2022 est déjà l’année la plus chaude jamais mesurée en France

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Sécheresse à Loireauxence (Loire-Atlantique) le 20 septembre 2022 © AFP/Archives Damien MEYER

Paris (AFP) – C’était attendu, c’est désormais confirmé. Même si 2022 n’est pas encore finie, l’année et son cortège de vagues de chaleur, de sécheresse et d’incendies, sera la plus chaude jamais enregistrée en France, un triste record causé par l’intensification du changement climatique d’origine humaine et qui pourrait être la bande-annonce du futur.

« 2022 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée en France, depuis le début des mesures, c’est-à-dire depuis au moins 1900, c’est une certitude. Quel que soit le scénario retenu du mois de décembre, même (…) froid voire très froid », a annoncé mercredi Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.

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La température annuelle de l’ensemble de 2022 sera comprise entre 14,2 degrés Celsius, si le mois de décembre est froid, et 14,6 degrés, s’il est chaud. Mais quoi qu’il en soit, 2022 terminera devant l’année 2020, qui tenait jusque-là le record avec 14,07 degrés.

Soit une « anomalie climatique de +1 à +1,5 degré », a souligné M. Sorel.

L’année a été marquée par plusieurs épisodes de chaleur: trois vagues cet été (15 au 19 juin, 12 au 25 juillet et 31 juillet au 13 août), soit un record de 33 jours, et deux hors saison (en mai et fin octobre) avec, en contrepartie, très peu de périodes froides.

« Tous les mois de l’année ont été plus chauds que la normale, à l’exception des mois de janvier et d’avril », souligne encore Météo-France.

Principale conséquence de ce réchauffement: une « sécheresse historique » qui a été l’élément déclencheur de méga-feux comme ceux observés en Gironde et même en Bretagne cet été.

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« 2022 est l’une des années les moins arrosées, avec un déficit pluviométrique attendu en fin d’année entre moins 20 et 25% par rapport à la normale, occasionnant une sécheresse intense et durable », a expliqué M. Sorel.

Cette année se classe pour le moment au troisième rang des périodes de sécheresse les plus longues en France. Elle compte déjà huit mois de sécheresse contre 17 en 1989/90 et neuf en 2005.

Une année « normale » en 2050

Certains mois ont même battu des records, comme mai (déficit de 60%) et juillet (-85%), qui sont les plus secs depuis le début des mesures en 1959.

L’année la plus sèche en France reste 1989, avec un déficit de 25%.

Cette sécheresse et cette chaleur persistantes ont eu des conséquences directes sur la vie quotidienne des Français: difficulté d’accès à l’eau dans de nombreuses communes, récoltes agricoles réduites, endommagées ou détruites, habitations qui se fissurent…

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Sans compter un impact direct sur la santé: sur les 10.420 décès supplémentaires enregistrés cet été en France, toutes causes confondues, 2.816 l’ont été durant les vagues de chaleur, selon Santé publique France.

Mais 2022 est-elle un cas à part ? Oui si l’on réfère à un passé lointain, mais pas vraiment si on examine le début du XXIe siècle, et pas du tout si l’on se projette dans l’avenir, répond Météo-France.

Les fortes chaleurs sont devenues plus fréquentes ces dernières années: huit des 10 années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle sont postérieures à 2010.

La cause en est évidente: le réchauffement climatique causé par les gaz à effet de serre émis par les activités humaines.

Ainsi les vagues de chaleur estivale de 2022 auraient été « hautement improbables et nettement moins intenses sans l’effet du changement climatique », indique Agathe Drouin, climatologue à Météo-France.

Les études estiment que cette période « aurait été quasiment impossible dans un climat non réchauffé par l’homme ». Ces épisodes de chaleur ont été rendus « environ 500 fois plus probables avec le changement climatique d’origine anthropique », c’est-à-dire causé par l’homme, « et de 1,5 à 1,9 degré plus chauds ». « Si on se projette en 2040, cet événement sera environ sept voire 10 fois plus probable » par rapport à 2022, estime Mme Drouin.

« Très chaude dans le climat actuel, l’année 2022 deviendra +normale+ au milieu du XXIe siècle », conclut Météo-France.

© AFP

2 commentaires

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    • laurent du 79

    La plante qui « transpire » le plus au m2 l’été, donc qui climatise le mieux, c’est l’arbre (le feuillu : 300 à 500 litres d’eau par jour, 5000 m3 à l’hectare et par an), il faut au minimum 30 ans pour qu’un arbre soit pleinement opérationnel, en attendant il faut assurer une couverture végétale vivante l’été sur toutes les surfaces agricoles pour évacuer la chaleur (20°c de moins grâce à l’évaporation) et provoquer les pluies. Contrairement aux idées reçues, aucun champ irrigué ne peut évaporer plus d’eau qu’une forêt, il faut replanter des arbres mais une haie dans un champ sec l’été c’est une goutte d’eau dans le désert : c’est avec des champs verts qu’on fait pleuvoir, c’est avec des champs secs qu’on fabrique des déserts sans eau et sans vie.

    c’est l’urgence climatique qui nous impose de recycler l’eau des villes et de réguler le débit des rivières pour ne plus inonder et avoir de l’eau l’été.

    • xavvert

    Je rejoins l’avis de Laurent . Des arbres doivent remplacer des zones commerciales et surtout qu’on apprenne a mieux gérer l’eau, réparer les fuites…. l’eau va etre une denrée rare