Quelle empreinte carbone ? Un Américain prend l’avion sur 37 millions de kilomètres

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Un avion de la compagnie United Airlines à l'aéroport Ronald Reagan de Washington, le 1er juillet 2023 © AFP Stefani Reynolds

New York (AFP) – Quelque 37 millions de kilomètres, l’équivalent de 48 allers-retours jusqu’à la Lune: c’est la distance insensée qu’a parcourue en plus de trois décennies l’Américain Tom Stuker grâce à un billet d’avion illimité, survivance d’une époque pas si lointaine où la lutte contre le réchauffement climatique n’était pas une priorité.

Au total, l’homme de 69 ans a passé l’équivalent de trois années de sa vie dans les airs et les aéroports, raconte-t-il à l’AFP.

Celui qui dit avoir longtemps eu peur de l’avion a parcouru en moyenne 1,1 million de km par an et assure avoir établi son record personnel à 2,5 millions en 2019, avant que le trafic aérien ne s’effondre face au coronavirus.

Tout commence en 1990, lorsqu’il profite d’une offre de la compagnie United Airlines, qui propose un billet illimité et à vie pour 290.000 dollars (l’équivalent de près de 700.000 dollars aujourd’hui).

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A l’époque, c’est une « décision purement commerciale », explique-t-il: à la tête d’une entreprise de conseil pour l’industrie automobile, il se rend régulièrement en Australie pour ses affaires et veut simplement faire des économies.

Il est depuis abonné au fauteuil 1B de l’ensemble des vols United et des compagnies associées.

Peu après, il fait l’acquisition d’un autre billet pour pouvoir être accompagné: « Si vous êtes à New York aujourd’hui, je peux vous proposer d’aller à Paris dès ce soir, nous nous retrouvons simplement à l’aéroport avec votre passeport et demain nous dînons sur la Tour Eiffel », décrit-il.

Seules six personnes ont opté pour cette offre « duo », qui coûtait au total 510.000 dollars, ce qui a obligé Tom Stuker à souscrire un prêt pour lequel il a dû expliquer à son banquier qu’il s’agissait d’une bonne affaire.

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Quelle empreinte carbone?

Avec une moyenne de 21.500 km par semaine et trois avions de United baptisés à son nom, force est de constater que Tom Stuker se soucie peu de son empreinte carbone.

L’affaire lui vaut, à lui et sa famille, insultes et menaces sur les réseaux sociaux, regrette-t-il.

Mais pour Tom Stuker, « le problème ne vient pas des passagers, le problème n’est pas que les gens doivent moins voler ».

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La solution, assure-t-il, doit venir des « compagnies elles-mêmes » et des fabricants aéronautiques, qui tentent de développer des avions moins gourmands en carburant et des combustibles moins polluants.

Une étude publiée en 2021 souligne que le transport aérien, qui représente 2,4% des émissions mondiales de carbone, a toutefois contribué au réchauffement climatique provoqué par les humains à hauteur d’environ 4% à date.

Ses effets sur le climat sont en effet renforcés par les rejets d’autres gaz à effet de serre, ainsi que par les traînées de condensation provoquées par les avions.

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Pour les auteurs de cette étude, une solution pourrait être de réduire le trafic aérien de 2,5% par an de façon durable.

100 millions de miles

Tom Stuker se rend toujours une vingtaine de fois par an en Australie, afin de lever des fonds pour une fondation luttant contre les cancers pédiatriques.

Au fil du temps, il a accumulé plus de 100 millions de miles, utilisés non seulement pour voyager mais également se payer des séjours en hôtels de luxe ou des dîners dans de grands restaurants, ainsi que pour faire des cadeaux à ses proches.

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Mais pour lui, le plus important est d’avoir trouvé « une famille » auprès du personnel de la compagnie.

« Les meilleurs moments de la plupart de mes journées, ce sont mes échanges avec le personnel. Ils me connaissent, on se raconte mutuellement nos vies », se réjouit Tom Stuker.

En vol, il apprécie aussi tout particulièrement les repas. « Il faut que je commence à faire attention », sourit-il. La preuve: il a perdu près de 30 kilos durant la pandémie, lorsqu’il était cloué au sol.

Et pour que sa vaste expérience aéronautique soit utile au plus grand nombre, il partage quelques conseils: choisir les premiers vols de la journée (moins chers et généralement à l’heure), ne pas payer pour une valise en soute, et – surtout – bien attacher sa ceinture pendant tout le vol.

Et en cas de perte de vos bagages, pas de panique: les assurances habitation couvrent généralement ce que la compagnie aérienne ne prend pas en charge, assure-t-il.

© AFP

Un commentaire

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Mise en exergue:
    « Pour les auteurs de cette étude, une solution pourrait être de réduire le trafic aérien de 2,5% par an de façon durable. »
    C’est mieux que rien.
    @Guy J.J. P. Lafond
    Bénévole à vélo pour l’ONU à MTL et fervent der l’UNESCO
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329