Le Parlement européen valide le label « vert » de l’UE pour le gaz et le nucléaire

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Le Premier ministre tchèque Petr Fiala (d) est accueilli par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen (g) et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, à Strasbourg, le 6 juillet 2022 © AFP PATRICK HERTZOG

Strasbourg (AFP) – Les eurodéputés ont approuvé mercredi le label « vert » accordé par la Commission européenne au gaz et au nucléaire, deux sources d’énergie ainsi reconnues comme nécessaires pour lutter contre le changement climatique, malgré la colère des mouvements écologistes.

Le texte controversé, présenté en janvier par la Commission, classifie comme « durables » certains investissements pour la production d’électricité dans des centrales nucléaires – qui n’émettent pas de CO2 – ou des centrales au gaz, à condition qu’elles mobilisent les technologies les plus avancées. Et, pour ces dernières, qu’elles permettent de fermer des centrales à charbon bien plus polluantes.

Cette classification (dite taxonomie) devrait aider à mobiliser des fonds privés dans ces projets. Elle s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne en 2050.

Réunis en session plénière à Strasbourg, les eurodéputés ont rejeté une proposition de veto contre ce projet, à une majorité de 328 voix (278 pour, 33 abstentions).

La reconnaissance de la contribution du gaz et du nucléaire à la lutte contre le changement climatique, bien que fondée sur des rapports d’experts, a suscité l’indignation d’organisations écologistes qui dénoncent une opération de « greenwashing ».

« Politique sale »

« C’est de la politique sale et un résultat scandaleux », a réagi Ariadna Rodrigo de Greenpeace, en annonçant que l’ONG saisirait, avec d’autres, la Cour de justice de l’UE, unique moyen désormais pour bloquer l’initiative. Les gouvernements autrichien et luxembourgeois s’étaient déjà prononcés en faveur d’une action en justice.

« Ni le gaz, ni le nucléaire ne sont durables », ont affirmé les Verts dans un communiqué, estimant que le label de l’UE, jusqu’ici réservé aux énergies renouvelables, avait perdu sa crédibilité.

L’inclusion du gaz « va retarder la transition réellement durable, dont on a désespérément besoin, et renforcer la dépendance aux hydrocarbures russes », a dénoncé sur Twitter la militante suédoise Greta Thunberg, sans évoquer le nucléaire.

Quelques dizaines de manifestants écologistes ont brandi des banderoles mardi et mercredi devant le Parlement européen.

Les eurodéputés se prononçaient sur une motion d’objection, adoptée le 14 juin par les commissions parlementaires Affaires économiques et Environnement, synonyme de veto contre le texte de l’exécutif européen.

Soutenue massivement par la gauche, elle a été très largement rejetée à droite, même si le sujet a divisé les familles politiques.

« Conditions strictes »

« Les craintes ne sont pas justifiées. Le gaz et le nucléaire ne sont pas mis au même niveau que les renouvelables et des conditions strictes sont incluses », a souligné l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew, libéral).

Le label « vert » à ces deux sources d’énergie a déjà reçu l’aval des États membres. Seuls huit pays, dont l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, ont exprimé leur opposition, loin de la « super-majorité » de vingt pays nécessaire pour bloquer le projet.

La taxonomie de l’UE « donne la priorité aux renouvelables et à l’efficacité énergétique », a rappelé la commissaire aux Services financiers Mairead McGuinness, venue défendre son texte à Strasbourg.

Elle assure cependant que les énergies renouvelables ne pourront pas à elles seules répondre à la demande croissante d’électricité en raison de leur production intermittente. D’où le besoin, au moins à titre transitoire, de favoriser aussi l’investissement dans des moyens stables et pilotables comme le gaz et le nucléaire.

Cette position est aussi celle de la France, qui veut relancer l’atome, et des pays d’Europe centrale comme la Pologne, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon.

La taxonomie « est un levier essentiel pour investir dans (le nucléaire) une énergie décarbonée, indispensable pour notre avenir », a estimé François-Xavier Bellamy (PPE, droite), saluant une victoire de « la raison ».

La Commission européenne s’est réjouie du vote, affirmant qu’elle restait « déterminée à utiliser tous les outils disponibles pour éloigner (l’UE) des sources d’énergie à fortes émissions de carbone ».

« Personne ne dit que le gaz et le nucléaire sont des énergies vertes, mais elles sont temporairement indispensables à la transition », a plaidé l’eurodéputé Gilles Boyer (Renew).

© AFP

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6 commentaires

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    • Balendard

    ce n’est pas par la colère que les mouvements écologistes. vont convaincre qu’ils ont raison de s’opposer à cette orientation

    • Serge Rochain

    A la prochaine réunion, le charbon sera vert….. et à la suivante ce sera la lignite, on est sur la bonne pente !

    • Serge Rochain

    @ Balendard
    Ce n’est pas une orientation mais une décision de circonstance.

    • Jean-Pierre Bardinet

    Si l’objectif est de réduire les émissions de CO2, cette taxonomie est incohérente. Il suffit de savoir quels sont les bilans carbone.
    Nucléaire : 6 gCO2/kWh. Gaz : 420 gCO2/kWh. Eolien gCO2/kWh : 15 gCO2/kWh plus les émissions des centrales thermiques qui gèrent les fluctuation et l’intermittence, soit environ 40 gCO2/kWh. Solaire : 55 gCO2/kWh.
    Intégrer le gaz et les EnR dans la taxonomie verte est donc contraire aux objectifs. Seul le nucléaire (générations III et IV) respecte les objectifs.

    • Balendard

    Peut être une décision de circonstance Mr Rochain mais si elle est exécutée elle aura pour effet que c’est vous et moi en bon français qui allons payer la note avec la nationalisation d’EdF
    Qui plus est sauf erreur de ma part, le calcul semble bien prouver que ce sont les verts qui ont raison lorsqu’ils estiment que le nucléaire n’est pas durable : compte tenu des réserves mondiales d’uranium et vu que nous sommes environ 8 milliards sur terre si chaque homo sapiens consommait autant d’uranium que le français il y en aurait pour moins de 8 ans.

    Désolé de vous contredire Mr Bardinet. J’écris un livre sur la « Solar Water Economy » qui traite de ces sujets qui prouve que c’est la chancelière allemande qui a raison

    • Jean-Pierre Bardinet

    Cher Balandard
    Qui sont les responsables de cet foutoir énergétique ? Au tout début, la Commission, l’Allemagne avec Angela Merkel qui a imposé son absurde modèle d’Energiewende, et nos gouvernants qui, tous, ont tout fait pour casser notre système électrique intégré et torpiller EDF dont pourtant l’Etat est actionnaire principal. Si Jospin et ses complices de l’époque (DSK, Mme Voynet, Mme Lepage,…) n’avaient pas stoppé la surgénération avec l’arrêt de Superphénix, nous aurions eu un avantage concurrentiel colossal et notablement réduit les déchets, notamment le plutonium, ce que les Verts ne peuvent supporter dans leur combat idéologique historique contre le nucléaire. Puis Macron a arrêté le projet de surgénération Astrid pour de minables motifs électoraux et mis à mort Fessenheim, qui nous manque cruellement, à tel point que, incohérence totale, nos gouvernants irrationnels et incompétents vont rouvrir la centrale à charbon de St Avold. Quant à Sarko, c’est lui qui a lancé l’ARENH, dispositif absurde qui oblige EDF à vendre à bas pris (42 €/MWh) 30% de sa production à des concurrents dont la très grande majorité ne produit rien. Et maintenant nos gouvernants, responsables avec ceux de Mitterrand, de Sarko, de Hollande, et de Macron de cette situation de pénurie, viennent pleurer sur les plateaux télé pour nous supplier de faire des efforts.

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