Associations et ONG donnent de la voix pour la COP15 sur la biodiversité

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Des femmes autochtones interromptent la cérémonie d'ouverture de la COP15 sur la biodiversité, le 6 décembre 2022 à Montréal, au Canada © AFP Andrej Ivanov

Montréal (AFP) – Manifestations, débats, rencontres, projections de films… ce sera l’autre COP. A Montréal, ONG et associations se mobilisent pour sensibiliser le public pendant la réunion de l’ONU sur la biodiversité et surtout faire pression pour obtenir un accord majeur.

Un vaste mouvement appelé « collectif COP15 » s’est récemment créé, avec une centaine d’organisations comprenant citoyens, étudiants, autochtones, syndicats, associations professionnelles…

« Ce n’est plus juste une question d’environnementalistes: tout le monde est autour de la table, tout le monde veut faire quelque chose et c’est super encourageant », se félicite auprès de l’AFP Anne-Céline Guyon, porte-parole du collectif, qualifiant ce moment « d’historique au Québec ».

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Et ils préviennent qu’ils seront partout: à l’intérieur du Palais des congrès comme dans la rue. Une soixantaine d’événements sont prévus à Montréal.

Et le point culminant de cette mobilisation sera la « grande marche pour le vivant » prévue dans le centre-ville de la métropole samedi. Les organisateurs attendent des milliers de participants mais ont conscience que l’on sera loin du raz-de-marée citoyen de septembre 2019 quand un demi-million de personnes avaient manifesté dans Montréal avec Greta Thunberg.

« Arrêtez l’effondrement », « Bilan positif pour la nature = bilan positif pour les humains »: mercredi, c’est dans les couloirs du centre des congrès où se déroulent les discussions que quelques dizaines de membres d’une coalition ont défilé.

« Les ONG ne sont pas les seules à être frustrées par la lenteur du processus », a dénoncé Lin Li de WWF International.

 « Il faut nous réveiller »

Après la pandémie qui a lourdement affecté la mobilisation étudiante, « la COP15 est un rendez-vous important pour se reconnecter, renouer des relations », estime Albert Lalonde, chargé de projet à la Fondation David Suzuki. « C’est certainement le signal qu’il faut nous réveiller », estime ce jeune de 20 ans.

En dépit de l’absence des chefs d’Etat ou de gouvernement, tous espèrent « arriver à la fin de la COP15 à un élan politique similaire à l’accord de Paris », en adoptant un « cadre mondial ambitieux », résume Eddy Pérez, aussi porte-parole du collectif.

Au Canada, huit citoyens sur dix estiment que le gouvernement doit donner l’exemple en prenant des engagements forts en matière de protection de la nature, selon un récent sondage de Greenpeace.

« Les gens sont en train de comprendre que c’est un enjeu important, qu’on traverse une crise, qu’il y a des milliers d’espèces qui sont en danger sur notre planète », estime Marie-Josée Beliveau, de la branche canadienne de cette ONG.

Pleine d’espoir pour cette « rencontre cruciale », cette experte espère que les négociateurs vont sentir qu’ils font face à « une société civile très mobilisée ».

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Il y a soudain « beaucoup d’intérêt, tout d’un coup, pour les enjeux de protection de la biodiversité, probablement comme on ne l’a jamais senti », estime Anne-Sophie Doré, avocate en droit de l’environnement et conférencière.

Mais un vrai travail de pédagogie reste à mener. Car même si crise climatique et crise de la biodiversité sont liées, la COP15 est dans l’ombre de celle sur le climat.

« La plupart des gens ne savaient même pas que les COP biodiversité existaient », rappelle Anne-Céline Guyon.

Ce qui désole les peuples autochtones, qui clament au Canada comme ailleurs depuis longtemps que le monde vivant est vital. Leurs territoires abritent 80% de la biodiversité restante sur Terre, selon les experts climat de l’ONU.

Pour les Canadiens, le symbole du recul de la biodiversité est le caribou: « pendant des temps immémoriaux, le caribou nous a sauvés », explique Jérôme Bacon St-Onge, membre du peuple innu, évoquant une « espèce sacrée » pour le mode de vie autochtone, précieuse pour sa viande et sa fourrure notamment.

« Le fait qu’il soit en train de dépérir, ça nous cause un préjudice très très lourd en termes d’identité culturelle », déplore cet autochtone pour qui « le temps presse ».

© AFP

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