Une pluie d’optimisme pour des éleveurs australiens à bout

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Les moutons de l'exploitation de l'agriculteur Kevin Tongue à Tamworth, dans le Sud-Est de l'Australie le 4 mai 2020. © AFP PETER PARKS

Tamworth (Australie) (AFP) – Il y a eu cette sécheresse interminable, ces feux de forêts dévastateurs, puis le coronavirus… Mais Kevin Tongue veut croire que la pluie qui a finalement fait lever l’herbe dans ses pâtures annonce des jours meilleurs pour lui comme pour tous les éleveurs du Sud-Est de l’Australie.

« Ce qu’on a surmonté en un an… », lâche-t-il incrédule en regardant ses agneaux brouter des pousses bien vertes dans un de ses champs.

« C’était désertique », montre-t-il. « C’est juste extraordinaire, comment la terre a répondu à ces pluies. »

L’Est de l’Australie a connu ces dernières années l’une de ses pires sécheresses, ce qui a contraint de nombreux agriculteurs à mettre la clé sous la porte.

Mais dans les environs de Tamworth, une localité à cinq heures de route de Sydney, de récentes pluies et des prévisions de précipitations encore plus abondantes pourraient suffire à assurer la pérennité du secteur agricole, et ce malgré l’arrivée d’une nouvelle calamité, l’épidémie de coronavirus.

« On ne veut pas non plus s’enflammer », relativise Kevin Tongue. « Les moissons sont encore loin et Mère Nature peut tout bouleverser très vite. »

Pourtant, c’est la première fois depuis longtemps que les agriculteurs affichent un peu de confiance. D’autant que les experts de Rabobank Australia s’attendent aussi à une bonne année pour le secteur agricole malgré les incertitudes économiques mondiales. Très tourné vers les exportations, il devrait en effet bénéficier de la faiblesse relative du dollar australien.

Les agriculteurs comme M. Tongue ont vécu une véritable série noire avec en plus de la sécheresse, des feux de forêt catastrophiques et des inondations.

« C’est un enchaînement sans précédent dans les campagnes, qui a plombé en particulier les producteurs agricoles », explique John Warlters, directeur général de l’organisation Rural Aid.

Beaucoup d’agriculteurs ont besoin de foin pour le bétail, de ravaitaillement en eau ou encore d’une aide financière, détaille-t-il. Mais il leur faut aussi un soutien psychologique.

« La pluie ne fera pas disparaître ce besoin d’être aidé psychologiquement. Pas plus que la fin des restrictions liées au Covid-19. »

Bien sûr, la résilience de certains éleveurs a été renforcée par les cours du boeuf et de l’agneau qui se sont maintenus, explique le maire de Tamworth, Col Murray. Ce qui s’explique en partie par la baisse des cheptels.

« La sécheresse a été extraordinaire et ses impacts se ressentiront pendant des années, mais l’optimisme ambiant est assez étonnant », dit-il. « Il fait du bien. »

Le Premier ministre australien Scott Morrison s’est félicité cette semaine des signaux laissant présager une fin de la sécheresse, tout en déplorant l’impact du coronavirus.

« Les restaurants et les cafés sont fermés, donc ils n’achètent plus aux producteurs locaux », a-t-il dit.

Mais Kevin Tongue, lui, estime que l’épidémie n’a pas bouleversé tant que ça sa vie quotidienne.

Dans un pays aussi vaste que l’Australie, l’isolement est un mode de vie pour des paysans qui pratiquent au quotidien la distanciation sociale, sans que des restrictions aient à être imposées.

« Cette pandémie n’a en fait pas eu d’impact sur l’agriculture », dit-il. « Nous n’avons jamais cessé de travailler. »

Environ 70% de la production agricole australienne est exportée et la grande majorité de la nourriture consommée localement est produite dans le pays.

S’il y a bien une chose que les consommateurs ne doivent pas redouter, c’est une pénurie, assure M. Tongue.

« C’est bien que l’on puisse aider la population. Tout le monde doit manger, vous savez. Il y aura toujours de la demande pour nos produits. »

© AFP

3 commentaires

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    • Michel CERF

    Des jours meilleurs pour les éleveurs mais pas pour les brebis …

    • Méryl Pinque

    Alors là, vous faites fort !
    Relayer les plaintes des éleveurs (ici australiens) quant au climat alors qu’on sait pertinemment que c’est précisément la consommation de viande et l’élevage qui est la cause n° 1 du dérèglement climatique, vraiment, il faut oser le faire !
    Prônez plutôt le véganisme… Interviewez des végans… Êtes-vous « écolos » ou pas ?

    • Méryl Pinque

    A Michel Cerf : comme vous dites.
    Mais les animaux nonhumains, leurs droits fondamentaux inaliénables en vertu de leur sentience, le devoir de respect que nous avons envers eux (qui commence par le fait de ne pas les manger), tout comme le véganisme, base de toute éthique environnementale, semblent totalement ignorés par la rédaction de Good Planet.
    Et c’est effrayant, en plus d’être triste.