Betterave et néonicotinoïdes : faute de solution « plus d’industrie sucrière », plaide Pompili

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Une feuille de betterave touchée par le virus de la jaunisse, le 4 août 2020 à Oye-Plage, dans le Pas-de-Calais © AFP/Archives DENIS CHARLET

Biarritz (AFP) – Ré-autoriser un insecticide interdit pour préserver la betterave à sucre, menacée par le virus de la jaunisse, a été « une décision difficile à prendre », mais à défaut de solution d’ici six mois, « il n’y aura plus de filière sucrière en France », a averti mercredi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.

« La loi n’est pas encore passée, je suis très attentive à toute proposition pour qu’on puisse éviter cela », a assuré la ministre devant la presse à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), lors d’une visite dédiée au lancement d’une charte nationale pour les plages sans déchets plastiques.

« Malheureusement, aujourd’hui on ne peut pas, si on veut garder une filière sucrière en France, agir de manière durable en si peu de temps », a-t-elle souligné. « Des semis vont être faits dans six mois, si on n’a pas trouvé de solution, ils ne se feront pas et donc il n’y aura pas de betteraves et il n’y aura plus de filière sucrière en France ».

Le gouvernement a annoncé jeudi qu’il vise une modification législative à l’automne pour autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021 et jusqu’en 2023 maximum, sous « conditions strictes », des semences de betteraves enrobées d’un insecticide interdit depuis 2018, afin de « pérenniser » la filière sucrière française, malgré l’opposition des apiculteurs et défenseurs de l’environnement.

« Les solutions pour qu’on n’ait plus à utiliser de néonicotinoïdes commencent à apparaître, mais ce sont des solutions qui prennent du temps », selon Mme Pompili. Elle a dit « regretter amèrement » qu' »il n’y ait pas eu assez de mesures claires » pour appliquer la loi biodiversité de 2016 interdisant les néonicotinoïdes, qui s’attaquent au système nerveux des insectes, dont les abeilles.

« Comme il n’y a pas eu assez de recherches, assez d’alternatives, aujourd’hui on est dans le mur », a-t-elle expliqué. « Moi je veux bien qu’on dise : ‘on ferme les sucreries de France, pourquoi pas’ ? Le choix qui a été fait, c’est de les garder ces sucreries. Pour qu’on ait des betteraves, il faut qu’on en plante ».

Elle a assuré que la décision de déroger à l’usage de certains insecticides est « très restrictive, on ne parle que des betteraves, si on a un hiver doux, on parle de limitation dans le temps, c’est à dire qu’on parle d’une fois, renouvelable deux fois, mais je peux vous dire que ce sera le plus difficilement possible ». « Je ne veux pas que quiconque puisse croire que ce n’est pas dangereux », a-t-elle assuré.

Selon le ministère de l’Agriculture, il y avait urgence à agir sur la jaunisse de la betterave pour sauver le secteur qui en France, premier producteur de sucre européen, concerne 46.000 emplois.

© AFP

6 commentaires

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    • Rozé

    Madame Pompili se moque de nous ! Cela fait des années que l’industrie du sucre est bazardée par les actionnaires et l’Etat incompétent. On utilise plus la canne à sucre pour enrichir les actionnaires de Guadeloupe que la betterave à sucre française. De plus Béguin, notre industrie sucrière locale a été vendue et revendue en dernier à un italien si je ne me trompe ! Alors la question de fond, la vraie, celle qu’il faut se poser: qui va acheter et traiter la betterave à sucre ? Ne va t elle pas se retrouver dans l’alimentation des vaches ou des cochons ?

    • Jean Grossmann

    Je suis plutôt partisan de sucrer son café avec du miel

    • Herlideau

    Et qui a pensé aux apiculteurs, et qui pense aux arbres fruitiers? Et qui penses aux champs de fleurs pour la parfumerie? Et qui pense à l agriculture bio ? Bref pour une betterave sauvée qui donne du sucre blanc le plus dangereux pour la santé publique, présent partout partout . Des tonnes de fruits non récoltés, des tonnes de légumes car n oublions pas sans abeilles , plus de nourriture
    Notre nouvelle ministre n a pas les épaules face aux lobbies agro-alimentaire à outrance
    Mieux vaut une économie tout de suite aux sacrifices de nos vies . Merci à notre gouvernement
    Demain on pleura nos morts,

    • Nicolas B

    la source du probleme est l’agriculture intensive : des champs de bettrave a perte de vue …. les maladies se propagent a toute vitesse.
    il est temps de revenir a une agriculture diversifiée … pourquoi pas écologique.

    • Michel CERF

    Vous avez raison Mr. Grossmann , tout le monde devrait savoir que le sucre est le pire des poisons , qu’il est la cause de la plupart des maladies graves comme le cancer , le diabète , l’artériosclérose en se transforment en graisse ect.

    • Méryl Pinque

    A Barbara Pompili, ma question : comment pouvez-vous encore vous regarder le matin dans une glace ?