Le confinement, terreau fertile pour les livres de jardinage

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Des fruits et légumes produits dans les jardins du château de Versailles en vente sur place, le 20 octobre 2017 © AFP/Archives LUDOVIC MARIN

Paris (AFP) – Des potagers « du paresseux », « au naturel », « bio » ou « pour les nuls », un « petit jardin » ou « des leçons de permaculture »: le confinement a été le terreau parfait pour les livres de jardinage, destinés à un lectorat jeune, néophyte, avide de conseils simples et pratiques.

« Un nouveau public est apparu pendant les confinements », explique à l’AFP la directrice éditoriale chez Larousse, Nathalie Viard. « Des débutants se sont mis au jardinage, tandis qu’un public déjà connaisseur est monté en compétence ».

« Le Covid a entraîné un emballement commercial réel », renchérit la directrice du département Art, Nature et Société, des éditions Actes Sud, Anne-Sylvie Bameule. Mais « cette accélération prend place dans un mouvement de progression continu depuis une dizaine d’années ».

« Les ventes de livre augmentent chaque année, en particulier depuis cinq ans. En 2020 nous avons vendu 373.000 livres de jardinage, malgré la fermeture des librairies », indique à l’AFP la maison d’édition Terre Vivante. La moitié des parutions de cet éditeur spécialisé depuis 40 ans dans « l’écologie pratique » concerne le jardinage.

Selon les chiffres du cabinet GfK transmis par la maison d’édition First, le marché du livre « Nature et jardinage » a augmenté de plus de 10% entre le premier semestre 2019 et celui de 2021.

Pour Antoine Isambert, des éditions Ulmer, « le public a complétement évolué, motivé par une envie de produire soi-même et de retour à la nature en ville propre à une nouvelle génération ».

Cet éditeur « nature et écologie pratique » a vu son chiffre d’affaires augmenter de 7% en 2020, malgré les deux mois du premier confinement pratiquement « à zéro ».

Abondamment illustré, « Mon petit potager bio sur 15 m² » (Ulmer) du jeune instagrameur Arthur Motté s’est vendu à 10.000 exemplaires depuis mars 2020. « Mon balcon nourricier en permaculture », de Valéry Tsimba, paru en janvier 2021, compte déjà 6.000 ventes.

« Ce qu’ils font n’est pas intimidant. Chacun se dit qu’il peut le faire, qu’il vive dans une maison de banlieue ou en appartement », commente le directeur des éditions Ulmer. « En tant qu’éditeur, on rétablit le lien qui a été rompu entre cette nouvelle génération et l’apprentissage du jardinage autrefois transmis par les grands-parents ».

Selon Nathalie Viard, des éditions Larousse, « les horticulteurs sont les nouveaux chefs ». « Une nouvelle population, plus jeune et plus urbaine a commencé à s’intéresser aux jardins et nous sommes allés chercher de nouveaux auteurs, des acteurs du jardin qui parlent à cette communauté ».

Larousse a publié en février « Les Leçons de permaculture de ZeProfDortie », dont l’auteur, Jean-Christophe Bar, alias ZeProfDortie, compte quelque 71.600 abonnés sur Youtube.

Dès 2018, « Le Potager du paresseux », sorti chez Tana, de Didier Helmstetter, ingénieur agronome qui cultive son propre jardin, s’est vendu à 50.000 exemplaires (et 11.000 exemplaires pour la version illustrée).

« On a besoin d’auteurs qui puissent proposer quelque chose de vérifié, expérimenté et éclairé », déclare Suyapa Hammje, la directrice éditoriale de Tana, une maison d’édition « écoféministe ».

Arrivée à la tête du département pratique d’Albin Michel en février 2020, juste avant le confinement, Aurélie Starckmann avait pour objectif, côté jardinage, « un auteur qui soit jeune, connecté et ait envie de transmettre son savoir ». Elle se félicite d’avoir trouvé des auteurs qui écrivent « d’une façon différente, plus décontractée et très accessible ».

« Un potager au naturel avec Tom le Jardinier » (Albin Michel), instagrameur aux 21.300 followers, paru en avril 2021, s’est déjà vendu à 6.000 exemplaires sur un tirage de 8.000.

Aller chercher les néophytes, c’est la mission de la collection à succès « Pour les nuls », de la maison d’édition First, qui a fait elle aussi son entrée sur le segment du jardinage. « Un potager pour les nuls », signé Philippe Collignon et Charlie Nardozzi, paru en 2016, s’est vendu à 11.600 exemplaires.

© AFP

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