Un réseau de trafiquants d’ivoire vers l’Asie condamné

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De l'ivoire saisi à Hong Kong, exposé le 1er février 2019 © AFP/Archives Anthony WALLACE

Rennes (AFP) – Des peines « par défaut » : huit prévenus, irlandais, chinois ou vietnamiens jugés depuis lundi à Rennes pour un vaste trafic d’ivoire et de cornes de rhinocéros ont été condamnés mercredi à des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme.

C’était attendu, le tribunal correctionnel de Rennes a rendu son délibéré en l’absence des quatre « Irlandais », membres présumés du gang des « Rathkeale Rovers » (vagabonds de Rathkeale), groupe criminel, issu de la communauté irlandaise des gens du voyage.

Déclaré coupable de « détention de spécimen de faune sauvage menacé d’extinction sans détention de documents réguliers », Tom Greene, 33 ans, a été condamné à trois ans ferme avec mandat d’arrêt. Mardi, le magistrat du parquet avait qualifié ce prévenu de « prédateur qui ne tient pas le fusil » et de « VRP de la corne de rhinocéros » et requis six ans.

Greene avait été interpellé avec trois autres complices la nuit des 10-11 septembre 2015, à Poitiers. Dans leur véhicule, les douaniers avaient découvert quatre défenses d’éléphant d’Afrique pesant en tout 42,6 kg et 32.800 euros en espèces.

L’enquête avait ensuite révélé deux réseaux de trafic international d’ivoire brut et de corne de rhinocéros vers le Vietnam et la Chine, en relation avec les « Rathkeale Rovers ».

Son frère, Richard O’Riley, 35 ans, qui l’accompagnait dans ses affaires, a lui aussi été « déclaré coupable de détention d’espèce protégée sans document régulier » et condamné à deux ans ferme, le tribunal précisant que « les faits ont été commis en bande organisée ». Le procureur avait requis quatre ans.

Des peines d’un an avec sursis, ont été prononcées contre leurs complices Edward Gammel, 29 ans, qui avait reconnu avoir acheté les défenses à Bordeaux, et Daniel Mc Carthy, 33 ans.

Dans le volet chinois, le tribunal a condamné à deux ans ferme David Ta. Ce chef d’entreprise de 51 ans, spécialisé dans l’exportation d’antiquités et de parfums, était soupçonné d’avoir dirigé une filière franco-vietnamienne de trafic de défenses d’éléphant. Il a été reconnu coupable de « contrebande ou transport de produits d’animaux d’espèces protégées ».

Délit de bande organisée

Chez ce dernier 14 défenses d’éléphants d’Afrique avaient été découvertes cachées sous une palette sans document justificatif valide. Au procès il s’était présenté comme un simple collectionneur.

Des photos dans le téléphone de M. Ta avaient permis aux enquêteurs de dénombrer 62 défenses ayant transité par son entreprise entre novembre 2015 et avril 2016.

« Ce sont des faits graves qui justifient une peine d’emprisonnement », lui a signifié le président du tribunal.

L’assistant de M. Ta, Quan Do Danh, 41 ans, chez qui « un atelier de découpe d’ivoire » a été découvert, a été condamné à un an ferme.

Ching Kit Ha, un restaurateur qui était suspecté d’être le principal client de Tom Greene, a été condamné à 18 mois ferme. Yang Daosheng 58 ans, a été condamné à 18 mois de sursis pour détention d’espèce de faune sauvage sans document régulier.

Enfin, un neuvième prévenu, Quing Jia, a été relaxé. Aucun mandat de dépôt n’a par ailleurs été décerné à l’encontre des huit autres. Des amendes douanières allant jusqu’à 200.000 euros, ont également été prononcées à l’encontre des prévenus, ainsi que la confiscation des biens et de sommes d’argents saisies.

Seule partie civile au procès, l’association Robin des Bois qui agit en tant qu’observateur de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction), a salué des « peines exemplaires ».

« Pour la plupart des prévenus, le délit de bande organisée a été reconnu, et le tribunal confirme qu’on avait affaire à un réseau qui alimentait le marché asiatique », a indiqué Charlotte Nithart présidente de Robin des Bois. « Malheureusement les gens ne sont pas là », a souligné l’association.

Plus tôt dans la journée, les avocats de trois prévenus avaient plaidé mercredi la relaxe et des peines aménagées, pointant un manque de preuves.

Cette affaire constitue « un véritable massacre culturel et écologique », avait lancé le représentant du ministère public Vincent Mailly, en référence au braconnage engendré par ce trafic.

©AFP

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Un commentaire

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    • michel CERF

    Des peines bien trop légères pour être dissuasives .