Guadeloupe et Martinique : la colère monte contre les pesticides

Interdit en France métropolitaine depuis 2009, l’épandage aérien de pesticides et de fongicides est autorisé par arrêté préfectoral en Guadeloupe et en Martinique. Selon France Antilles, près de 350 personnes se sont rassemblées dans les rues de Pointe-à-Pitre ce samedi pour protester contre cette décision, en réponse à l’appel lancé par de nombreuses organisations syndicales, dont Lutte ouvrière.

Dans les années 1990, déjà, l’épandage de produits toxiques avait fait grand bruit sur ces deux îles. Entre 1972 et 1993, un pesticide extrêmement nocif pour la santé, le chlordécone, avait été utilisé pour lutter contre le charançon du bananier, note Mongabay. Et Actu Environnement de faire remarquer que près de 14 500 hectares de terres sont désormais contaminées en Martinique et 6 500 en Guadeloupe. Selon certaines estimations, le chlordécone pourrait rester dans les terres pendant plus de 700 ans.

Ce pesticide a pollué les ruisseaux, les rivières, les lacs et le littoral des deux îles. Depuis 2010, la pêche dans la zone des 500 m est interdite. Selon France-Antilles, près de 25% des criques, poissons et langoustes pêchés au large de l’île sont désormais non conformes à la législation en vigueur en matière de pesticides.

La contamination par le chlordécone serait à l’origine d’une crise sanitaire : le nombre de cancer de la prostate et de certains troubles psychomoteurs pourrait être lié à l’épandage au chlordécone (le sujet reste polémique et manque de preuves scientifiques) : leur prévalence a fortement augmenté sur les deux îles au cours des dernières décennies.

Mais c’est maintenant une crise financière qui s’annonce, note Le Monde. Plus de 25% du chiffre d’affaire des pêcheurs martiniquais et guadeloupéens repose sur la pêche à la langouste. Les pêcheurs craignent que la zone interdite soit étendue à la ligne des 900 m -ce qui menacerait leur activité – et demandent à ce que les épandages aériens soient interdits. En décembre 2012, une aide économique avait été négociée entre les pêcheurs et l’état français. Selon Actu Environnement, les deux millions d’euro négocier n’ont toujours pas été versés.

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