Olivier Schneider, président de la fédération des usagers de la bicyclette : « on a gagné plus 5 ans de politiques cyclables »

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Un cycliste à vélo à Bordeaux Philippe LOPEZ / AFP

Début 2021, deux mesures importantes en faveur du vélo ont été prises : le marquage obligatoire de tous les vélos neufs vendus en France et l’obligation pour les nouvelles rames de train de prévoir un espace vélo. Un an après le début de la crise sanitaire du coronavirus qui a vu les pistes cyclables se multiplier lors du déconfinement, c’est l’occasion de faire le point sur l’impact de ces mesures et la place du vélo en France, avec le président de la fédération des usagers de la bicyclette (FUB) Olivier Schneider.

Concrètement comment se passe le marquage des vélos neufs ?

Depuis le 1er janvier, il y a une obligation pour les vélos neufs mis sur le marché d’être marqués. Il s’agit d’un numéro d’identification unique inscrit sur le cadre par diverses techniques dont la gravure. Ce numéros unique assure la traçabilité du vélo en faisant le lien entre son propriétaire et le cycle.

Qui effectue le marquage ?

Soit il est effectué en usine soit c’est le professionnel qui « marque » le vélo au moment de la vente. L’obligation incombe au vendeur et non à l’acheteur.

Qu’est-ce que cela change pour l’acquéreur d’un cycle ?

Si jamais son vélo se fait voler et qu’il est retrouvé, le propriétaire a la garantie que son vélo lui sera restitué grâce au marquage. Aujourd’hui, sur 400 000 vélos volés par an, 100 000 vélos sont retrouvés, mais seuls environ 7 000 sont restitués, faute de pouvoir établir le propriétaire légitime.

 Bien évidemment, le marquage vélo seul ne suffit pas pour protéger les bicyclettes contre le vol. Pour cela, il faut des antivols et les infrastructures de stationnement adaptées. Le marquage et la traçabilité permettent cependant de lutter contre le recel.

Aujourd’hui, sur 400 000 vélos volés par an, 100 000 vélos sont retrouvés, mais seuls environ 7 000 sont restitués, faute de pouvoir établir le propriétaire légitime.

Avez-vous pu constater que les revendeurs jouent le jeu dès à présent ?

L’État a été en retard de trois mois sur la parution des décrets les 30 et 31 décembre 2020. De nombreux vendeurs le font déjà, mais il subsiste une période de tolérance pour permettre à tous de s’adapter. Cette transition de trois mois est due à la parution des décrets la veille de leur entrée en vigueur.

Quelles conséquences attendre du marquage généralisé des vélos ?

Le marquage doit entrainer un effondrement de la revente illégale des vélos volés et cantonner le vol à des spécialistes les envoyant à l’étranger ou disposant de moyens d’enlever le marquage. Un peu comme le vaccin, une fois que la majorité des vélos sera identifiable, le vol et le recel de vélos devraient fortement diminuer.

Le fait que tous les trains doivent désormais accepter les vélos, est-ce une bonne nouvelle ? combien de temps avant que ce soit effectif ?

La mesure concerne tous les trains neufs ou rénovés. C’est une attente forte et légitime de la part de nos concitoyens. Il s’avère maintenant important de rendre homogène les conditions d’accès des vélos dans les trains car elles restent très différentes selon les lignes, le matériel roulant et les dessertes. Actuellement, certains TGV les acceptent, d’autres non, on ignore aussi le nombre d’emplacements disponibles. Homogénéiser l’offre permettra aux personnes qui utilisent ce service pour se déplacer au quotidien à vélo ou aux cyclotouristes, de faire de l’intermodalité. 8 places par train, c’est bien, mais pas suffisant.  En fait, nous attendons surtout le décret sur le stationnement sécurisé des bicyclettes dans les gares qui permettra de massifier la pratique de l’intermodalité, c’est-à-dire l’usage combiné du vélo et du train.

Un an après le début de la crise sanitaire , quel bilan pour le vélo en France ?

On a gagné plus 5 ans de politiques cyclables. Des mesures inéluctables sont arrivées plus rapidement. Un certain nombre de personnes, qui pensaient que les Français ne voulaient pas se mettre au vélo, ont constaté que nos concitoyens se mettent au vélo une fois les infrastructures cyclables nécessaires mises en place. Le vélo a gagné en légitimité et en capital sympathie. En prenant le vélo par peur des transports en commun et par manque d’exercice, les Françaises et les Français ont découvert que le vélo était praticable. L’essayer, c’est l’adopter. Après la crise du Covid, il restera une place pour le vélo. Les élus des villes ont vu que les politiques ambitieuses en faveur du vélo payent.

La priorité est donc de doter les villes françaises de pistes cyclables sécurisées, c’est-à-dire que ceux qui conçoivent ces aménagements soient prêts à mettre leurs propres enfants de douze ans dessus.

Quel sera la prochaine étape importante pour favoriser l’usage du vélo au quotidien en France ?

Il faut désormais prendre le vélo au sérieux et faire les choses de manière qualitative plutôt que quantitative. La priorité est donc de doter les villes françaises de pistes cyclables sécurisées, c’est-à-dire que ceux qui conçoivent ces aménagements soient prêts à mettre leurs propres enfants de douze ans dessus. Si c’est le cas, alors l’aménagement convient à tout le monde. Le Covid a montré l’appétence des Français pour les déplacements à vélo, il reste à doter la France d’un système vélo qui va au-delà des pistes.

Enfin, un conseil pour les cyclistes ?

Se remettre au vélo n’est pas compliqué, mais c’est mieux de bénéficier de quelques bons conseils. Jusqu’au 31 mars, vous pouvez bénéficier des remises en selle. C’est le même dispositif que le Coup de pouce vélo Réparation, mais l’agenda des réparateurs est surchargé de rendez-vous.  La remise en selle vous permet d’être initié à la route et aux BRAV (les bons réflexes à vélo) par des professionnels. Rendez-vous sur le site dédié.

Propos recueillis par Julien Leprovost

Pour aller plus loin
Le site de la FUB
Coup de pouce remise en selle

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