Face à l’essor de l’audiovisuel, le risque de dérapage écologique

Télévision audiovisuel

Photo d'Erik Mclean pour Unsplash

Sans action, l’empreinte carbone de l’audiovisuel pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030. C’est le constat d’une étude sur l’impact environnemental des usages audiovisuels en France en 2022 et à l’horizon 2030 qui insiste sur l’importance d’un plan mêlant écoconception et sobriété qui pourrait réduire d’un tiers l’empreinte carbone de l’audiovisuel.

Le rapport a été mandaté par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) et de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

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Face à l’expansion de l’audiovisuel et de son empreinte carbone, la nécessité d’agir

« L’impact carbone des usages audiovisuels est faible à l’échelle de l’empreinte carbone totale de la France : 0,9 % », a déclaré Roch Olivier Maistre, président de l’Arcom, lors de la présentation de l’étude à la presse. Mais il pourrait augmenter de 30 % dès l’horizon 2030. En effet, le secteur est en pleine expansion. « Aujourd’hui, chaque foyer français compte en moyenne 6 écrans et près de 90 % des foyers équipés télévision ont un poste connecté [à internet] », a-t-il constaté.

L’étude de l’Arcom et de l’Arcep couvre l’impact environnemental de huit usages audio et vidéo. Elle inclue la télévision linéaire et de rattrapage, la radio hertzienne et en ligne, le streaming audio ou les plateformes de partage de vidéos. Toutefois, elle exclut des usages de plus en plus importants comme les réseaux sociaux, les jeux vidéo ou la visioconférence.

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Technologies étudiées étude impact environnemental audiovisuel
Détail des technologies considérées et des systèmes étudiés dans le périmètre de l’étude
©Arcom/Arcep

Les téléviseurs, terminaux les plus polluants

« Ce sont les terminaux qui représentent la majeure partie de l’impact environnemental des usages audiovisuels (entre 72 % et 90 %), en particulier lors de leur fabrication », a détaillé M. Maistre, « suivi par les réseaux (entre 9 % et 26 %) et les centres de données (entre 1 % et 3 %) ». Parmi les terminaux, c’est la télévision linéaire qui fait office de mauvaise élève. Elle représente la majorité du nombre d’heures de visionnage total des audiovisuels étudiés à hauteur de 46 %. C’est en partie pour cela qu’elle est responsable de 52 % de l’impact carbone de l’audiovisuel. Un autre facteur impliqué est par exemple la large taille de l’écran.

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En comparaison, la radio hertzienne représente 19 % des usages mais seulement 13 % de l’empreinte carbone. L’étude établit également que la publicité peut faire augmenter jusqu’à 25 % l’empreinte carbone des contenus vidéo. Celle-ci augmente le temps de visionnage, surtout pour les programmes regardés en replay.

Graphique impact carbone de l'audiovisuel par usage
La télévision linéaire est l’usage audiovisuel qui génère le plus de carbone.
©Arcom/Arcep

La sobriété, seule solution pour « réduire significativement » l’impact de l’audiovisuel sur le changement climatique

Graphique scénarios impact carbone audiovisuel par usage
Selon les scénarios établis par l’étude, une hausse de 29% est à prévoir d’ici 2030 si les tendances se poursuivent.
©Arcom/Arcep

Alors quelles perspectives sur l’évolution de l’empreinte carbone de l’audiovisuel ? Le chiffre d’une augmentation de 30 % d’ici 2030 correspond aux projections pour un scénario tendanciel, c’est-à-dire sans changement. En effet, cette augmentation pourrait être évitée en mettant en place des mesures d’éco-conception et de sobriété. L’éco-conception permettrait de réduire la consommation d’énergie et de ressources des terminaux en allongeant leur durée de vie par exemple. Elle aboutirait à une diminution de 6 % de l’impact sur l’indication changement climatique en comparaison avec 2022. Une baisse jugée insuffisante par les auteurs de l’étude. Selon eux, l’éco-conception n’est pas suffisante pour « réduire significativement » l’impact de l’audiovisuel sur le changement climatique, établit l’étude. Elle doit être alliée avec des mesures de sobriété, nécessaire pour contrer l’effet rebond, qui désigne l’augmentation des usages et de leurs impacts, due au développement de la 5G par exemple.

[Lire aussi: Anaïs Rocci, sociologue à l’ADEME : « l’objectif de la sobriété est de trouver un modèle de société qui permette à la fois de respecter les limites des ressources planétaires et à chaque personne de vivre décemment »]

« Mais sobriété ne veut pas dire passivité, ni renoncement, au contraire : c’est une démarche active et collaborative pour faire émerger les meilleures pratiques », a souligné M. Maistre en insistant sur le rôle partagé des fournisseurs et utilisateurs de l’audiovisuel. Les mesures de sobriété comprendraient une limitation de l’augmentation des usages vidéo et audio à la demande, comme le streaming de podcasts. Il faudrait aussi opter pour des qualités audio et vidéo plus faibles, privilégier la connexion au Wifi plutôt qu’à la 4G ou choisir des terminaux moins énergivores.

Additionnées aux mesures d’éco-conception, la sobriété permettrait de réduire l’impact de l’audiovisuel sur le changement climatique d’un tiers d’ici 2030. Si l’étude analyse pour la première fois l’impact environnemental de l’audiovisuel français, « nous devons, sur cette base et de façon concertée, entrer dans le temps de l’action », a conclu le président de l’ARCOM.

Audrey Bonn

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