À Lannemezan, le projet de “mégascierie” divise

Suède bois Yann Arthus-Bertrand

Region de Blekinge - Usine Sodra a Mörrum (stock de bois pour la pâte a papier) - Suede. ©Yann Arthus-Bertrand

Formé en février 2020, le collectif “Touche pas à ma forêt” se bat contre un projet de “mégascierie” à Lannemezan, dans les Pyrénées, rapporte le journal Le Monde le 2 octobre. Organisations syndicales et politiques, associations, gilets jaunes, simples citoyens… tous se sont rassemblés pour sauver leur forêt, menacée par le projet d’exploitation du géant italien Florian.

11 millions d’euros doivent être investis dans la construction d’une scierie géante dans la région, créant 25 emplois. Pour fabriquer parquets, escaliers, et autres meubles, le groupe Florian prévoit de transformer chaque année 50 000 mètres cubes de bois de hêtre en bois d’oeuvre. Seulement, pour atteindre cet objectif, 200 000 à 640 000 mètres cubes devront être coupés tous les ans.

Les environnementalistes sont vent debout. « Le projet d’installation de cette scierie industrielle sur le piémont pyrénéen ne peut être de nature à répondre au double enjeu de changement climatique et d’érosion de la biodiversité, mais, bien au contraire, ne fait que l’accentuer », dénonce un rapport de l’Observatoire des forêts des Pyrénées centrales.

Seul 9,2 à 13,7 % d’un arbre est utilisable pour la réalisation d’un bois d’oeuvre qualitatif. Le bois d’hêtre non-utilisé par Florian doit servir de combustible dans une centrale à biomasse. Celle-ci est gérée en partenariat avec la société d’économie mixte Energies Services Lannemezan, dirigé par le maire de la ville. Les résidus de biomasse seront brûlés afin de produire de l’électricité et de la chaleur. « En pleine urgence climatique, cramer du bois est absurde. C’est aussi polluant que le charbon ou le pétrole. Par ailleurs, les études montrent que les vieux arbres continuent à piéger du CO2. En cas de combustion, tout le carbone qu’ils contiennent est libéré dans l’atmosphère, et il faut des décennies pour en absorber à nouveau la même quantité. », déplore Sophie Maillé, écologue à l’Observatoire des forêts.

Certains membres du collectif menacent de créer une ZAD (zone à défendre) si un moratoire n’est pas mis en place sur le projet. Le 11 octobre, la marche organisée par le collectif a réussi à mobiliser 1 500 personnes.

Dans un communiqué de presse, le groupe Florian s’est défendu de toute atteinte à l’environnement, affirmant qu’il « n’effectue pas d’opérations mettant en péril l’environnement et la durabilité écologique des forêts, de plus le groupe lui-même n’opère que dans des conditions de régénération naturelle des forêts ou de reboisement maîtrisé. ». De plus, Florian s’est déclaré ouvert à la discussion avec les acteurs locaux sur une possible amélioration du projet.

2 commentaires

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    • Rozé

    Il faut cesser de concentrer ! Mieux vaut plusieurs petites scieries adaptées à leur environnement local qu’une grosse ! En effet la grosse scierie implique des transports importants en entrée et en sortie, très peu d’emplois créés car l’automatisation maximum est privilégiée. Comme montré dans cet article, il y aura de nombreux déchets brûlés et donc une émission de CO2 importante qui viendra encore renforcer celle due au coté énergivore de toute automatisation et de tout transport. Le système néo-libéral de spécialisation de production, de concentration n’est pas compatible avec les luttes contre la perte de biodiversité, le réchauffement climatique et la relocalisation humaine.

    • Bousquet

    On a tous le commentaire d’une personnalité politique:  » Responsable mais, pas coupable… » . La justice nationale et extra-nationale dans le cas, doit  » EN AVAL  » de toute action se prononcer sur les responsables de ce désastre indubitable. Les italiens n’ont qu’à aller déboiser chez eux. Notre patrimoine culturel, cultuel, environnemental doit être préservé pour les générations futures. Un dicton dit que  » La terre nous est prêtée par nos enfants « . Nous avons le devoir de la leur restituer en l’état de celui où nous l’avons trouvée.
    L’Europe, le monde (O.N.U et autres organes) doivent statuer sur ce qui s’apparente à de la piraterie environnementale.