Décharges sauvages : procès pour le maçon qui avait mortellement renversé un maire du Var

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L'enterrement de Jean-Mathieu Michel, maire des Signes, tué alors qu'il tentait d'empêcher le déversement illégal de déchets, au cimetière de Signes, dans le département du Var, le 9 août 2019 © AFP/Archives GERARD JULIEN

Marseille (AFP) – Le jeune maçon qui avait mortellement percuté avec sa camionnette le maire d’une petite commune du Var venu le verbaliser pour avoir déversé des gravats en pleine nature, à l’été 2019, suscitant une vague d’indignation, comparaît vendredi à Toulon, pour « homicide involontaire ».

Le 5 août 2019, en plein après-midi, ce maçon de 23 ans de retour d’un chantier avec son utilitaire rempli de déchets avait accidentellement écrasé Jean-Mathieu Michel, 76 ans, maire du village de Signes depuis 1983, en faisant marche arrière.

La victime, qui était avec trois autres personnes, s’était arrêtée en voyant le jeune homme, employé d’une entreprise locale de BTP, déverser ses gravats, aidé d’un apprenti, le long d’une départementale. Après avoir ramassé ses ordures, le maçon, qui s’apprêtait à repartir, avait renversé le maire alors que celui-ci était au téléphone avec la police municipale pour le faire verbaliser.

Le décès de l’édile avait suscité la colère des élus locaux, qui s’estiment souvent seuls pour gérer ce genre de conflits. Un sentiment d’abandon auquel le président Macron, représenté lors des obsèques par la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, avait répondu par un message de fermeté.

« Je veillerai personnellement à ce que face aux incivilités et à la désagrégation chez certains du sens de l’État et de la nation, la réponse soit toujours ferme, exemplaire et sans complaisance. Nous le devons à M. Michel et à tous les élus de France », avait lu Mme Gourault.

Deux ans et demi après les faits, l’enquête a pourtant conclu qu’aucun élément ne permet de penser que le jeune homme aurait volontairement percuté la victime. De même les investigations ne permettent pas d’affirmer qu’il avait connaissance de la qualité de maire de M. Michel.

Selon une expertise, le conducteur ne pouvait en effet l’apercevoir compte tenu de la visibilité « très restreinte » dans ses rétroviseurs et de l’absence de caméra de recul.

Renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « homicide involontaire après usage de stupéfiants », l’ouvrier, qui avait consommé du cannabis une dizaine d’heures avant l’accident, selon les prélèvement sanguins, a toujours assuré durant ses auditions ne pas avoir vu M. Michel.

Contacté par l’AFP, Me Alain Baduel, l’avocat du jeune homme, n’a pas souhaité s’exprimer avant les débats.

Lors de son dernier interrogatoire, l’ouvrier avait dit avoir « très mal vécu la très forte médiatisation » de cette affaire et redouter celle à venir lors de son procès.

© AFP

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