Climat : la Première ministre des Samoa tire le signal d’alarme avant la COP26

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Photo fournie par le Samoa Observer le 27 juillet 2021 de la Première ministre des Samoa, Fiame Naomi Mata'afa, lors de la première réunion de son gouvernement © SAMOA OBSERVER/AFP/Archives Vaitogi Asuisui MATAFEO

Apia (Samoa) (AFP) – Le monde doit prendre des décisions urgentes contre le changement climatique lors du sommet des Nations unies à Glasgow ou les États insulaires de faible altitude connaîtront un avenir « désastreux », a averti la nouvelle Première ministre des Samoa dans une interview à l’AFP.

Fiame Naomi Mata’afa, entrée en fonction en juillet, a tracé des perspectives dramatiques pour les îles du Pacifique si les efforts pour contrer le réchauffement climatique n’avancent pas.

La montée des eaux a déjà commencé à submerger les atolls de la région, a assuré Mme Mata’afa, citant des archipels comme les Tokelau, Tuvalu et Kiribati.

« Pour eux, la situation est bien réelle et actuelle, l’eau gagne du terrain sur eux », a-t-elle souligné, ajoutant que le Sud du Pacifique était traversé par de plus en plus de cyclones violents.

Auparavant, les tempêtes majeures « se produisaient tous les 50 à 60 ans, maintenant, c’est tous les deux à trois ans », a-t-il ajouté.

« De notre côté, nous avons constaté un effet sur nos zones côtières, et la côte représente près de 70% de notre pays ».

La 26e édition de la conférence mondiale sur le climat (COP26), qui doit se tenir dans la ville écossaise de Glasgow en novembre, est érigée en priorité.

Des négociateurs de 196 pays participeront à ce sommet mondial, la plus grande conférence sur le climat depuis la COP21 de Paris en 2015.

Mme Mata’afa a exhorté les participants à honorer les objectifs ambitieux fixés à Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius par rapport à la période pré-industrielle.

A cette fin, la cheffe du gouvernement des Samoa a rappelé que les pays émetteurs de CO2 devaient préférer le sauvetage de la planète à leur croissance économique, ajoutant: « ce n’est pas sorcier ».

« Le Pacifique a longtemps été une voix isolée dans le débat, mais je pense que les conseillers scientifiques ont orienté la réflexion mondiale dans ce sens ».

Une relation « mature » avec la Chine

La responsable politique de 64 ans a reconnu sa déception vis-à-vis de la grande puissance régionale, l’Australie, qui refuse d’adopter l’objectif de zéro émission nette de carbone et reste l’un de principaux exportateurs mondiaux de combustibles fossiles.

« Quand vous travaillez dans un collectif comme nous le faisons dans le Pacifique, l’Australie en fait partie », a-t-elle souligné.

« C’est frustrant, mais c’est la réalité de la vie, on ne peut pas toujours être d’accord ».

Mme Mata’afa s’est aussi offusquée de remarques émises en Australie suggérant que les Samoa ne comprenaient pas les risques que présente une relation étroite avec la Chine, qui cherche à étendre son influence dans le Pacifique.

« Ce qu’ils disaient, c’est que nous n’étions pas aussi nuancés sur la manière d’entretenir des relations avec ces grands pays », a-t-elle estimé.

« Nous sommes indépendants depuis 1962, donc nous connaissons bien la question. Je pense que nous comprenons assez bien quelles sont nos relations, tout comme l’Australie a ses propres relations ».

Le nouveau gouvernement qu’elle dirige n’a aucune intention de revenir sur sa reconnaissance du régime de Pékin et de la politique de la « Chine unique », même s’il reste ouvert au commerce avec Taïwan, a-t-elle assuré.

Quant à l’annulation d’un projet de port financé par Pékin et initié par son prédécesseur, la Première ministre a minimisé son impact, assurant que ce projet n’était qu’au stade de l’étude de faisabilité et que son annulation n’entamerait pas la relation « mature » avec la Chine.

Interrogée sur la rivalité entre la Chine et les États-Unis dans la région, Mme Mata’afa a assuré être à l’aise à traiter avec les deux superpuissances dans l’intérêt des Samoa.

« Dans le contexte géopolitique, la réalité pour les petits pays, c’est que nous avons à nous frayer un chemin entre ces plus grands pays et les questions qu’ils abordent en priorité », a-t-elle expliqué.

©AFP

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