Des dindes moins dodues sur les tables britanniques à Noël, Covid oblige

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L'élevage de dindes de Mark Chilcott à Owermoigne, près de Dorchester dans le sud de l'Angleterre, le 14 octobre 2020. © AFP GLYN KIRK

Owermoigne (Royaume-Uni) (AFP) – Sous les rayons d’un soleil d’automne, les dindes de Mark Chilcott qui se disputent des morceaux de pommes ont plutôt l’air de belles bêtes. Elles sont pourtant plus petites que les années précédentes car taillées pour les tablées plus réduites d’un Noël sous Covid.

L’éleveur bio de 58 ans privilégie la qualité à la quantité sur son exploitation de 180 hectares du Dorset (sud-ouest de l’Angleterre), où il élève aussi des vaches de race blanc bleu belge, et fait pousser des cultures de base.

Au printemps, quand la pandémie s’est installée, il a anticipé les restrictions sur le nombre de personnes qui pourraient se réunir en intérieur d’ici à la fin de l’année.

Il a ainsi sélectionné en avril des dindonneaux de la race « bronze », préférant les femelles aux mâles plus imposants, et a réduit leur nombre à 1.200 têtes, contre 1.500 l’année précédente.

Les dindes atteignent cinq à six kilos, la moitié du poids des mâles et un tiers des énormes bêtes qui se vendent dans les supermarchés.

Selon l’éleveur, c’est largement bien assez pour des convives sous le régime de « la règle de six » fixant la limite du nombre de personnes qui peuvent se rassembler en Angleterre.

En outre, les familles dans certaines régions ne peuvent plus accueillir d’invités, des restrictions qui pourraient se prolonger jusqu’à Noël.

« Si on manque de petits gabarits, le gens devront avoir du blanc ou des demi-dindes », explique l’agriculteur à l’AFP, après avoir jeté des fruits à son troupeau de plumes noires, pour varier leur habituel régime de céréales. « Mais on s’attend à les vendre facilement cette année. La demande est vraiment bonne, et côté ventes, on est en avance par rapport à l’année dernière. »

D’autres n’ont pas misé sur la bonne dinde, espérant un assouplissement des restrictions pour les fêtes, et risquent de se retrouver avec des volailles surdimensionnées sur les bras.

Hormones et javel

Richard Griffiths, le directeur général du British Poultry Council, qui représente les volaillers, leur a conseillé d’abattre et congeler leurs bêtes plus tôt, avant qu’elles n’aient atteint leur pleine maturité.

Nombre d’éleveurs ont déjà effectué la transition face à des consommateurs qui se détournent des grosses dindes surgelées pour de plus petites, élevées en plein air, ou optent pour de l’oie, plus traditionnelle, selon l’organisme.

Mais soucieux de voir les ventes de neuf millions de dindes de l’an dernier se maintenir, M. Griffiths délivre ce conseil : « Si les gens ne peuvent pas se réunir en nombre, ça peut valoir le coup de prendre ce qui est disponible – même de plus grosses bêtes – plutôt que de tout louper ».

Les exploitants peuvent faire de leur mieux pour s’adapter, mais on ne peut pas tout résoudre en pleine pandémie.

Les clients de la ferme Chilcott seront privés cette année de la traditionnelle « mince pie » (tarte à la viande) et de leur verre de cidre chaud quand ils viendront chercher leur commande.

A cause des règles de distanciation, ils devront rester dans leur voiture pendant que Mark Chilcott, son épouse ou ses enfants chargeront leur commande dans le coffre.

La famille, dont les parents de Mark qui ont commencé l’exploitation dans les années 1960, travailleront « jusqu’à la dernière minute » pour honorer les commandes avant de s’attabler autour de leur propre dinde rôtie à Noël.

Suivront ensuite quelques jours chargés jusqu’à la prochaine échéance de taille pour le secteur : le 1er janvier, qui pourrait voir le Royaume-Uni lever les voiles du marché européen sans s’être accordé sur un accord de libre-échange avec l’Union européenne.

Certains agriculteurs britanniques sont ravis de quitter la politique agricole commune de l’UE, qu’ils jugent désastreuse d’un point de vue environnemental et truquée au profit de leurs concurrents européens.

Mais selon Richard Griffiths, le secteur s’inquiète des conséquences d’un « no-deal » sur les livraisons d’œufs, de poussins et de volailles fraîches.

Pour Mark Chilcott, la possibilité d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis fait planer la menace d’une concurrence plus dure s’il doit rivaliser avec des volailles américaines gonflées aux hormones et lavées au chlore. Mais pour l’instant, il est ravi que son choix des petites dindes porte ses fruits.

©AFP

2 commentaires

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    • Michel CERF

    Encore des traditions ….

    • Méryl Pinque

    J’aimerais savoir pourquoi Good Planet est à ce point gangrenée par le lobby de l’élevage/esclavage au point d’écrire des articles sur le sujet, alors que son président sait pertinemment qu’un animal n’est pas une chose et que la consommation de produits animaux est l’une des causes majeures, sinon la première, du réchauffement climatique.

    Tout simplement honteux.