Confronté à la sécheresse, le Kenya ré-autorise les cultures OGM

ogm genetiquement modifiés kenya maïs blanc

Champs au milieu de la savane. © Yann Arthus-Bertrand

Le gouvernement kenyan a levé en octobre l’interdiction de cultiver et d’importer des produits génétiquement modifiés. Il met ainsi fin à une interdiction établie il y a une dizaine d’années. La mesure fait débat au Kenya qui devient le 8e pays africain autorisant la culture des OGM. La mise en culture concerne le maïs blanc, un aliment important dans l’alimentation locale au quotidien. La quasi-totalité des fermes du pays (90 %) le cultivent. Selon la BBC, des graines de maïs blanc génétiquement modifiées pour résister à la sécheresse et aux ravageurs seront plantées sur 500 000 acres (soit un peu plus de 2000 km²).

Les autorités font valoir que les OGM ne présentent pas de risques pour la santé et ont fait leurs preuves en matière de productivité et de rendement. Elles misent dessus pour éviter une famine en raison du manque d’eau dans la région. Depuis 4 années, le pays est confronté à la sécheresse. Selon un sondage de 2021, 57 % des Kényans se déclarent opposés aux OGM.

Cité par RFI, Roy Mugiira, le PDG de la National Biosafety Authority, l’autorité en charge de la régulation des OGM au Kenya, affirme qu’autoriser le maïs génétiquement modifié fait partie des solutions pour lutter contre l’inflation des prix alimentaires. Il déclare :« cela va apporter de nouvelles opportunités pour la production de cultures de maïs résistantes aux insectes, aux maladies et à la sécheresse. Les importateurs vont avoir accès à des graines génétiquement modifiées à des prix abordables, aussi bien pour la consommation que pour le bétail. Cela va réduire la pression sur les cultures locales de maïs et on s’attend donc à voir les prix baisser. »

Les opposants estiment quant à eux que les OGM ne constituent pas une solution pour aider le Kenya à assurer sa sécurité alimentaire puisque le pays devra importer les semences et que les paysans ne pourront pas en faire un usage libre. Ces dernières sont en effet protégées par des brevets et des licences détenus par des multinationales. Ce qui fait dire à Claire Nasike, scientifique pour Greenpeace Afrique sur la BBC que : « autoriser ces compagnies à dominer la production et l’importation sur le marché de cultures clefs comme le maïs affecte les conditions de vie des paysans. Au Kenya, ils produisent entre 45 et 50 millions de sacs de maïs par an. Lever l’interdiction des OGM exposera aussi les fermiers aux lois draconiennes sur la protection de la propriété intellectuelle. Les graines génétiquement modifiées sont brevetées, ce qui peut exposer des paysans à des litiges juridiques ».

Un argument que balaie Stephen Mugo, directeur du Centre pour une agriculture résiliente en Afrique, estimant que le pays est loin d’être à la merci des multinationales : « c’est une croyance exagérée puisque le Kenya a la capacité de développer les cultures OGM. La plupart des entreprises mettent à disposition la technologie qu’ils emploient pour créer de nouveaux gènes. »

Julien Leprovost

A lire aussi

Au Kenya, la famine menace mais les yeux sont rivés sur la présidentielle

Salon de l’Agriculture : Greenpeace tance Macron sur les « nouveaux OGM »

L’Argentine devient le premier pays à autoriser du blé OGM

Des OGM interdits trouvés dans des aliments pour animaux

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Gil Kressmann

    La décision du Kenya d’autoriser les OGM est une bonne décision qui va permettre à ce pays d’améliorer sa sécurité alimentaire tout en développant une agriculture plus écologique.