Plan climat de l’UE: les 27 approuvent la fin des moteurs thermiques en 2035

fin des moteurs thermiques 2035

Les drapeaux de l'Union européenne à Bruxelles, le 16 juin 2022 © AFP/Archives Kenzo TRIBOUILLARD

Luxembourg (AFP) – Les 27 Etats membres de l’UE ont approuvé mercredi le projet de la Commission de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves en Europe à partir de 2035, soit l’arrêt de facto des ventes de moteurs thermiques au profit de véhicules 100% électriques.

Cette mesure, proposée par l’exécutif européen en juillet 2021, reste à discuter avec les eurodéputés.

Elle signifierait l’arrêt de fait des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers essence et diesel dans l’Union européenne à partir de 2035, ainsi que des hybrides (essence-électrique). Cela doit contribuer à atteindre les objectifs climatiques du continent, en particulier la neutralité carbone à l’horizon 2050.

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A la demande de quelques pays, dont l’Allemagne et l’Italie, les Vingt-Sept ont cependant accepté d’envisager un possible feu vert à l’avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) ou motorisations hybrides rechargeables si celles-ci permettent d’atteindre l’objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.

Les ministres européens de l’Environnement, réunis à Luxembourg, ont également approuvé une extension de cinq ans de l’exemption des obligations en matière de CO2 accordée aux constructeurs « de niche » ou ceux produisant moins de 10.000 véhicules par an, jusqu’à fin 2035. Cette clause, dite parfois « amendement Ferrari », profitera notamment aux marques de luxe.

Ces mesures devront désormais être négociées avec les eurodéputés, qui ont également déterminé ce mois-ci leur position sur la proposition de la Commission.

« Cela constitue un grand défi pour notre industrie automobile », a reconnu la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui présidait la réunion de mardi.

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Mais elle a estimé qu’il s’agissait d’une « nécessité » face à la concurrence chinoise et américaine qui a largement misé sur les véhicules électriques considérés comme l’avenir de l’industrie.

Ces décisions « en amont » vont « permettre une transition planifiée et accompagnée », a ajouté la ministre.

Infrastructure de recharge insuffisante

La filière automobile européenne, qui investit déjà lourdement dans l’électrification, redoute cependant l’impact social d’une transition trop rapide.

« L’écrasante majorité des constructeurs automobiles ont fait le choix des voitures électriques », a fait valoir le vice-président de la Commission chargé du Pacte Vert, Frans Timmermans, lors d’une conférence de presse.

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Il a néanmoins rappelé l’ouverture de l’exécutif européen à d’autres technologies.

« Nous sommes technologiquement neutres. Ce que nous voulons ce sont des voitures zéro émission », a-t-il expliqué. « A l’heure actuelle, les e-carburants ne semblent pas une solution réaliste, mais si les constructeurs peuvent prouver le contraire à l’avenir, nous serons ouverts ».

La technologie des carburants de synthèse, actuellement en cours de développement, consiste à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l’électricité bas-carbone, dans une approche d’économie circulaire.

La filière automobile, tout comme l’industrie pétrolière, fondent de gros espoirs sur ces nouveaux carburants qui permettraient de prolonger l’utilisation des moteurs thermiques, aujourd’hui menacés par l’irruption des véhicules 100% électriques.

Mais l’usage de cette technologie dans l’automobile est contestée par les ONG environnementales qui la jugent à la fois très onéreuse et énergivore. Elles dénoncent en outre des motorisations émettant autant d’oxydes d’azote (NOx) que leurs équivalents à carburant fossile.

L’automobile, premier mode de déplacement des Européens, représente un peu moins de 15% des émissions de CO2 totales de l’UE, un des premiers gaz responsables du réchauffement climatique.

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Pour répondre aux constructeurs inquiets d’une demande insuffisante des consommateurs pour le 100% électrique, la Commission a préconisé de fortement développer les bornes de recharges.

« Le long des principales routes en Europe, il faut qu’il y ait des points de charge tous les 60 kilomètres », avait demandé l’an dernier la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Les constructeurs se plaignent régulièrement de l’insuffisance de ces infrastructures, en particulièrement dans les pays du Sud et de l’Est de l’Europe.

© AFP

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3 commentaires

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    • xavier785

    il faut trouver des solutions de recharges disponibles et rapidement pou que les temps de déplacements ne soient pas triplés. aujourd’hui beaucoup laissent leur voiture sur des bornes des demi journées sans venir déplacer leur véhicule une fois la charge faite…

    • Jean-Pierre Bardinet

    Le problème de l’idéologie anti-CO2, c’est que les députés ne se posent aucune question sur les conséquences visibles et invisibles de leurs décisions. En effet, se posent plusieurs problèmes de faisabilité : les matières premières (cuivre, lithium, cobalt, manganèse, terres rares, cobalt, …) vont être de plus en plus rares et onéreuses, car elles sont déjà énormément consommées par l’éolien et le solaire. Selon l’AIE, le cours du lithium a été multiplié par 7 en quelques années et celui du cobalt par deux, et cela n’est qu’un début avec l’explosion de la demande. Il faut des bornes de recharge. Il y en a actuellement 57 800 en France, dont 4% en recharge rapide et il en faudrait dans l’espace public (routes nationales, autoroutes) bien plus de 500 000 dont une majorité dans l’espace public, au prix d’au moins 10 k€ par unité. Il y a en France 40 M d’automobiles et 7 M d’utilitaires, et il y en a environ 15 M simultanément sur les routes et autoroutes. Les rechargements sont très gourmands en énergie électrique, et pour satisfaire les demandes de recharge il faudrait doubler le parc nucléaire actuel et utiliser éolien et solaire en espérant qu’ils produisent lors des pointes. La voiture électrique est un marché artificiel, comme celui de l’éolien et du solaire, car elle ne se vend que grâce aux grasses aides de l’Etat (au moins 6 K€/véhicule), ce qui augmente notre dette souveraine déjà catastrophique. Cette folie du tout électrique onéreux va exclure de la mobilité automobile les classes moyennes et populaires, ce qui pourrait déclencher une révolution. Pour toute personne sensée, la suppression des ventes des voitures thermiques en 2035 (c’est demain) est aussi absurde et incohérente que le Plan Vert de -55% des émissions de CO2 en 2030.

    • Jean-Pierre Bardinet

    La guerre anti-CO2 n’a aucune justification. Elle a pour origine les statuts du GIEC, chargé de travailler, avant toute étude, avant toute publication scientifique, sur le réchauffement climatique anthropique. La conclusion étant imposée pour de sombres motifs idéologiques, aucune politique climat-énergie n’a de justification technique et scientifique. Mais supposons que le CO2 ait une action mesurable sur la température. Selon le rapport AR5 du GIEC, page 471, la part des émissions anthropiques de CO2 n’est que de 4%. Sur ces 4%, la part des émissions européennes est de 9%, l’automobile y entrant en partie, sans doute pour moins de 30%. Quelle est alors la justification de cette décision irréfléchie du Parlement européen ? Nous sommes dans un monde de fous.