Le Chemin Sauvage ou randonner à travers l’hyper-ruralité

chemin sauvage

du Chemin Sauvage, un trek de 4.600 km à travers la France © AFP Fred TANNEAU

Saint-Brieuc (AFP) – Au port du Légué, à Saint-Brieuc, une borne en granit marque depuis l’an dernier le km 0 du Chemin Sauvage, un trek de 4.600 km à travers la France, porté par une association qui promeut la randonnée dans l’hyper-ruralité.

« La moitié des 734 communes traversées par le Chemin Sauvage compte moins de 440 habitants », explique Michel Vignal, secrétaire de l’association basée à Saint-Brieuc.

Sur de tels chemins, « tout est surprise », s’étonne encore Jean-Paul Le Duault, président de l’association, lors d’un échange téléphonique peu avant son arrivée à Charleville-Mézières (Ardennes), après trois mois de randonnée en solitaire depuis Toulouse.

« Je ne sais pas où je vais manger, où je vais dormir. Je suis autonome au maximum mais je suis à l’affût de n’importe quelle petite épicerie ou boulangerie », observe-t-il, car l’idée est aussi d’aider ces commerces délaissés.

« On n’a jamais taillé dans la lande, on emprunte uniquement des chemins existants », insiste aussi le marcheur. Mais, pour définir les différents parcours retenus, « on a fait de la couture » en privilégiant « les chemins peu fréquentés (…) toujours au plus loin des grosses agglomérations », souligne celui qui est l’un des initiateurs de ce projet librement inspiré du Pacific Crest Trail (PCT), un trek à l’ouest des Etats-Unis qui chemine de la frontière mexicaine à la frontière canadienne sur 4.260 km dans des milieux préservés.

A travers une quarantaine de départements, de la Bretagne aux Pyrénées puis en remontant vers les Ardennes en passant par le Massif central, le parcours est découpé en une vingtaine de tronçons, de 150 à 300 km, soit de cinq à quinze jours de marche selon les capacités de chacun.

Chaque tronçon fait l’objet d’un fichier GPX -un format permettant de sauvegarder et de suivre un itinéraire en temps réel- vendu cinq euros sur le site de l’association, répertoriée par la Fédération française de la randonnée pédestre(FFR).

« Respect impératif de la nature »

En attendant l’application en préparation, chaque fichier -dont les premiers en PDF en mai- renseigne entre autres sur « l’itinéraire, un sens préférentiel de parcours, le kilométrage, les dénivelés positifs et négatifs », indique M. Vignal.

« Nous allons ajouter progressivement les points d’eau et de ravitaillement, les zones wifi, etc… », complète-t-il. Au programme quelle que soit l’étape, « respect impératif de la nature, hébergement en bivouac et autonomie maximale ».

Selon Mohamed Hilal, chercheur à l’Inrae, « l’hyper-ruralité concerne 250 bassins de vie ». Elle se caractérise notamment par « un faible nombre d’habitants (5,4 % des Français sur un quart de l’Hexagone), de faible ressources financières ainsi qu’un manque de commerces et de services », développe le chercheur interrogé par l’AFP.

Sur le Chemin Sauvage, « parfois, on ne croise personne et, d’autres jours, on fait des rencontres toujours éphémères mais magnifiques », assure Jean-Paul Le Duault, en illustrant d’exemples « ces liens presque naturels » qui se créent dans ces terres à l’écart du monde.

Camille Hagen, 30 ans, a marché seule pendant près d’un an à raison de 25/30 km par jour, de Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) jusqu’aux Ardennes. « Mon but ? Faire la +diagonale du vide+, la même philosophie que le Chemin Sauvage, pendant une année de transition ».

« Les gens rencontrés m’ont poussée dans mes réflexions (…) J’ai été très touchée par le dynamisme de personnes qui ont choisi de vivre en milieu rural ». Elle qui était partie pour « ordonner ses pensées, se re-canaliser », évoque aussi ces rencontres « qui s’enchaînent avec une facilité déconcertante ». Et l’architecte-paysagiste de formation voit désormais son avenir en milieu rural.

« La nature, c’est passionnant. Il y a de la vie partout (….) Ca fait du bien de sortir de sa zone de confort pour apprécier tout ce qui se donne à nous », commente pour sa part Jean-Paul Le Duault.

Avec le retour du printemps, le Chemin Sauvage propose des « initiations au bivouac » sur plusieurs jours en avril et mai autour de Saint-Brieuc.

© AFP

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