l’important potentiel thermique des eaux superficielles (la Seine pour la région parisienne). Ceci en le cumulant avec celui des milieux naturels profonds dit « géothermiques » (le dogger pour la région parisienne). Et cela de telle sorte que la chaleur qui a été prélevée dans le milieu naturel profond y soit restituée en été sans réchauffer encore plus l’atmosphère comme cela serait le cas si l’on devait généraliser l’échange des calories avec l’air

    – que les miracles n’existent pas et que ces échanges thermiques ne peuvent se faire sans un minimum de consommation en énergie électrique à savoir l’électricité entraînant le compresseur des pompes à chaleur eau-eau

    • Balendard

    Difficile de comprendre pourquoi mon commentaire qui fait appel au bon sens sur les solutions que nous allons devoir adopter pour aller dans le sens de l’atténuation climatique et non de son aggravation n’a pas été retenu

    • Balendard

    Excuse je suis un citoyen lambda dans son trou avec un WIFI capricieux

Fin de l'aventure pour la coopérative ferroviaire citoyenne Railcoop qui voulait relancer le train Bordeaux-Lyon

Lire l'article