Ces écologistes qui s’attaquent au fatalisme climatique chez les jeunes

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© AFP Des jeunes protestent contre les dangers du changement climatique devant la Maison blanche à Washington, le 24 mai 2019 © AFP/Archives Eric BARADAT

Paris (AFP) – Sourire radieux face caméra, Alaina Wood abreuve son jeune public TikTok de « bonnes nouvelles climatiques ». Objectif? Les délivrer d’une vision apocalyptique et de son corollaire, le découragement. Car oui, assure la jeune influenceuse, il n’est pas trop tard pour se retrousser les manches.

N’allez pas croire que cette spécialiste du développement durable, qui depuis le Tennessee aux États-Unis s’adresse à ses plus de 300.000 abonnés sous le nom de @thegarbagequeen, entretient son enthousiasme joyeux en fermant les yeux sur la litanie des tempêtes, des inondations et des canicules à répétition.

Cette scientifique de 26 ans redoute, parmi d’autres spécialistes du changement climatique, que le déluge de mauvaises nouvelles ne suscite un « catastrophisme climatique » et un désespoir contre-productif.

« J’ai décidé de faire un grand plongeon dans l’optimisme », raconte à l’AFP Alaina Wood.

« Si je vais leur parler de la dure réalité, je vais aussi leur montrer quoi faire de cette anxiété », explique l’Américaine, qui travaille dans les systèmes de traitement des eaux et des déchets.

Ses vidéos positives sur le climat, filmées chez elle ou lors de randonnées à la campagne, couvrent tous les sujets, de la régénération d’une espèce menacée jusqu’aux technologies balbutiantes sur la décarbonation de la production de ciment.

L’idée du « c’est trop tard » se répand surtout aux États-Unis et dans d’autres pays riches, alors que les personnes concernées dès maintenant par les effets les plus graves du changement climatique n’ont pas le luxe de baisser les bras.

Éco-anxiété

Les plus pessimistes et éco-anxieux sont généralement les adolescents. Près de 60 % d’entre eux se disent très inquiets ou extrêmement inquiets du changement climatique, selon un sondage mené dans dix pays auprès de jeunes de 16 à 25 ans, à la demande de l’ONG Avaaz.org.

Puisque chaque dixième de degré de réchauffement compte, les climatologues répètent qu’il n’est jamais trop tard pour agir et réduire les émissions d’énergies fossiles, même si chaque retard en aggrave les conséquences et rend les actions toujours plus compliquées et coûteuses.

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Le réchauffement mondial actuel, +1,2°C depuis l’ère pré-industrielle, a déjà provoqué des phénomènes météorologiques dévastateurs, et il peut être difficile de voir le bon côté des choses.

« Même mes abonnés les plus optimistes basculent dans le catastrophisme climatique à cause de toutes les catastrophes naturelles de cet été, et je ne sais pas quoi faire », écrivait Mme Wood sur Twitter fin août.

« Besoin d’espoir »

Le débat est intense parmi les scientifiques, les militants et les médias, à propos de la manière d’alerter sur l’immense menace sans pour autant accabler les populations.

« La peur va nous réveiller, mais la peur n’est pas ce qui motive une action à long terme », estime la climatologue Katharine Hayhoe, autrice d’un livre sur le sujet.

« Si nous décidons qu’il n’y a rien à faire qui puisse faire la différence, alors nous ne ferons rien, » disait-elle à l’AFP il y a quelques mois. « Et si nous ne faisons rien, alors nous sommes fichus ».

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La cofondatrice du mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion (XR), Gail Bradbrook, est du même avis.

Meilleur, mais pas le meilleur

Les gens sont « bien câblés », outillés, pour agir en faveur du bien commun, mais cette disposition est sapée par le système consumériste, juge-t-elle.

Toutefois, les fondateurs de XR en 2018 n’étaient motivées ni par l’espoir ni le désespoir: « C’était par détermination de voir le changement se produire », assure à l’AFP l’ancienne chercheuse.

Il faut comprendre les causes des crises du climat, de la biodiversité ou des inégalités, dit-elle, comparant ce besoin d’affronter l’amère vérité à celui du patient cancéreux qui réclame un diagnostic honnête. Pour ensuite pouvoir agir.

Quand bien même la situation serait un désastre irrémédiable, poursuit-elle, « que voulez-vous faire d’autre de votre vie? »

Alaina Wood reste optimiste et fière de l’impact de ses vidéos, qui ont incité ses abonnés TikTok à appeler la Maison Blanche pour demander au président Joe Biden de déclarer l’urgence climatique.

« Nous pouvons rendre l’avenir meilleur », pense-t-elle. « Ce ne sera peut-être pas le meilleur, car le meilleur aurait été d’empêcher en premier lieu le changement climatique », souligne-t-elle. « Mais nous pouvons rendre la société meilleure et plus saine ».

© AFP

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