La France en retard sur ses ambitions climatiques

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La centrale éolienne d'Avignonet Lauragais, Haute-Garonne © Yann Arthus-Bertrand

À l’heure du débat sur la sobriété énergétique et le jour où Emmanuel Macron inaugure le premier parc éolien off-shore de France au large de Saint Nazaire, les émissions de gaz à effet de serre du pays sont reparties à la hausse en 2021. De fait, la France ne remplit pas ses objectifs climatiques. D’après les données publiées jeudi 22 septembre 2022 par l’Observatoire Climat-Énergie, elle a émis l’an dernier 1 % de gaz à effet de serre de plus que l’objectif fixé par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE).

« La France ne respecte pas son objectif d’émissions nettes pour l’année 2021. Le principal écart vient de la moindre absorption des émissions par les forêts et les sols. Pour les secteurs émetteurs, la baisse des émissions de gaz à effet de serre reste insuffisante », écrit l’Observatoire Climat-Énergie. Réalisé par le Réseau Action Climat et co-porté par l’ADEME (agence pour la transition écologique), le CLER (Réseau pour la transition énergétique), Entreprises pour l’Environnement et l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), l’Observatoire Climat-Energie précise aussi dans son rapport que : « la situation énergétique de la France est critique, avec un retard sur les objectifs de baisse de la consommation d’énergie et de développement des énergies renouvelables, leviers essentiels pour nous prémunir des crises internationales et réduire les émissions de gaz à effet de serre. »

Trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusque 2021 puis projection des objectifs de réduction des gaz à effet de serre pour la France DR Infographie Réseau Action Climat

Un bilan mitigé, qui appelle à accélérer et agir sur le long terme

L’analyse des chiffres, un peu technique puisqu’ils font la distinction entre les émissions brutes et les émissions nettes, révèle un bilan contrasté. D’un côté, les émissions brutes, c’est-à-dire en ne prenant en compte que les rejets polluants, ont augmenté en 2021 pour s’établir à 418,2 MtCO2e mais restent alignées avec le budget carbone de la France dans ce domaine qui est de 422,1 MtCO2e. Il s’agit de prime abord d’un résultat satisfaisant. Cependant, d’un autre, côté, en regardant les émissions nettes, c’est-à-dire en prenant en compte l’absorption d’une partie des gaz à effet de serre par les écosystèmes comme les forêts, c’est l’inverse. Cela s’explique par la dégradation des milieux jouant le rôle de puits de carbone dans le pays. Ainsi, selon l’Observatoire Climat-Énergie, « la France a connu un rebond en 2021 et dépasse de plus de 20 MtCO2e son budget carbone, avec 404,4 MtCO2e émises pour un objectif de 384 MtCO2e. »

 

Les auteurs estiment par conséquence que « les baisses d’émissions de gaz à effet de serre devront être confirmées et accélérées en 2022, avec une nécessité de les inscrire dans un véritable changement structurel de temps long. »

Le trio de tête des secteurs émetteurs : transports, agriculture et industries

Les transports comptent pour près du tiers (30,1 %) des émissions, suivis par l’agriculture (19,4 %), l’industrie (18,6 %) et les bâtiments (17,9 %). Le secteur de la production d’énergie ne représente que 10.5 % des émissions françaises de gaz à effet de serre en raison de l’importance du nucléaire et de l’hydraulique dans la génération d’électricité. Cela témoigne d’une dépendance forte aux énergies fossiles, en particulier le pétrole et des difficultés à décarboner la mobilité alors que les technologies existent, mais restent chères.

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Le trio de tête des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Infographie DR Réseau Action Climat

Julien Leprovost

Article édité le 23 septembre à 7h30 pour y ajouter les deux infographies du Réseau Action Climat

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La France ne réduit pas assez ses émissions de gaz à effet de serre

4 commentaires

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    • Serge Rochain

    Et cela étonné qui ? Après 5 années d’un mandat qui a bloquer tous les développement du renouvelable en attente que L’EPR veille bien sortir de son berceau ce n’est qu’une évidence !
    Macron inauguré en 2022 une petite partie de ce qui devait être deja opérationnel en 2020 selon nos engagements de la cop21 ….6GW d’éoliennes en mer !

    • Wibart

    Dans un pays où les habitants sont réfractaires aux différents modes de renouvelable, trouvent des prétextes pour ne pas se les approprier, le retard est logique quoique dangereux. Il est si facile de critiquer les autres et l’état.

    • Régine

    La photo illustrant l’article ressemble à celle d’un site d’opposants aux éoliennes. Voir le site http://www.planete-eolienne.fr/realite_avignonet.htm

    • Balendard

    Concernant l’abandon du nucléaire le Lutin thermique que je suis est en accord avec les visions qu’ont l’Allemagne, Greenpeace et Négawatt à ce sujet

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/essentiel.pdf